Le Royaume-Uni a accepté d’apporter un soutien militaire à la Belgique après que le pays a connu plusieurs jours d’intrusions de drones dans son espace aérien, a déclaré le chef d’état-major britannique de la Défense le 9 novembre.Le maréchal de l’air Sir Richard Knighton a confié à la BBC qu’il s’était entretenu avec son homologue belge, lequel avait sollicité l’appui du Royaume-Uni.

« Le ministre de la Défense [John Healey] et moi-même avons convenu, à la fin de la semaine dernière, que nous déploierions nos équipes et nos équipements en Belgique pour lui venir en aide », a expliqué M. Knighton.

Le ministère britannique de la Défense a précisé sur X que John Healey avait décidé d’envoyer une « unité spécialisée de lutte anti-drones ».

« En coopération avec nos alliés de l’OTAN, nous sommes prêts à contrer les menaces hybrides et à sécuriser le ciel », a affirmé le ministère.

Le ministre belge de la Défense, Theo Francken, a déclaré sur X le 9 novembre, être « reconnaissant envers nos amis britanniques pour leur réactivité et leur solidarité ».

« Le déploiement d’une équipe britannique anti-drones en Belgique renforce notre sécurité collective et témoigne de notre unité face aux menaces hybrides », a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni emboîte ainsi le pas à la France et à l’Allemagne pour soutenir la Belgique.

Le 7 novembre, M. Francken rappelait sur X que l’envoi d’une équipe anti-drones par la France « renforce notre sécurité collective et illustre l’unité européenne face aux menaces hybrides ».La veille, la délégation allemande auprès de l’OTAN annonçait sur X avoir déployé des unités avancées de la Luftwaffe en Belgique, afin de coordonner la détection et la défense contre les drones avec leurs homologues belges.Multiplication des observations de dronesÀ deux occasions distinctes la semaine dernière, les aéroports de Liège-Bierset et de Bruxelles ont été fermés, les vols annulés, en raison de la présence de drones.

Des drones ont également été repérés au-dessus de deux bases militaires belges, Kleine-Brogel et Florennes, le 4 novembre. Ces évènements survenaient un jour après des observations similaires au-dessus de Kleine‑Brogel, qui abrite des armes nucléaires américaines.

M. Francken a confié après la première observation à Kleine-Brogel que les drones pourraient être utilisés dans le cadre d’une opération d’espionnage, tout en refusant d’accuser un groupe ou un acteur étatique précis (source).Les intrusions en Belgique font suite à des évènements similaires survenus ces derniers mois dans des pays européens comme la Suède, le Danemark, et la Pologne.

Certains responsables européens imputent ces incursions à la Russie, bien que Moscou nie toute implication.

M. Knighton n’a pas voulu attribuer les survols de drones à la Russie lorsqu’il lui a été suggéré que leur origine pouvait être russe.

« Il est important de préciser que ni nous ni les Belges ne connaissons à ce jour la provenance de ces drones », a‑t‑il indiqué à la BBC.

Menaces croissantes

M. Knighton s’est référé à la Strategic Defence Review du Royaume-Uni, une évaluation des capacités actuelles de défense et de sécurité du pays, indiquant que « notre avenir, comme notre présent, est plus instable, plus incertain, et les menaces envers l’alliance et le Royaume-Uni sont en croissance ».

« C’est pourquoi nous devons moderniser nos moyens. C’est pourquoi il nous faut garantir notre capacité à mener des combats, et cela explique l’engagement du gouvernement d’investir des montants jamais atteints en matière de défense dans les prochaines années, bien plus que ce que j’ai connu au cours de ma carrière », a-t-il précisé.

Plus tôt dans l’année, la quasi-totalité des membres de l’OTAN ont convenu d’augmenter les dépenses de défense à 5 % du produit intérieur brut d’ici à 2035.

La volonté des alliés de l’OTAN d’accroître les dépenses militaires et la collaboration accrue entre les partenaires européens dans le domaine anti-drones s’inscrivent dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne, qui entre dans sa quatrième année.

Projets européens de défenseLe mois dernier, la Commission européenne a déclaré que l’Europe doit se préparer à faire face à de nouvelles formes de conflits, tels que le sabotage de câbles sous-marins, les cyberattaques et les incursions de drones.Le 16 octobre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen présentait des propositions majeures pour quatre nouveaux projets de défense, dont la création d’un mur anti-drones et le renforcement de la frontière orientale de l’Europe, dans l’objectif de renforcer la défense européenne à l’horizon 2030.

Des experts estiment que la réactivité de l’UE face aux menaces pourrait transformer les modalités de protection de l’espace aérien au sein du continent et consolider son rôle dans la structure de l’OTAN.

Bartosz Grodecki et Maciej Romanow, analystes de l’Institut Sobieski (Pologne), ont récemment affirmé à Epoch Times que les nouveaux plans de Bruxelles démontrent « que l’Europe n’attend plus passivement le soutien des États-Unis, mais investit activement dans sa défense ».

« La crédibilité de l’Europe est ainsi renforcée aux yeux de Washington et un engagement sincère en faveur du partage des charges est démontré », ont-ils souligné.

Cette évolution « fait passer l’Europe du statut de bénéficiaire de sécurité à celui de fournisseur », ajoutent‑ils.

« Pour les États-Unis, cela implique un partenariat plus équilibré, dans lequel les alliés européens assument une part du coût financier et technologique. »