Contrairement à la crise grecque en 2010, les rebondissements et les soubresauts autour du budget français sont peu présents dans le débat politique en Allemagne. Les procédures de l’adoption du budget en France, jugées trop compliquées, intéressent peu la presse, la classe politique ou le grand public outre-Rhin.

« Il y a par contre un grand intérêt pour la crise politique actuelle en France, le changement de gouvernement ou encore l’annonce que Paris devra faire des économies considérables, estime Stefan Seidendorf, le directeur de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg, un centre de recherche spécialisé sur les relations bilatérales. À Berlin, on ressent beaucoup de compassion pour la France, mais aussi une grande inquiétude. L’Allemagne n’est plus dans la posture de la donneuse de leçons, comme du temps de l’ancien ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, avec la Grèce, lors de la crise de 2010. À la différence de la Grèce à l’époque, la crise budgétaire française n’est pas liée à une mauvaise gestion. »

En difficulté aussi avec son budget

Le changement d’attitude est aussi lié aux propres difficultés des Allemands avec leur budget. L’Allemagne a elle-même dû vivre une bonne partie de l’année 2025 sans budget. La loi de finances pour l’année en cours n’a finalement été adoptée qu’au mois de septembre, après des mois de crise au sein de la coalition d’Olaf Scholz, en 2024, une dissolution, des élections anticipées en février et finalement l’arrivée au pouvoir du conservateur Friedrich Merz en mai. À ce jour, Berlin n’a pas non plus adopté son budget 2026. Il n’y a donc pas de quoi jeter la pierre à Paris.

Même retenue allemande sur la question de l’endettement. Dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine, Berlin a aussi tourné le dos à l’orthodoxie budgétaire, pourtant inscrite dans la Constitution, multipliant les plans d’investissement hors budget et financés à crédit, pour la modernisation de la défense ou pour relancer l’économie. « La principale différence entre la France et l’Allemagne est que Paris n’a pas réussi à réduire son endettement lié à la crise sanitaire, rappelle Stefan Seidendorf. L’Allemagne avait réussi à réduire sa dette avant le Covid. »