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Par Olivier d’Auzon
Le pari dangereux de Paris
Paris, une fois encore, se veut à l’avant-garde d’une Europe hésitante. Selon le renseignement extérieur russe (SVR), la France préparerait le déploiement de près de 2 000 soldats en Ukraine centrale. Le cœur de cette force ne serait autre que des légionnaires d’origine latino-américaine, actuellement en entraînement intensif en Pologne.
L’objectif affiché ? Donner corps, dès l’année prochaine, à ces fameuses « garanties de sécurité » que le chef d’état-major Pierre Schill a récemment évoquées. Mais à Moscou, l’avertissement de Vladimir Poutine est sans équivoque : toute troupe étrangère foulant le sol ukrainien deviendra une cible légitime.
Un jeu d’ombres et de signaux faibles
Déjà, à l’automne dernier, le SVR affirmait que des militaires français et britanniques s’étaient discrètement installés à Odessa. Aucune confirmation n’avait suivi, ni à Londres ni à Paris. Ce silence convenu avait tout d’un calcul d’« escalade maîtrisée » : ne pas reconnaître pour éviter d’avoir à riposter.
Mais deux mille hommes, eux, ne se dissimulent pas. Une telle force conventionnelle changerait l’échelle du jeu, transformant un secret d’alcôve stratégique en un acte ouvert de projection militaire.
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Macron, la tentation de l’audace
Emmanuel Macron n’en est pas à son premier flirt avec le feu ukrainien. Dès février 2024, il avait évoqué, dans un élan gaullien, la possibilité d’envoyer des troupes françaises sur le front. À l’époque, ses alliés de l’OTAN, plus prudents, avaient freiné des quatre fers : personne ne voulait offrir à l’Histoire le déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale.
Mais les temps changent. L’arrivée de Pete Hegseth, nouveau secrétaire américain à la Défense a rebattu les cartes : Washington a précisé que l’Article 5 ne s’appliquerait pas aux soldats occidentaux engagés en Ukraine. Autrement dit, les volontaires iraient à leurs risques et périls.
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Le tandem Trump–Poutine, entre menace et marchandage
Depuis lors, un étrange ballet diplomatique s’est mis en place. À Anchorage, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont parlé. Les rumeurs d’un accord implicite — ou d’un chantage réciproque — ont aussitôt enflé. Trump, selon l’analyse d’Andrew Korybko, chercherait à « escalader pour mieux désescalader » : pousser Moscou à la table des négociations en lui faisant entrevoir un pire encore.
La Russie, constitutionnellement, ne peut céder un pouce des territoires qu’elle contrôle. Mais pourrait-elle, un jour, tolérer la présence encadrée de troupes occidentales en Ukraine, dans une sorte de compromis bancal ? Rien n’est impossible dans le théâtre imprévisible de la géopolitique contemporaine.
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L’Europe entre bravoure et imprudence
Si le scénario français se confirme, il placerait Poutine devant un dilemme existentiel : négocier avec Trump pour contenir l’escalade, ou frapper ces troupes dès leur déploiement, au risque d’un engrenage irréversible.
L’Europe, elle, regarde son miroir avec inquiétude. La France veut incarner la fermeté, mais risque de devenir le premier domino d’une confrontation directe. Les États-Unis, eux, pourraient y voir un levier utile — une manière d’observer jusqu’où Moscou est prêt à aller, sans s’impliquer officiellement.
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La stratégie du bord du gouffre
À mesure que les signaux s’accumulent — la préparation des légionnaires, les propos du général Schill, le mutisme calculé de Washington —, une conclusion s’impose : l’intervention occidentale, longtemps impensable, devient peu à peu un fait accompli.
Mais comme souvent dans les affaires du monde, la ligne entre bravoure et imprudence est mince. En 1914, on avait cru à une guerre courte ; en 1956, à une expédition « limitée ». L’Histoire, hélas, ne connaît pas les guerres limitées.
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Sous les ors de l’Élysée, Emmanuel Macron s’interroge sans doute : la France doit-elle être la première à tester les nerfs de l’ours russe ? Ou simplement rappeler à l’Europe qu’elle n’a pas vocation à l’impuissance ? Dans le grand échiquier ukrainien, chaque pion déplacé porte le risque d’une déflagration. Et l’on se prend à penser, avec un frisson, que ce n’est peut-être plus de diplomatie qu’il s’agit, mais de destin.
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