Cette magistrate était chargée de l’opération «Trident» menée par l’Office antistupéfiants pour capturer un narcotrafiquant via un conteneur rempli de cocaïne. La police des polices cherche à comprendre comment la drogue s’est évaporée sans qu’aucune personne ne soit interpellée.

C’est une témoin clé du scandale qui met à mal la réputation de l’Office antistupéfiants de Marseille. Elle pourrait prochainement avoir à s’expliquer devant les «bœuf-carottes» de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) en charge de disséquer ce scandale qui entraîne hiérarchies policière et judiciaire dans son sillage.

Comme indiqué au Figaro par des sources concordantes, qui confirment une information de L’Obs, la «police des polices» a investi le tribunal judiciaire de Marseille la semaine dernière pour procéder à la perquisition du bureau de la magistrate Isabelle C., vice-procureur et chef de la section JIRS du parquet à l’époque des faits, était alors en charge de la procédure «Trident». L’opération d’envergure visait à capturer le narcotrafiquant Mohamed Djeha via une «livraison surveillée» de plus de 360 kilos de cocaïne dans les Bouches-du-Rhône.


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Encadrée par la JIRS de Marseille avec l’appui de l’Ofast de Nanterre, la procédure avait finalement tourné au fiasco. La drogue, arrivée de Colombie par la mer sur le port de Marseille en mars 2023 avec la complaisance de la DEA américaine, s’était évaporée moins d’un mois plus tard sans qu’aucune personne ne soit interpellée. «Mimo» et son clan avaient levé les voiles quelques jours après l’arrivée du conteneur contaminé, «contraignant» les enquêteurs de l’Ofast de Marseille à trouver en urgence plusieurs «acheteurs» de substitution afin d’écouler la marchandise, le tout «en dehors de tout contrôle hiérarchique».

Trois policiers et deux commissaires mis en examen

De forts soupçons de corruption visant le groupe d’enquêteurs chargé du dossier ont ensuite émergé, ce qui a motivé la hiérarchie de l’Ofast de Marseille à signaler les faits à l’autorité judiciaire. Saisie au début de l’année 2024, l’IGPN a auditionné plusieurs protagonistes de cette affaire tentaculaire qui inclue des policiers, des cadres et des «indics» de la PJ marseillaise.

Deux enquêteurs ont déjà été mis en examen et placés en détention provisoire début avril dernier par la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du parquet de Paris, notamment pour des faits d’«importation et de trafic de stupéfiants en bande organisée, de blanchiment, d’association de malfaiteurs, de faux en écriture publique et d’atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image et des paroles d’une personne».

Au mois de juin, un capitaine de police a également été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. L’ex-patronne de l’antenne marseillaise de l’Ofast et son adjoint ont eux été placés en garde à vue puis mis en examen des chefs de «complicité de faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique», «complicité d’atteinte à l’intimité de la vie privée par captation, enregistrement ou transmission de l’image et des paroles d’une personne» et «révélation d’information sur une enquête ou une instruction», mais pas pour des faits d’importation de stupéfiants en bande organisée ou de corruption.

L’enquête de l’IGPN se poursuit et éclabousse désormais l’autorité judiciaire marseillaise. Les enquêteurs cherchent notamment à comprendre pourquoi sa magistrate, chevronnée, n’a pas ordonné la clôture des investigations plus tôt. Contacté par Le Figaro, le parquet de Marseille n’a pas souhaité commenter cette perquisition.