Par
Adrien Filoche
Publié le
10 nov. 2025 à 7h02
Un vent de changement ? Deux ans après Caen, la région Normandie a lancé le 13 octobre 2025 la procédure d’ouverture à la concurrence des trains de l’étoile ferroviaire de Rouen. Autrement dit, l’opérateur historique SNCF pourrait ne plus être l’exploitant des trains circulant à Rouen d’ici les prochaines années. À Caen, par exemple, c’est l’entreprise RATPdev qui a été retenue par la Région. « Sur les critères de la grille de notation des offres, soit RATPDev était à égalité, soit mieux notée que la SNCF », souligne Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de la Région Normandie en charge des transports. Mais alors, à quoi s’attendre pour les trains rouennais ? Et qu’est-ce qui pourrait changer pour les usagers ?
Le futur exploitant choisi en 2029
Concrètement, comment cela va se dérouler ? L’entreprise qui exploitera les trains sur l’étoile de Rouen sera choisie au terme d’un appel d’offres. Le choix sera validé en décembre 2027 par la Région, tandis que l’exploitation débutera dès 2029 pour une durée de 10 ans.
Nous allons ouvrir l’appel à candidature à Rouen. Nous connaîtrons dans quelques semaines les entreprises qui feront acte de candidatures. Ensuite, ces candidatures seront analysées, puis nous retiendrons les candidats. Entre-temps, il y aura une présentation d’un cahier des charges où nous communiquerons aux entreprises nos attentes en matière d’offres et de qualité de service. Il nous reste du chemin.
Jean-Baptiste Gastinne
vice-président de la Région Normandie en charge des transports
L’exploitant retenu par la région aura alors en charge l’étoile de Rouen, qui comprend les lignes Rouen-Le Havre ; Rouen-Dieppe ; Rouen-Amiens ; Yvetot-Elbeuf ; Paris-Dieppe ; Fécamp-Le Havre.
À noter que pour la ligne Paris-Rouen-Le Havre, sans doute la plus importante du réseau rouennais, un autre appel d’offres sera lancé séparément par la Région, avec un calendrier un peu différent. « Pour cette ligne, l’ouverture à la concurrence et le choix de la candidature auront lieu en 2029. L’attribution sera faite en 2031 », précise Jean-Baptiste Gastinne.
Pour la ligne Paris-Rouen-Le Havre, il y a les sujets de saturations qui complexifient l’exploitation. On voulait terminer par celui-là pour acquérir le maximum d’expérience et trouver la meilleure solution.
Jean-Baptiste Gastinne
vice-président de la Région Normandie en charge des transports
Ainsi, on pourrait se retrouver avec deux exploitants différents sur les lignes de l’étoile de Rouen et sur la ligne Paris-Rouen-Le Havre. Tout est possible.
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Quels changements pour les trains à Rouen ?
Pourquoi cette mise en concurrence ? « Ce n’est pas comme si on avait le choix. C’est une obligation européenne et nationale. Toutes les Régions devront ouvrir à la concurrence, au plus tard en 2033 », répond Jean-Baptiste Gastinne.
Concernant le choix du futur exploitant, « cela peut être autant des entreprises françaises qu’européennes. Tout dépendra de la candidature et de ce que nous retiendrons », note-t-il.
Sur le processus de sélection, l’élu explique que la Région suivra le même que celui de Caen. « Il y a plusieurs critères de sélection, allant du coût pour la Région, de la qualité des services (les moyens pour préparer les trains, les entretenir, les réparer, les nettoyer), l’accompagnement des voyageurs à bord du train, les moyens pour se préparer à exploiter ces lignes », explique-t-il. L’idée de cette concurrence étant de retenir la meilleure offre possible.
Tandis qu’à Caen, le futur exploitant a promis une augmentation de 50 % du nombre de trains circulant, ce ne sera pas possible à Rouen. « Nous sommes limités par la configuration de la gare de Rouen Rive Droite. Une telle hausse du nombre des trains ne sera pas possible tant que nous n’aurons pas une nouvelle gare », analyse Jean-Baptiste Gastinne. On comprendra donc que la hausse du nombre de trains à Rouen, ce n’est pas pour tout de suite.
À propos du futur exploitant, il détaille simplement que ce dernier « aura à sa disposition le même matériel, il aura la même infrastructure qu’aujourd’hui ».
Enfin, concernant le prix des futurs billets, « c’est un exercice totalement indépendant de la mise en concurrence, souligne Jean-Baptiste Gastinne. La politique tarifaire et l’appel d’offres, ce sont des choses très distinctes. Il n’y a pas de lien. La politique tarifaire est révisée tous les ans. On regarde l’inflation, les hausses de coût de l’électricité, etc. »
L’inquiétude des syndicats
La mise en concurrence de l’étoile de Caen, puis de celle de Rouen, a généré un vent d’inquiétudes du côté des cheminots, pour la plupart fortement attachés à l’enseigne historique qu’est la SNCF.
Pour Laetitia Le Grand, du syndicat Sud Rail Normandie, « c’est l’incertitude dans la tête des agents. On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Ça a été un coup dur pour l’étoile de Caen et ça ne présage rien de bon pour l’étoile de Rouen ». La contrôleuse l’assure, « on ne veut pas de la concurrence, on veut garder l’enseigne historique. Quoi qu’il arrive, on va être attentif sur les garanties sociales ».
Au sujet de ces craintes, Jean-Baptiste Gastinne reconnaît qu’il y a « des interrogations et des inquiétudes qui sont parfaitement légitimes. On le savait, les cheminots sont très attachés à la SNCF ».
S’il ne peut pour le moment par se prononcer sur le futur exploitant à Rouen, pas encore désigné par la Région, le vice-président rappelle que pour Caen, « il est prévu qu’il y ait un transfert possible d’une partie du personnel (entre 300 et 400 salariés) vers le nouvel exploitant, conformément à la réglementation nationale ». Suffisant pour rassurer les agents ?
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