En ce jour de commémoration de l’armistice de 1918, le service public propose avec ce docufiction inédit de remonter aux origines de Charles de Gaulle. Cette œuvre hybride réalisée par le documentariste Frédéric Brunnquell met en scène une tranche de vie du futur poids lourd de l’histoire de France, incarné par le comédien Eliott Margueron.
Sans les moyens humains ni le budget d’une série prestigieuse, cette production raconte l’élève de Saint-Cyr et le soldat investi dans la Première Guerre mondiale. Habilement, le réalisateur complète les passages qu’il met en scène avec des photos d’époque et des archives filmées issues des actualités Pathé et Gaumont, recolorisées et sonorisées.
Les vues des chambrées et des réfectoires, les entraînements, les marches des soldats, les champs de bataille, les tranchées… toute l’iconographie renforce la véracité des propos que le jeune lieutenant de Gaulle rapporte dans les courriers à sa famille, qui rythment le docufiction.
La survie dans les tranchées
Jeune homme bien éduqué, musicien, citant aisément Péguy ou Rostand, impatient d’en découdre, le lieutenant de Gaulle n’a que 23 ans en 1914 lorsqu’il est à la tête du 33e régiment d’infanterie, lui permettant enfin de « défendre son pays, la plus noble des tâches ». L’enthousiasme sera de courte durée, car il est blessé par balle à la jambe alors que son régiment rejoint le front à pied. À l’hôpital, il fulmine d’être immobilisé et retourne au plus vite au combat, sans attendre d’être correctement rétabli.
En constante observation, il prend des notes et les partage régulièrement à sa famille : « Une guerre pareille, qui dépasse en portée et en acharnement tout ce que l’Europe a jamais vécu, ne se fait pas sans des sacrifices formidables… Il faut vaincre et le vainqueur est celui qui le veut le plus énergiquement », écrit-il à sa mère.
Le film montre la survie dans les tranchées, les soldats dans la boue, les cyclistes messagers et les gradés se restaurant dans la cagna sous terre, ainsi que la rigueur, parfois trop rigide, de l’impatient de Gaulle, qui déplore les pertes humaines et les ordres téléphonés d’un commandement loin du front. Peu de temps après, il sera déclaré mort, ayant disparu avec son bataillon pendant la défense du fort de Douaumont, à Verdun. Ses parents reçoivent sa Légion d’honneur à titre posthume, alors qu’en fait, il est prisonnier des Allemands.
Patriote acharné, « bochophage » comme le décrit un de ses commandants, il n’a de cesse d’imaginer des moyens de s’échapper, et en mille jours de captivité, il arrivera à fausser compagnie à ses geôliers par cinq fois. Repris à chaque tentative d’évasion, il mettra à profit ces deux années et demie d’emprisonnement pour « apprendre de ses échecs » et penser une tactique de guerre. Il développe une vision militaire et politique, éléments fondateurs de son parcours, lui qui estime son expérience de la guerre comme une défaite personnelle.
Cette production qui se suit avec intérêt présente une vision méconnue du futur Général et laisse entrapercevoir un Européen convaincu. Et un homme qui a la France dans la peau.
De Gaulle, le commencement, France 2, mardi 11 novembre, 21 h 10
Oui, on s’en doute : vous en avez assez
Voir ces messages d’appel au don, ça peut être pénible. Nous le savons. Et on doit bien vous avouer que nous préférerions ne pas avoir à les écrire…
Mais voilà : c’est crucial pour l’Humanité. Si ce titre existe toujours aujourd’hui, c’est grâce au financement régulier de nos lectrices et lecteurs.
- C’est grâce à votre soutien que nous pouvons exercer notre métier avec passion. Nous ne dépendons ni des intérêts d’un propriétaire milliardaire, ni de pressions politiques : personne ne nous dicte ce que nous devons dire ou taire.
- Votre engagement nous libère aussi de la course aux clics et à l’audience. Plutôt que de chercher à capter l’attention à tout prix, nous choisissons de traiter les sujets que notre rédaction juge essentiels : parce qu’ils méritent d’être lus, compris, partagés. Parce que nous estimons qu’ils vous seront utiles
À l’heure actuelle, moins d’un quart des lectrices et lecteurs qui viennent plus de 3 fois sur le site par semaine nous aident à financer notre travail, par leur abonnement ou par leurs dons. Si vous voulez protéger le journalisme indépendant, s’il vous plaît, rejoignez-les.