- L’ancien Premier ministre plaide pour une nouvelle réforme du système des retraites.
- Un « système universel » qui comprendrait la création d’un « fonds de capitalisation à la naissance ».
- Une mesure analogue à celles récemment instaurées aux États-Unis, et prochainement en Allemagne.
Dans le cadre du « fonds de capitalisation à la naissance » proposé par le secrétaire général du parti Renaissance, Gabriel Attal, chaque enfant recevrait à la naissance un versement par l’État de 1.000 euros, sur un « compte de capitalisation ». Si de nombreux pays dans le monde disposent déjà d’un système d’allocations à la naissance, le plus souvent pour encourager la natalité, rares sont les exemples d’une dotation destinée spécifiquement à la retraite du nouveau-né, qui ne commencera que plus de six décennies plus tard.
Aux États-Unis, un dispositif analogue est contenu dans la « big beautiful bill », la loi de Donald Trump votée au printemps dernier, tandis que le gouvernement allemand envisage d’appliquer le sien en réformant son système de retraite en 2026.
Les « Trump accounts »
Le président américain signe en grande pompe le décret d’application du « big beautiful act », le 4 juillet 2025, devant la Maison Blanche – Brendan SMIALOWSKI / POOL / AFP
Les « Trump accounts » (les comptes Trump, en français), ont déjà fait couler beaucoup d’encre outre-Atlantique, lors du vote de la « big beautiful bill » (nouvelle fenêtre) au Congrès en avril dernier, cette « grande et belle loi » de résolution budgétaire qui compile les centaines de mesures au cœur du second mandat du président américain. La somme est proche de celle proposée par Gabriel Attal (nouvelle fenêtre), avec 1.000 dollars versés sur un compte pour chaque nouveau-né qui possède la nationalité américaine (864 euros au taux de change actuel). Elle sera allouée à chaque enfant né de 2025 à 2028 – les premiers versements étant attendus en 2026 – soit les quatre années du second mandat de Donald Trump. Le montant sera le même pour chacun des quelque 3,6 millions d’enfants américains qui naissent chaque année, quels que soient les revenus des parents.
« Qui va dire non à 1.000 dollars ? »
Le dispositif n’était pourtant pas conçu spécifiquement pour la retraite, note le journal américain New York Times (nouvelle fenêtre), mais à former un pécule que le bénéficiaire était même encouragé à dépenser avant l’âge de 30 ans, notamment pour le financement de ses études ou l’acquisition d’un premier bien immobilier. Ce sont les amendements successifs et les négociations au Sénat qui l’ont progressivement fait glisser vers une forme de cotisation retraite, en dissuadant les retraits anticipés par une taxation plus forte – mais sans les interdire cependant.
Les parents et les employeurs peuvent abonder sur ce compte pour un maximum de 5.000 dollars par an. Le bénéficiaire ne peut pas retirer d’argent de ce compte avant d’atteindre l’âge de 18 ans, au-delà duquel il fonctionne comme un plan épargne-retraite classique, avec des possibilités de retrait conditionnelles et imposables, jusqu’à l’âge de 60 ans. Si elle est accordée à tous, l’ouverture d’un « compte Trump » doit cependant faire l’objet d’une demande. Son taux de rémunération reste nettement moins avantageux que ceux des plans d’épargne pour la retraite ou les études déjà existant aux États-Unis, pointent les critiques de la mesure. « Mais qui va dire non à 1.000 dollars ? », prédit une conseillère financière citée par le New York Times.
Le projet du gouvernement allemand
Les retraites sont une priorité du gouvernement allemand du chancelier Friedrich Merz. Comme en France, l’arrivée à la retraite de la génération du baby-boom, à l’âge de 67 ans chez nos voisins, déséquilibre le système. À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, la coalition gouvernementale prévoit de mettre en place un système de versement de 10 euros par mois sur un compte épargne-retraite bloqué, pour chaque enfant âgé de 6 ans et plus scolarisé dans un établissement allemand. Une mesure chiffrée aux environs d’un milliard d’euros par an, pour les plus de 8 millions d’élèves allemands mineurs de plus de 5 ans, ce qui fait grincer quelques dents dans ce pays généralement hostile à la dépense publique. D’autres critiques estiment que les versements devraient commencer à la naissance, et ne pas être indexés sur l’âge scolaire, pour fonctionner à un régime suffisant.
Partir plus tard et économiser pour sa retraite : l’exemple allemandSource : JT 20h Semaine
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Partir plus tard et économiser pour sa retraite : l’exemple allemand
La dotation est un peu plus généreuse que les « comptes Trump » ou la proposition de Gabriel Attal, puisque la somme accumulée à la majorité serait de l’ordre de 1.400 euros. L’ancien Premier ministre français chiffre sa propre mesure à 660 millions d’euros par an, en retenant le chiffre de 660.000 naissances annuelles en France. Mais dans le projet français, comme dans les mesures allemande et américaine, le point faible semble être la somme finale obtenue à l’âge de départ en retraite, qui restera insuffisante à compenser des pensions trop basses.
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En tablant sur un rendement annuel élevé de 6%, ce serait un peu moins de 40.000 euros à l’âge de 67 ans pour un salarié allemand, 70.000 euros s’il a continué toute sa vie à cotiser 10 euros par mois. Dans le cas français, et avec un taux à 4%, ce serait à peine plus de 10.000 euros à l’âge de 60 ans. Les abondements volontaires des bénéficiaires peuvent gonfler cette somme, mais avec un fort écart prévisible entre foyers modestes et aisés.
F.Se

