Posted On 11 novembre 2025
Romain Gentil (apparenté PS, puis Place Publique) passe la deuxième pour les élections municipales. Mais le candidat qui occupe le créneau du PS et est crédité de 9% dans le dernier sondage (en 2020, le socialiste Olivier Noblecourt faisait 11%) est affaiblie par une violente division dans sa propre équipe, des révélations sur son activité professionnelle contradictoire avec son discours public et des propositions éthérées, sans aucun financement.
LE MÊME STORYTELLING QUE PIOLLE/RUFFIN…
Il a récemment pris un local de campagne, dans lequel il a donné une interview à Eve Moulinier du Dauphiné Libéré. Il confirme son statut d’hybride entre Eric Piolle et Laurence Ruffin (Verts), qui tente d’occuper un créneau de gauche dans leur sillage tout en passant entre les gouttes sur les sujets clivants pour espérer séduire un électorat plus large. Comme les deux, il nous fait le désormais bien usé storytelling du cadre d’entreprise qui se lance en politique …
Romain Gentil (élu avec le groupe socialiste puis Place Publique)
… DÉJÀ MIS À MAL LUI AUSSI
Sauf que comme Piolle et ses actions à Singapour, comme Ruffin et l’activité de son entreprise au service des plus gros pollueurs, l’histoire de Romain Gentil a déjà été démontée par le Postillon. Il est à la tête de Wizbii, une entreprise qui compte 130 salariés, qui a levé 17 millions d’euros et qui refuse de révéler son chiffre d’affaires et son résultat, pendant que le candidat parle de « transparence » à longueur d’interventions.
ROMAIN GENTIL UTILISE LES JEUNES COMME VACHES À LAIT
Mais surtout, c’est le modèle économique de la société qui a de quoi interroger. L’objectif revendiqué de la boite est d’aider les étudiants et les jeunes à percevoir les différentes aides de toute sorte auxquelles ils peuvent prétendre. Au départ, l’entreprise se rémunérait en prélevant un % énormissime des aides totales mais face à la bronca soulevée par Médiapart, le système a changé et Wizbii est maintenant partenaire de banques en ligne chez qui le jeune doit obligatoirement ouvrir un compte pour « dépouiller l’état » (selon la comm’ que fait l’entreprise pour appâter les clients sur les réseaux sociaux !).
Romain Gentil étrillé par Le Postillon
DR ROMAIN CANDIDAT MORALISATEUR / MISTER GENTIL PATRON CYNIQUE
Le patron Romain Gentil qui se gave cyniquement sur le dos d’étudiants est donc assez éloigné du Romain Gentil candidat petites fleurs qui parle à Eve Moulinier « d’aventure humaine », qui critique chez les autres des « décisions anti-sociales », qui n’est jamais le dernier à donner des leçons d’éthique. Pascal Clouaire (ex adjoint Piolliste) et tout une partie du « camp de base citoyen » (groupe qui était associée au groupe FACES pour construire le collectif « Grenoble Capitale Citoyenne » dont Romain Gentil est désormais candidat) ont d’ailleurs violemment rompu avec Romain Gentil en pointant ses contradictions alors que « GCC » reposait à l’origine sur le duo Gentil/Clouaire.
« UN TRADER PLUTÔT QU’UN MILITANT » ET PRÊT À SE VENDRE À LFI ?
Avec Gilles Escala (aussi du « camp de base »), ils n’y vont pas de main morte sur le personnage suite aux révélations sur son activité : « ça parle de l’éthique de la personne. Nous qui l’avons côtoyé, on n’est pas surpris. On avait l’impression d’avoir face à nous un golden boy, un trader, plutôt qu’un militant issu de la société civile » (Place Gre’net). Ils lui reprochent aussi d’avoir mis le collectif censé être citoyen au service d’un parti politique (Place Publique), tout en relevant le manque de clarté de Gentil vis-à-vis d’une éventuelle alliance avec La France Insoumise.
PLACE PUBLIQUE GRENOBLE SE LAISSE LA POSSIBILITÉ DE FINIR AVEC LFI
Alors que Raphaël Glucksmann, le président de Place Publique qui fait son beurre politique sur le refus de toute alliance avec LFI, doit venir en meeting dans les prochains jours à Grenoble soutenir Romain Gentil, ce dernier refuse de trancher : « nous, on refuse aujourd’hui, alors que les élections municipales auront lieu en mars 2026, de spéculer sur d’éventuelles alliances du second tour. Les “jamais” en politique, c’est toujours risqué ».
En juin dernier, Romain Gentil aux côtés de Raphaël Glucksmann. Que pense ce dernier du flou qu’entretient son candidat grenoblois à propos de LFI ?
Les militants de Gentil ont beau se contorsionner sur les réseaux pour tenter de faire croire que leur positionnement est clair alors que rien ne l’est, celui-ci n’a toujours pas eu d’expression pour clarifier et refuser nettement une alliance avec LFI. On retrouve un candidat aussi cynique que le patron, qui profite d’un parti national mais se laisse une porte au niveau local pour se vendre au second tour si besoin.
L’ÈRE DU VIDE ET DE LA DÉPENSE PLEIN POT
L’autre caractéristique de Romain Gentil, qui transpire à travers ses premières propositions, c’est qu’à l’instar de la candidate verte Laurence Ruffin il tente de passer entre les gouttes en étant sur des idées généralistes, convenues, mais aussi purement théoriques et fantasmées car elle entraineraient des dépenses que nous ne pouvons nous permettre.
Il propose ainsi de créer un centre de santé par secteur (comme si la ville exsangue avait les moyens de ces dizaines / centaines de millions), la gratuité de la cantine (coût : 4,5 à 7 millions par an), une « halle alimentaire au cœur du centre-ville » (pourquoi dépenser encore alors qu’il y a les Halles Sainte-Claire ?), des « concierges de rue » (payés par la collectivité ?)…
FINANCES : « PAS DU TOUT OPPOSÉ À LA HAUSSE D’IMPÔTS »
Les finances, justement ? « Il y a eu un dérapage complet » estime-t-il à juste titre, sauf qu’il ne propose absolument rien pour faire des économies, pour changer de trajectoire… mais précise qu’il n’est « pas du tout opposé à la hausse des impôts ». C’est assez honnête de sa part car en l’absence du plan d’économies qu’Alain Carignon est le seul à mettre sur la table, Romain Gentil (et les autres candidats) n’auront que l’impôt pour, avant même de financer leurs propositions, simplement garder la ville à flot.
La trajectoire financière de la ville : dette et dépenses de fonctionnement malgré la hausse d’impôts. Romain Gentil n’a rien à proposer pour l’endiguer
SÉCURITÉ : ROMAIN GENTIL FAIT L’AUTRUCHE
Sur la sécurité ? « Nous proposons la création de 80 postes supplémentaires de médiateurs et de policiers. Je précise que, contrairement à ce que dit Alain Carignon, la police municipale est déjà armée, mais pas d’armes létales ». Soit l’éternelle rengaine laxiste, déconnectée des Verts/LFi alors qu’on voit bien que les « médiateurs » sans moyen de coercition et les policiers municipaux avec un pauvre taser ne peuvent rivaliser avec des voyous surarmés, et sont obligés de refuser d’intervenir dans des quartiers trop dangereuses pour eux du fait de leur non-armement.
Sa position est d’autant plus ridicule qu’il y a un an, il médiatisait une lettre pour faire parler de lui, expliquant : « plus que jamais la violence gangrène notre quotidien. La lutte contre l’insécurité doit être une priorité de la Ville de Grenoble. Une autre voie, à gauche, est possible ». Son « autre voie » consiste finalement à proposer comme les Verts et LFI ! Mais le candidat Place Publique a au moins le mérite d’avoir identifié clairement le candidat qui propose une vraie politique de sécurité pour Grenoble et sa police municipale…
LES CANDIDATS ATTRAPE-TOUT CONDAMNÉS À ÊTRE DES SUPPLÉTIFS
Romain Gentil est finalement le prototype du candidat « attrape-tout », qui voudrait séduire du centre à LFI en étant sur des postures dites « de gauche » générales pour ne fâcher personne et tenter, par pur calcul politicien, de coller à ce qu’il pense être la sociologie grenobloise. Loin de ce dont Grenoble a besoin, à savoir une rupture franche et assumée, portée par des propositions précises et correspondant à l’état de la ville.
Romain Gentil oublie par ailleurs qu’à essayer de plaire à tout le monde on finit en général par ne convaincre personne. Son score dans le sondage paru fin septembre (9%) confirme d’ailleurs qu’il ne pourra que jouer un rôle de supplétif dans ces élections. Mais de qui ?