Publié le
10 nov. 2025 à 11h39
C’est inédit et c’est un spectacle exceptionnel : ce mardi 11 novembre 2025, en soirée, l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie accueille Dionysos Robot à l’Opéra Comédie : quand la scène coréenne réinvente Dionysos.
Dionysos Robot est une performance inédite du compositeur et directeur artistique coréen Won Il. Entre concert multimédia immersif, rituel chamanique et hommage à Nietzsche, cette œuvre hybride invite le public à une expérience sensorielle et philosophique unique.
Commandé par la Fondation de musique internationale de Tongyeong, Dionysos Robot a été créé en 2022 en Corée et réinventé en 2023 sous la forme d’un concert immersif d’une heure. Pour cette représentation à Montpellier, Won Il et son ensemble The 13 Fleeing Souls proposeront une version revisitée de l’œuvre, alliant musique live, installations visuelles et créations multimédias.
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Présenté pour la première fois en France, dans le cadre du Touring K-Arts, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen et soutenu par le Ministère coréen de la Culture, des Sports et du Tourisme et la Kofice, ce spectacle s’inscrit dans la volonté de faire dialoguer cultures et esthétiques au cœur de la scène internationale.
Vidéos : en ce moment sur ActuQuatre questions à Won Il, le directeur artistique et musical
Métropolitain : vous mêlez sinawi traditionnel, musique électronique et instruments occidentaux dans Dionysos Robot. Quelle était votre intention artistique derrière ce dialogue entre tradition et modernité ?
Won Il : Cette œuvre est une performance rituelle contemporaine visant à éveiller l’esprit de Dionysos. J’ai voulu créer un dialogue entre la tradition et la modernité, car les sons anciens seuls ne résonnent plus de la même manière dans notre société actuelle. Le sinawi coréen, fondé sur l’improvisation, est pour moi le style musical le plus humain et le plus moderne, capable d’intégrer à la fois héritage et rupture. En y associant les sons électroniques et les instruments universels comme le violon ou le violoncelle, j’ai cherché à produire une tension créatrice et une syntaxe musicale nouvelle, où se rencontrent l’énergie du carnaval et la noblesse intérieure de l’être humain.
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Pour info : le sinawi est à l’origine une musique improvisée par un petit ensemble instrumental pour accompagner les danses et les chants des chamanes pendant leurs rituels. Avec le temps, beaucoup de ces rituels ont disparu, et le sinawi est devenu une musique de concert. Son contenu musical s’est transformé, mais il conserve cet esprit libre et expressif qui le rend unique. Cette musique se joue avec des instruments traditionnels comme le daegeum (flûte en bambou), le haegeum (vièle à deux cordes), le janggu (tambour en sablier) et le buk (tambour). Les musiciens improvisent ensemble autour d’un thème, créant une ambiance à la fois spontanée et émotive. Le sinawi reste ainsi une musique à la fois traditionnelle, vivante et profondément expressive, capable de transporter ceux qui l’écoutent dans l’univers des anciens rituels chamaniques.
En quoi l’héritage de Paik Nam June a-t-il guidé l’esprit de Dionysos Robot ?
Won Il : Le titre Dionysos Robot rend hommage à Nam June Paik, mais il évoque aussi notre époque, partagée entre liberté et système. Dionysos incarne la fête, la folie et la mort, tandis que le robot symbolise l’obéissance et l’ordre. J’ai toujours admiré l’audace de Paik, sa capacité à fusionner culture, technologie et spiritualité. Il me semble qu’il a vécu la vie la plus sinawi qui soit sur le plan conceptuel, libre et profondément humain.
En tant que directeur artistique et musical, comment avez-vous travaillé avec les autres artistes – vidéaste, danseur, illustrateur – pour créer cette expérience immersive et collective ?
Won Il : Lorsqu’il existe une conviction commune et un lien sincère, la collaboration devient naturelle. Les mots-clés de cette œuvre – voir, entendre, folie, hallucination, mort, renaissance – ont guidé notre création collective. Je crois que l’art n’a pas besoin d’être totalement compris : il doit être vécu, ressenti, partagé. Dans ces moments spirituels, chacun trouve sa propre vérité et la coopération s’impose d’elle-même.
Dionysos Robot est présenté pour la première fois en France à l’Opéra Comédie de Montpellier. Quelle réaction espérez-vous des spectateurs français ? Pourquoi est-il important qu’ils viennent assister à ce spectacle ?
Won Il : Dionysos Robot évoque à la fois un dieu déchiré et un symbole de résurrection. C’est un rituel moderne, un gut (cérémonie chamanique) destiné à l’esprit humain d’aujourd’hui, enfermé dans la logique et la routine. À travers cette œuvre, j’aimerais réveiller la folie sacrée qui sommeille en chacun de nous, offrir un moment de catharsis et encourager chacun à se confronter à lui-même pour renaître à une vie plus libre et consciente.
> Mardi 11 novembre 2025, 19h – Opéra Comédie, Montpellier . Durée 1h sans entracte. Tarif unique : 15€. Billetterie ici
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