JONATHAN DE CESARE / AFP
Croquis d’audience de Salah Abdeslam lors du procès des attentats-suicides du 22 mars 2016 devant la Cour d’assises de Brxuelles en avril 2023.
EN BREF • Par la voix de son avocate, Salah Abdeslam a dit vouloir engager une démarche de justice restaurative du 13-Novembre.
• Cette initiative pourrait déboucher sur des rencontres entre le terroriste et des victimes des attentats.
• Père de Lola tuée au Bataclan, Georges Salines s’est dit ouvert à la démarche.
JUSTICE – Une déclaration symbolique, à quelques jours des commémorations des attentats du 13 novembre 2015. Salah Abdeslam, unique survivant des commandos terroristes du 13-Novembre, a exprimé son souhait d’« ouvrir une porte aux parties civiles, si celles-ci le souhaitent » dans une démarche de « justice restaurative », a fait savoir son avocate ce mardi 11 novembre.
Le terroriste de désormais âgé de 36 ans a été condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015. Si sa demande trouve un écho, il pourra rencontrer certaines victimes de ces attentats. Il aimerait alors « expliquer la situation, discuter, (…) évoquer la détention et évoquer ce procès-là », a indiqué son avocate, Me Olivia Ronen sur franceinfo.
L’avocate a rappelé que Salah Abdeslam avait « présenté des excuses aux parties civiles lors de son procès » et ajouté qu’il « essaie d’accéder à l’éducation ». Elle a précisé que cette demande « a aussi été faite par certaines parties civiles », qui souhaitent « pouvoir entrer en contact avec lui ».
« C’est vraiment des principes de justice restaurative où les personnes mises en cause et les personnes qui ont été victimes des infractions arrivent à dépasser quelque chose pour essayer de viser – je sais qu’on en est encore loin – mais viser un apaisement social », a enfin expliqué Me Olivia Ronen.
La justice restaurative, qui émerge depuis une dizaine d’années en France, ne se substitue pas à la justice pénale. Les démarches les plus connues sont des rencontres entre auteurs et victimes d’une même infraction, mais pas de la même affaire. D’autres dispositifs existent, comme la médiation restaurative, qui associe victime et auteur de la même affaire.
« Ça m’intéresse particulièrement de le rencontrer »
Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association Life for Paris, a répondu sur X à Me Ronen que « plusieurs victimes des attentats » s’intéressaient à la justice restaurative, « ce qui pourrait aboutir comme en Espagne ou en Italie à des rencontres en prison avec votre client ».
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« Ça m’intéresse particulièrement de rencontrer Salah Abdeslam parce que j’ai quelques questions à lui poser », a également réagi Georges Salines, père de Lola, tuée au Bataclan. La démarche de Salah Abdeslam ne l’étonne pas : « il avait accepté une première fois de me rencontrer lorsqu’il était détenu en Belgique », se souvient-il. George Salines voudrait notamment demander au terroriste ce qu’il pense des attentats, des années plus tard, indique franceinfo.
Salah Abdeslam est toujours « radicalisé »
Le seul membre vivant des commandos meurtriers du 13 novembre 2015, incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), a été placé la semaine dernière deux fois en garde à vue puis relâché et réintégré en détention, dans une enquête sur la détention d’une clé USB chargée selon le parquet national antiterroriste (Pnat) de documents ayant « trait à la propagande officielle d’organisations terroristes, État islamique ou Al-Qaïda ». Le Pnat a requis sa « mise en examen ultérieure ».
Cette clé lui a été fournie lors d’une visite au parloir par une ex-compagne, Maëva B., qui a elle été doublement mise en examen et incarcérée. Elle est aussi soupçonnée d’être impliquée dans un projet d’attentat déjoué. Lundi, la directrice générale de la sécurité intérieure Céline Berthon a affirmé que Salah Abdeslam, toujours « radicalisé », « n’était pas mis en cause » dans ce projet d’attentat.
La France va commémorer jeudi, au cours d’une journée d’hommage aux victimes, les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, qui ont fait 132 morts – dont deux suicides de rescapés du Bataclan emportés par de profondes blessures psychiques.