La platine est moderne et paraît fonctionner tout à fait normalement. Mais quand on fait dérouler la liste des noms et qu’on essaie d’appeler après avoir appuyé sur le bouton, rien ne se passe. L’interphone de la résidence située au 8 rue Jean-Jaurès est hors service, et cela fait déjà plus d’un mois que cela dure, mettant les nerfs de résidents à rude épreuve. « Plus d’un mois sans interphone, vous vous rendez compte ? C’est incroyable de voir cela au XXI e siècle », confie une résidente qui souhaite garder l’anonymat. Comme les six autres personnes qui se sont réunies dans un logement pour confier leur détresse. « On n’a pas envie d’avoir de représailles » explique une autre résidente en évoquant cette dame qui s’était plainte par le passé, et dont le bail n’aurait pas été renouvelé.
Une première réparation n’aurait pas tenu
Du coup, les sept personnes que nous rencontrons ce samedi sont un peu sur la défensive. Mais remontées comme des pendules. « La résidence a trois étages et il y a des personnes âgées dans l’immeuble. Vous imaginez si elles doivent descendre des étages pour aller ouvrir… Et les colis qui ne peuvent pas être réceptionnés car le livreur sonne dans le vide. Et si les pompiers doivent intervenir, ils font comment pour entrer, ils cassent la porte ? Ce n’est pas une vie… », lâche une autre résidente sous le regard approbateur des autres locataires.
Malgré des appels aux bailleurs (Immobilière 3F et Foncia), les travaux se font toujours attendre… « Au bout du fil, ils disent qu’ils nous comprennent mais arrêtez de nous comprendre et faites quelque chose ! » s’emporte une autre résidente, « c’est une dinguerie ».
Contactée il y a quelques jours, Immobilière 3F Grand Est indique qu’un technicien est déjà venu le 29 octobre dernier. « Mais la réparation n’a pas tenu, précise au bout du fil une chargée de communication. On a planifié une nouvelle intervention pour changer complètement la platine. Cela se fera sous dix jours. »
« Cela ne ressemble plus à une résidence »
De quoi apaiser la colère des résidents ? Pas certain… Car les locataires de cette résidence, construite dans les années 1990, ont bien d’autres sujets de mécontentement depuis plusieurs années entre les poubelles qui débordent à ciel ouvert (un local fermé a depuis été mis en place), la disparition d’extincteurs au sous-sol, les pannes d’ascenseur ou encore un sentiment d’insécurité alors que des jeunes n’habitant pas dans l’immeuble se retrouvent régulièrement dans la résidence… « Ils passent par la porte de la cave et vont fumer dans les sous-sols… » indique une autre résidente. « Je n’ose même plus aller descendre mes poubelles, appuie une autre. On a peur de tout. »
« Cela ne ressemble plus à une résidence, car une résidence, il y a un certain standing » résume une autre…
Pour certains locataires, la situation est même devenue intenable. « Je cherche un appartement ailleurs », confie l’une d’entre elles. « Moi aussi, je regarde pour déménager l’année prochaine », enchaîne une autre. « C’est terrible d’en arriver là d’autant que ce sont des personnes que j’aime bien. »
Assise à ses côtés, une autre femme prend la parole. « J’ai vécu dans cette résidence mais je suis partie, confie-t-elle. Pourquoi ? À cause de tout cela. » Ce « tout cela » qui mine la vie des locataires de cette résidence.