C’est un repère aussi fiable que les jours qui raccourcissent. Les calendriers de l’Avent Kinder et les pyramides de rochers Ferrero emmaillotés de papier doré ont pris bonne place dans les supermarchés. Nous sommes en novembre. Au Leclerc de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en ce dimanche matin, la clientèle passe encore devant les piles de boîtes de chocolats de Noël sans trop s’y arrêter. « Il n’y a pas de Lindor, note une jeune femme. Ce sont les préférés de mon mari, mais j’irai les acheter près de chez moi. »

Il devrait être difficile, voire impossible, de trouver les bonbons cacaotés de la marque Lindt, tout comme leurs classiques boîtes de Pyrénéens dans les rayons des supermarchés Leclerc. Selon le journal Sud Ouest, l’enseigne et le fabricant suisse ne sont pas parvenus à trouver un accord sur les conditions de vente des chocolats de Noël Lindt (NDLR : contrairement à ce que laissait penser la notification accompagnant cet article, seuls les chocolats de Noël Lindt sont concernés, et non les autres produits de la même marque). En conséquence, le leader de la grande distribution en France ne propose pas les assortiments de fête Lindor, Champs-Élysées ou Pyrénéens, que les adeptes glissent volontiers sous le sapin. Du moins pour l’instant.

Les cours du cacao ont flambé en 2024

On ne sait pas si les discussions sont définitivement terminées entre Leclerc et Lindt. D’un côté comme de l’autre, on se refuse à tout commentaire, sans confirmer ni infirmer l’absence des produits en rayons. Le journal Sud Ouest cite toutefois le directeur de la seule usine française de Lindt, à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), qui fabrique précisément les boîtes de Noël de la marque et dont la saison de production a, dit-il, été écourtée de deux mois. Il évoque aussi un écrit de la marque, qui précise que les négociations « se sont déroulées dans un contexte de hausse importante des cours mondiaux du cacao ».

La production de cacao a en effet connu une flambée inédite des prix, conséquence de conditions climatiques défavorables impactant les récoltes sur le continent africain. Entre janvier 2023 et janvier 2024, les cours du cacao avaient grimpé de 180 %, atteignant un plafond tournant autour de 11 000 euros la tonne. Une décrue s’est amorcée depuis, sans toutefois retrouver les seuils antérieurs à 2024. Or, les fabricants indiquent que l’impact sur les prix du chocolat est toujours différé dans le temps, certains producteurs ayant parfois acheté leur matière première à un moment où le prix était au plus fort.

L’enseigne Leclerc a déjà, par le passé, fait disparaître de ses rayons certains produits, faute d’un accord tarifaire. En 2023, elle avait ainsi retiré de la vente les boissons du groupe Pernod Ricard, à la suite d’un différend commercial.

D’autres acteurs du secteur ont aussi eu recours parfois au déréférencement, une arme pour faire pression sur un fournisseur… quitte à voir les clients aller s’approvisionner ailleurs. Début 2024, le groupe Carrefour avait engagé le bras de fer avec le géant américain PepsiCo en ne proposant plus ses chips et boissons (Lay’s, Pepsi, 7Up…), là encore pour protester contre les prix jugés trop élevés.