Octobre rose, tout le monde connaît : c’est la campagne de communication destinée à sensibiliser les femmes au cancer du sein. Novembre bleu est peut-être un peu moins connu et pourtant, il s’agit d’un événement tout aussi important, puisqu’il vise à alerter les hommes sur les cancers de la prostate et du testicule. Une campagne d’autant plus utile que ces tumeurs malignes sont le plus souvent silencieuses.

Olivier Jérôme, le président et fondateur de l’association CerHom (Cer pour la fin du mot cancer et Hom pour le début du mot homme), bataille depuis plus de dix ans pour encourager les hommes à prendre en main leur santé. « Si on caricature un peu, un homme c’est fort et viril et ce n’est pas sensible. Les femmes ont l’habitude de s’occuper de leur santé et de celle des autres. Mais pas les hommes », explique le père de famille, touché par la maladie en 2001.

Aujourd’hui, ce militant engagé ne cesse de le marteler : si on ne cherche pas, on ne trouve pas. Une attitude qui empêche de détecter la maladie – potentiellement mortelle – quand il est encore temps. Les chiffres sont rudes. Le cancer de la prostate, qui touche principalement les hommes de plus de 50 ans, c’est 60 000 nouveaux cas, 9 200 décès par an en France (plus d’un par heure !) et un homme sur cinq touché dans sa vie. Avec le cancer du testicule, plus fréquent chez les hommes de 18 à 35 ans, on parle de 2 800 nouveaux cas par an. D’où l’importance d’un dépistage précoce.

« Pourquoi vous serrer les cordons de la bourse ? Palpez-les ! »

Pour ce Novembre bleu 2025, CerHom va lancer la deuxième édition de « La Prise de la Bourse », mercredi 12 novembre, de 10 heures à 19 heures, place de la Bourse, à Paris. Avec, non sans humour, ce message : « Pourquoi vous serrer les cordons de la bourse ? Palpez-les ! » Pour rappeler que « la Bourse et la Vie » sont des priorités indissociables. Un événement grand public organisé avec le soutien de Movember et de la ville de Paris, pour sensibiliser les hommes à l’autopalpation des testicules.

Une prostate géante sera installée : il s’agit d’une installation ludique et pédagogique pour comprendre l’importance du dépistage précoce, comme les tests PSA (dosage effectué à partir d’une prise de sang) et le toucher rectal. Un espace confidentiel sera mis en place avec des médecins pour répondre aux questions. Sont également prévues une distribution de « kits de palpation », des démonstrations pour apprendre à détecter les anomalies et des activités de bien-être.

Le tout en culture avec une scène ouverte, mélange de stand-up, de talks et de théâtre de rue, pour aborder la santé masculine sans tabou. Une campagne d’affichage sera déployée à partir de ce mardi 11 novembre à la station de métro Bourse, avec ce message de prévention : « Métro BOules DOdo ».

A Emerainville (Seine-et-Marne), Novembre bleu ne passera pas inaperçu non plus, puisque là aussi une prostate géante sera installée sur le parvis de la mairie le samedi 22 novembre. Sans compter que durant tout le mois, une exposition pédagogique consacrée aux cancers masculins est visible dans le hall d’accueil de l’hôtel de ville, illuminé en bleu et orné de nœuds azurés.

Pourquoi un tel engagement dans cette ville de quelque 7 500 habitants, située à l’ouest du département ? « Et pourquoi pas ? », rétorque Alain Kelyor, le maire (DVD) de la commune. En réalité, l’idée trottait depuis plusieurs années dans la tête de cet élu, conscient que les hommes sont peut-être moins soucieux de leur santé que les femmes. « Ce qui m’a réveillé, c’est quand je suis tombé sur la photo d’une prostate géante installée devant un hôpital en Bretagne », reconnaît-il.

Le CCAS (Centre communal d’action sociale) a aussitôt été mobilisé, pour trouver les bons partenariats et faire venir la prostate géante – structure haute de 3,40 m, large de 4,15 m et longue de 5,30 m – qui appartient à l’association française d’urologie. Pour permettre au public de découvrir de manière ludique les mécanismes de la maladie. « Des médecins et des associations seront présentes pour répondre aux questions », annonce Corinne Steiner, responsable du CCAS.