En 2025, le marché espagnol du gaz naturel est le théâtre d’une compétition intense entre l’Algérie, fournisseur historique, les États-Unis, nouveau concurrent en forte progression, et le Qatar, acteur stratégique en montée progressive. C’est un indicateur de tendance intéressant pour l’Algérie.
Selon Enagás, gestionnaire du réseau gazier espagnol, l’Algérie a fourni environ 12 040 GWh en juin 2025, soit 43,6 % des importations totales. Ces volumes transitent principalement via le gazoduc Medgaz (environ 7 890 GWh) et le gaz naturel liquéfié (GNL) (environ 4 150 GWh). Sur les neuf premiers mois, l’Algérie détient une part moyenne d’environ 33 %, restant premier fournisseur malgré une dynamique concurrentielle accrue.
Le poids du GNL américain
Les États-Unis, exploitant la souplesse du GNL, ont vu leurs exportations vers l’Espagne croître de +83 % entre 2024 et 2025, passant à environ 76,2 TWh. En août 2025, ils sont devenus premiers fournisseurs pour le mois en Espagne avec 38,1 % des importations contre 36,4 % pour l’Algérie.
Cette évolution s’inscrit dans la stratégie américaine liée à l’accord cadre UE–USA du 27 juillet 2025, qui simplifie l’accès du GNL américain au marché européen en échange d’ajustements tarifaires et d’engagements d’importation.
Malgré cette montée des États-Unis, l’Algérie a regagné la première place en septembre 2025 avec 37,2 % des importations contre 27 % pour les États-Unis, illustrant une compétition à haute intensité et à forts enjeux géopolitiques. L’Algérie se prépare à relever ce défi en consolidant ses capacités avec le partenariat récent de 5,4 milliards de dollars signé avec la société saoudienne Madad North Africa Energy pour développer le permis d’Illizi Sud.
Risque de surcapacité
Le marché mondial du GNL est toutefois marqué par une surcapacité structurelle, mettant sous pression la compétitivité algérienne, d’autant que le marché européen se structure sur une offre plus flexible portée par les États-Unis. Par ailleurs, le Qatar, leader mondial du GNL, reste un acteur stratégique même s’il est moins visible en Espagne en 2025. Qatar Gas prévoit d’augmenter ses livraisons de GNL, avec une hausse prévue de plus de 60 % de sa capacité de production d’ici à 2027. Le Qatar entretient un partenariat solide avec l’Espagne, avec près de 5 milliards € d’investissements, mais fait face à des contraintes d’infrastructures et à une compétitivité prix moins favorable que celle de l’Algérie.
2025 illustre la recomposition énergétique européenne avec une Algérie qui maintient sa position dominante grâce à son infrastructure historique et ses projets ambitieux, des États-Unis qui progressent rapidement grâce à un GNL flexible soutenu par un accord transatlantique, et un Qatar en phase d’expansion stratégique.
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