Par
Brian Le Goff
Publié le
10 nov. 2025 à 11h00
Du simple loueur de chambres à son domicile à patron d’une entreprise qui génère 16 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2025, Antoine Serrurier n’aura mis que 13 ans. Avec deux associés, Roman Ohier et Antoine Pinsard, il a fondé il y a pile 10 ans Cocoonr, l’un des leaders français de la location courte durée basé à Rennes.
Actu : Vous êtes à l’origine de Cocoonr. Comment vous est venue l’idée de créer cette entreprise ?
Antoine Serrurier : En 2011, je travaille pour une marketplace de services à domicile à Rennes avec les autres cofondateurs de Cocoonr et, en 2012, il y a l’arrivée d’Airbnb dans la capitale bretonne. Je suis le 17ᵉ hébergeur de la ville à m’inscrire sur la plateforme. On est encore loin de ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
De fil en aiguille, j’ai trouvé ça sympa. J’ai accueilli des personnes pour une nuit, comme pour quelques semaines, voire mois. J’ai poursuivi en mettant à la location deux logements rénovés dans le centre-ville, que nous avons imaginé avec ma femme comme des cocons, d’où le nom Cocoonr.
À cette époque, je gérais ça sur mon temps libre. Petit à petit, il y a d’autres propriétaires et des proches qui m’ont proposé de gérer leur(s) locations(s). J’ai d’abord refusé quelques mois.
Puis, en novembre 2014, Airbnb organise un grand rassemblement d’hébergeurs aux États-Unis auquel j’assiste. C’est là où je me suis rendu compte de l’écosystème qui était en train de se mettre en place et que j’ai eu l’idée de fonder Cocoonr.
J’ai alors proposé à Roman Ohier et Antoine Pinsard de se lancer dans cette aventure. On s’est laissé jusqu’à l’été 2015 pour affiner le projet. Il a fallu recréer des logiciels pour gérer les locations et faire une sélection de logements en privilégiant d’abord la qualité des équipements.
On a commencé avec cinq logements, deux qui m’appartenaient, et trois à des clients. Fin 2016, on en comptait une trentaine.
C’est quoi aujourd’hui Cocoonr ?
PDG de Cocoonr : Aujourd’hui, nous comptons environ 5 000 logements et nous avons atteint notre millionième voyageur en 2025. Sur ces dernières années, on fait 25 à 30 % de croissance annuelle. Nous travaillons pour des propriétaires qui souhaitent mettre leurs biens en location de courte ou moyenne durée et nous offrons au plus grand nombre un choix de logements bien sélectionnés.
Nous avons 150 collaborateurs, à la fois au sein de notre nouveau siège, ici à Rennes, et dans une vingtaine d’agences partout en France.
À 99 %, nous gérons des meublés de tourisme. En moyenne, les locataires passent 5 à 6 nuits dans un logement. Dans la formule de gestion complète, le locataire ne peut pas rentrer en contact avec le propriétaire. Nous sommes le seul interlocuteur.
Les logements que nous gérons sont aussi référencés sur Airbnb, Booking et Abritel par exemple. Nous captons 20 à 25 % de locataires directement via notre site.
Quel est votre business model ? Quel type de biens gérez-vous ?
PDG de Cocoonr : En 2025, nous faisons 16 millions d’euros de chiffre d’affaires sur un volume de réservations de 75 millions d’euros. Nous prenons en fait une commission sur les réservations. Cette commission dépend de la typologie du bien et des services que nous assurons. Mais, en moyenne, elle est de l’ordre de 25 à 30 % sur le montant de la réservation.
On a des biens très différents en fonction du territoire. À Rennes, on va avoir des appartements et quelques maisons, alors qu’au Pays basque, nous avons 95 % de notre parc sur place qui est composé de maisons de grand standing.
On choisit des biens plutôt haut de gamme et nous avons même des biens dits « de collection », qui représentent 10 % de notre parc.
Vous cherchez encore à vous développer ?
PDG de Cocoonr : Le marché est déjà assez saturé en centre-ville. Il y a beaucoup d’afflux et donc beaucoup de réglementations qui s’est mise en place. On se positionne sur une offre de vacances ou de week-end, comme en outre-mer. Nous voudrions investir davantage la côte Atlantique, notamment entre La Baule et La Rochelle.
Nous avons aussi l’objectif d’être présent pour les Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes. Nous avons fait l’acquisition de deux agences de gestion de résidence bien établies là-bas en ce sens, à Annecy et au Grand-Bornand.
La Covid a été un accélérateur de la tendance chez les visiteurs à avoir recours au logement indépendant. La location saisonnière est même passée devant le camping, en termes de nuitées réservées.
Comment sélectionnez-vous les logements que vous proposez ?
PDG de Cocoonr : Il faut savoir que l’on refuse 90 % de ce qui se présente. On regarde d’abord la réglementation locale et de la copropriété quand c’est le cas. Ensuite, on regarde les équipements et leur qualité (literie, cuisine, douche, sanitaire, etc.), les travaux effectués, la facilité de la gestion. Ce que l’on veut, c’est que les clients se disent : « C’est encore mieux que chez moi. » À la montagne, on va vérifier qu’il y ait les appareils à raclette et à fondue dans un état irréprochable par exemple.
Pour cela, nous nous appuyons sur la vingtaine d’agences en France, chargées d’aller vérifier les biens, d’organiser la gestion des plannings et des nombreux partenaires pour assurer la conciergerie des logements afin qu’ils soient toujours disponibles.
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Comment se comportent les locataires au moment de réserver ?
PDG de Cocoonr : 50 % des réservations ont lieu dans les 30 jours précédant le séjour. C’est ce que l’on appelle la « booking window » et cette dernière a tendance à se raccourcir année après année, car les gens se décident de plus en plus tard, parfois, à la dernière minute.
Dans le cas contraire, on voit que, pour les séjours au ski, les réservations sont généralement faites six mois avant, voire dès la fin du séjour pour l’année suivante.
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