Par

Lucie Fraisse

Publié le

11 nov. 2025 à 14h17

Les Toulousains ne s’en sont peut-être pas rendu compte, aucune restriction stricte de la consommation courante d’eau n’ayant été prise pendant l’été. Pourtant, avant les pluies de ces derniers jours, la Garonne a été à la peine pendant l’été et même jusqu’à la fin du mois d’octobre. Si le niveau de la Garonne commence à remonter ces derniers jours à Toulouse, il est resté très bas jusqu’à très récemment. Fin octobre, on apercevait ainsi encore facilement le fond du cours d’eau, ainsi que des îlots de terre et de cailloux. 
Alors que la campagne de soutien d’étiage s’est terminée à la fin du mois d’octobre, on fait le point sur les lâchers d’eau qui ont été réalisés ces derniers mois.

Des lâchers d’eau jusqu’à fin octobre

« On a commencé les lâchers d’eau très tôt dans la saison et il y a eu un pic au milieu de l’été et on a fait des déstockages d’eau jusqu’au dernier jour d’octobre, souligne Jean-Michel Fabre, président de l’établissement public Garonne. Cette année, on a relâché plus de 40 millions de m3 d’eau. »

Les premiers déstockages d’eau ont eu lieu le 9 juillet : c’est la deuxième année la plus précoce en 30 ans de soutien d’étiage.

Le niveau de la Garonne remonte depuis quelques jours.
Le niveau de la Garonne remonte depuis quelques jours. (©Vigicrues)La moitié de l’eau sous le pont neuf provenait de lâchers d’eau

La canicule du mois d’août a été particulièrement prégnante, comme l’explique Jean-Michel Fabre :

Au pic, pendant cinq jours, on relâchait 20 m³ par seconde : la moitié de l’eau qui passait sous le pont neuf provenait de lâchers d’eau.

Jean-Michel Fabre

De l’eau qui provient d’une réserve située en Ariège, mais aussi du lac d’Oô, où 10 millions de m3 ont été stockés par anticipation, soit deux fois plus que les réserves d’il y a cinq ans.

« On vit le réchauffement climatique »

« Cette année, quand on parle de changement climatique, il n’est pas devant nous, on est en train de le vivre », constate Jean-Michel Fabre. « Et on l’a vécu sans que les citoyens ne s’en rendent compte puisqu’il n’y a pas eu de restrictions de consommations strictes, ni pour les particuliers, ni pour les agriculteurs, ni pour les industries. Mais l’été a quand même été difficile. »

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Entre 3 et 5 millions d’euros

Un été difficile et avec un coût certain. Selon les premières estimations, les déstockages d’eau pourraient coûter « entre 3 et 5 millions d’euros », selon Jean-Michel Fabre. Un coût supporté à 50 % par l’agence de l’eau, à 10 % par les collectivités locales qui longent la Garonne et à 40 % par les consommateurs d’eau potable (agriculteurs et industriels inclus).

D’où l’importance des gestes de sobriété « tout au long de l’année » selon Jean-Michel Fabre, « et pas seulement en été et dans tous les gestes du quotidien. Plus généralement, il faut faire en sorte que l’eau soit stockée là où elle tombe, il faut qu’on ait des sols qui gardent l’eau. Et il faut le faire maintenant, on a dix ans pour agir sur tous les niveaux et avec tous les acteurs. »

Sur le bassin Adour-Garonne, qui couvre une bonne partie du sud-ouest de la France dont Toulouse et la Haute-Garonne, on estime qu’il manquera 1,3 milliard de m3 d’eau en 2050, soit 60 % de ce qui est aujourd’hui prélevé sur le territoire.

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