Et si vos maux de tête venaient en fait de votre mâchoire ? Jusqu’à 30 % des adultes seraient en effet touchés par le dysfonctionnement cranio-mandibulaire (DCM), d’après une méta-analyse de l’université de médecine de Lublin (Pologne) ayant porté sur 74 études, rapporte Die Welt. Or, ces problèmes à l’articulation temporo-mandibulaire, le petit pivot qui relie le crâne à la mâchoire inférieure, peuvent causer de nombreux symptômes. Parmi eux, on retrouve la sensation de vertige causée par les mouvements latéraux ou un martèlement au niveau des tempes.

Une articulation sursollicitée

Or ces manifestations peuvent facilement être confondues avec une migraine. Ces dysfonctionnements peuvent par ailleurs causer un sifflement dans les oreilles, une sensation de boule dans la gorge ou encore des douleurs pouvant aller du visage jusqu’au dos. Si autant de maux sont liés à cette petite articulation, c’est qu’elle joue un rôle central pour mâcher et avaler, mais aussi pour parler, respirer ou exprimer des émotions.

Ralf Bürgers du Centre de médecine dentaire, buccale et maxillo-faciale de l’Université de médecine de Göttingen (Allemagne), a d’ailleurs expliqué la forte proportion d’adultes touchés dans la méta-analyse par « la complexité anatomique et fonctionnelle particulière des articulations temporo-mandibulaires ». Ces dernières sont soumises à des contraintes permanentes. Cette jonction osseuse est aussi pleinement impliquée dans le bruxisme, une contraction involontaire des mâchoires liée au stress et à l’anxiété.

Un diagnostic rarement direct

La grande variété des symptômes causés par le dysfonctionnement cranio-mandibulaire explique aussi pourquoi il demeure difficile à diagnostiquer, note Slate. Les patients doivent souvent passer par une phase d’errance avant d’aller voir leur dentiste ou de réaliser une consultation interdisciplinaire spécialisée dans le DCM. À noter d’ailleurs que les femmes seraient environ deux fois plus touchées que les hommes par ce problème, en particulier avant la ménopause.

En cas de diagnostic ou de suspicion de DCM, plusieurs solutions sont susceptibles d’apaiser les douleurs, voire les faire disparaître. S’il est lié au bruxisme, en prendre conscience suffit généralement à faire disparaître ces contractions, d’après la dentiste Ingrid Peroz. Dormir sur le dos et décroiser les jambes quand on est assis aiderait également, pour le dentiste Hamdi Kent. Le jour, les chewing-gums sont à éviter. La nuit, la gouttière nocturne peut aider. Enfin, un suivi chez un kinésithérapeute ou un orthophoniste peut contribuer à réduire les contraintes sur l’articulation. En dernier recours, une chirurgie peut être réalisée.