Posted On 10 novembre 2025
Passer entre les gouttes pour ne pas être confrontée à l’hypocrisie de sa démarche : telle est la stratégie de Laurence Ruffin (Verts), la candidate de Piolle qui a complètement disparu des radars depuis son lancement de campagne calamiteux. Il s’agit de se faire oublier au maximum car son storytelling a déjà explosé en vol, définitivement enterré par les révélations sur l’activité de son ex entreprise, Alma. Si en latin « Alma mater » est la mère nourricière, la figure qui protège, c’est tout l’inverse avec Laurence Ruffin.
L’analyse de Grenoble Agglo sur la campagne Ruffin
L’HÉRITIÈRE DES VERTS, SOLDAT DE L’INDUSTRIE LOURDE
Car sa candidature à la succession d’Éric Piolle à Grenoble est minée par une contradiction fondamentale. Poussée par les Écologistes, le Parti communiste et l’ADES (le groupuscule de Raymond Avrillier et Vincent Comparat), elle tire la source de son storytelling politique de son passé de PDG de la Scop “ALMA”, un éditeur de logiciels. Ce CV, censé attester une compétence managériale éthique, se révèle être en réalité son talon d’Achille : pendant quinze ans, Ruffin a dirigé une entreprise qui fabrique des logiciels pour les secteurs les plus polluants de la planète.
LA LISTE NOIRE DES CLIENTS : AVIONS PRIVÉS, MINES ET ARMEMENT
Le Postillon a révélé qui sont les entreprises qui utilisent les logiciels d’Alma : « les constructeurs de machines-outils et de robots, la construction métallique, les chaudronniers industriels, les constructeurs d’avions, le BTP, les fabricants de matériel agricole ou d’équipements minier ou les constructeurs de matériel de transports routier et ferroviaire qui peuvent être civils et militaires ». Mais également « les chantiers navals et les plateformes offshore ». On retrouve par exemple comme client Gulfstream Aerospace Corp., constructeur américain d’avions privés. Et le bilan-carbone, Marie-Chantal ?
Grenoble Mag
PENDANT CE TEMPS, LES DISCOURS DES VERTS SUR LA PLANÈTE
Soit la quasi-totalité des secteurs industriels considérés comme particulièrement responsables du réchauffement climatique et attentatoires à l’environnement. Pendant ce temps les élus Verts qui rempilent avec Ruffin discourent en conseil municipal sur « l’activité humaine » dans sa globalité qui serait mauvaise pour la terre. Surtout la leur à priori ! L’hypocrisie est complète et embarrasse jusque dans les rangs de la majorité tant cette activité écorne l’image « verte » qu’attend l’électeur « écolo ».
L’ÉCOLOGIE DE LA COMPROMISSION AVEC LE « CO-OP WASHING »
Point de vue social, le modèle coopératif d’Alma est brandi comme le triomphe de l’économie socio-solidaire, qui garantirait une « gouvernance partagée » et tout faire pour une juste « répartition de valeur ». Il faut préciser que la répartition de valeur se fait entre CSP aisées, puisqu’on retrouve des ingénieurs plutôt que des ouvriers dans cette société. Et surtout, cette présentation flatteuse du modèle vise à masque la nature destructrice du fond : les services fournis. Un « co-op washing », une forme de gestion sociale calibrée pour camoufler la finalité de la production catastrophique pour la planète.
Le Postillon
AIDER LES POLLUEURS EST UN BON BUSINESS POUR L. RUFFIN
Optimiser la production des plus gros pollueurs de la planète est un business qui fonctionne, puisque Alma affiche fièrement un chiffre d’affaires de 12,7 millions d’euros en 2024, un résultat net de 2,4 millions d’euros et 11,6 millions d’euros de réserves accumulées. L’entreprise investit « 22% du chiffre d’affaires en recherche et développement » et surtout revendique poursuivre son développement à l’international : pourquoi arrêter en si bon chemin, tant que la pollution paye aussi bien ?
REMPLACER L’HUMAIN PAR DES LOGICIELS
Au-delà de l’impact environnemental catastrophique il y a aussi un coût social très lourd. Le but des logiciels est « de réduire les coûts humains », selon Le Postillon. La finalité des logiciels d’Alma est de remplacer l’humain dans son travail grâce à l’optimisation des machines-outils et de la robotique. Rappelons que le parti communiste soutient Ruffin : le Grand Soir des travailleurs n’est pas près d’arriver en contribuant à les supprimer par pure logique productiviste…
LA CONTRADICTION DE LA RAMPE DE LANCEMENT DE RUFFIN
Voilà ce dont Laurence Ruffin a voulu se servir comme rampe de lancement électoral. Une stratégie très limite que d’utiliser son entreprise ainsi au service d’un projet politique. Et surtout, une faille majeure : comment peut-on prôner la transition écologique alors que sa carrière est bâtie sur l’optimisation de l’industrialisation polluante ? Le pari fait sur la naïveté des électeurs est risqué : ils ont déjà eu le précédent Piolle qui sert de leçon.
Piolle Ruffin, même rengaine, même postures.. mais ça ne prend plus
APRÈS PIOLLE QUI « LAVE » LA FINANCE MAIS EN PROFITE…
Celui-si se présentait comme le pourfendeur du capitalisme par excellence. Il se mettait en scène arrosant les vitrines d’une agence BNP Paribas pour « laver la finance ». Après son élection, on découvrira qu’il est actionnaire d’une société spécialiste de « l’optimisation » fiscale où son épouse est cadre. Dans le cas de Laurence Ruffin, le storytelling et les postures n’auront même pas survécu à quelques semaines de campagne.
FAIBLE AVEC LES FORTS, FORTS AVEC LES FAIBLES
Laurence Ruffin incarne l’archétype de l’écologie de la cosmétique, celle qui accepte de travailler avec et pour un système qu’elle prétend combattre, parce que c’est ce qu’attendent ses électeurs. Une imposture verte qui enrichit l’industrie lourde tout en prêchant la sobriété aux autres, dont toute activité serait par nature destructrice. Se soumettre aux plus gros pollueurs tout en fustigeant le petit travailleur qui prend sa voiture dans la ZFE…
PASSER SOUS LES RADARS POUR ESPÉRER ÊTRE ÉLUE
Cette incohérence majeure dans le storytelling qu’elle a laborieusement tenté de dérouler explique la discrétion de Ruffin dans la campagne. Elle entend se faire discrète pour ne pas prêter le flanc aux critiques, liées à son activité ou à son statut d’héritière des 12 ans de Piolle, et tout miser sur une sociologique politique à Grenoble qui serait un peu plus favorable aux Verts qu’aux autres. Mais sans impulser de dynamique de campagne, le train Ruffin risque bien de rester à quai en mars prochain.
