Par

Margot Nicodème

Publié le

10 nov. 2025 à 11h54

La grève est suivie à 90% dans le Nord et le Pas-de-Calais, et à 100% dans la métropole de Lille. Tous les cabinets de radiologie, les plateaux techniques des cliniques inclus, sont fermés ce lundi 10 novembre 2025, en raison d’une grève massive des praticiens. À l’échelle des 92 communes, cela représente une centaine de médecins radiologues, unanimement opposés à une « décision unilatérale » prise par la CPAM. À savoir 300 millions d’euros d’économies à réaliser dans le secteur de l’imagerie médicale en France. Des coupes budgétaires qui impacteront nécessairement la qualité de la prise en charge des patients, pour Thibaut Jacques, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) du Nord.

100% des cabinets de radiologie de la métropole de Lille sont fermés ce lundi 10 novembre

La radiologie dans la métropole est « assurée par des groupes de médecins indépendants », clarifie Thibaut Jacques, à la manière de PME. Ce sont « trois grosses sociétés dans la MEL », au sein desquels « on emploie nos manipulateurs, nos secrétaires, on achète nos machines ». C’est ce qui explique la grève absolue, y compris sur les plateaux techniques des cliniques ; seule une astreinte, avec des radiologues réquisitionnés, est conservée dans les services d’urgences.

Tous les rendez-vous programmés ce lundi, toutefois, ont été annulés et reportés « dans les jours, les semaines qui suivent », avec des patients qui ont été prévenus aussi tôt que la semaine dernière. Thibaut Jacques fait la genèse de ces 300 millions d’euros d’économies sur les remboursements de l’imagerie médicale d’ici 2027. « Chaque année, des négociations s’opèrent entre les médecins et la CPAM. Mais en 2025, la Sécu a obtenu un pouvoir de décision unilatérale. »

Résultat, les tarifs du secteur, « figés depuis 20 ans », vont baisser – de 13% en moyenne, sur les deux prochaines années – alors que les prix des machines acquises par les radiologues, eux, « ont doublé ». La hausse des coûts s’observe aussi en matière de personnels et d’énergie. Ces charges potentiellement écrasantes à l’avenir, le radiologue lillois craint qu’elles entrainent une dégradation de la qualité des soins.

« On prendra un IRM de moins bonne qualité, parce que moins cher »

« On prendra un IRM [dont le coût peut atteindre le million d’euros, ndlr] de moins bonne qualité, parce que moins cher, et on travaillera moins vite, dans de moins bonnes conditions », envisage à regret Thibaut Jacques. Une régression insensée, alors que les machines dernier cri permettent de diagnostiquer plus précisément, et, dans bien des cas, « d’arrêter l’errance médicale », poursuit le médecin.

Il déplore le discours qui lie la gronde des radiologues à une supposée baisse de leur rémunération : la part du forfait qui sera amputée aidait à payer les coûts de fonctionnement des cabinets, plutôt que les médecins. « On résonne en termes de services rendus aux patients. » 

C’est la première fois, depuis 15 ans, que les cabinets de radiologie lillois ferment simultanément. Si la mesure est maintenue, bientôt, des structures en ville pourraient ne plus être en capacité de maintenir leur activité, conclut Thibaut Jacques.

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