Mauricio Hoyos via Instagram
Mauricio Hoyos, un biologiste mexicain, a été mordu au visage fin septembre 2025 par un requin des Galapagos.
SCIENCE – Il a déjà hâte de replonger. Il y a un peu plus d’un mois, fin septembre, un biologiste marin mexicain avait été violemment attaqué par un requin des Galapagos alors qu’il menait une mission de recherche au large du Costa Rica. L’animal, une femelle de plus de trois mètres, l’avait mordu au visage avant de le relâcher quelques secondes plus tard.
Mauricio Hoyos, 48 ans, garde encore d’importantes cicatrices de l’attaque. Pourtant, il affiche une sérénité désarmante. Dans une interview donnée à la BBC, ce mardi 11 novembre, le spécialiste des requins assure vouloir retourner plonger au même endroit, et espère même recroiser l’animal qui l’a blessé, sans éprouver la moindre peur ou rancune.
« En janvier, je vais à l’île Cocos, nous avons un voyage prévu du 20 au 27. Et évidemment, j’irai à Roca Sucia, là où l’attaque a eu lieu », confie Mauricio Hoyos à la BBC. « Je vais plonger là-bas. » Un projet qui, pour beaucoup, relèverait de la folie, mais que le scientifique évoque avec un calme impressionnant. Pour lui, il n’est pas question de revanche, mais de compréhension : l’attaque, explique-t-il, relevait d’un comportement animal normal face à une menace perçue.
Le 27 septembre dernier, le biologiste se trouvait à une quarantaine de mètres de profondeur, au large du Costa Rica. Avec son équipe, il menait une mission de marquage acoustique des requins afin de mieux comprendre leurs déplacements et leurs zones de reproduction. Prévenu par des touristes de la présence d’un grand spécimen, il avait décidé de plonger « pour cinq minutes maximum ».
Le requin « m’a fixé du regard »
L’animal s’est avéré être « une femelle géante, mesurant entre 3 et 3,5 m ». « Elle est passée à côté de moi et s’est dirigée vers le fond, et je me suis positionné pour la marquer à la base de sa nageoire dorsale », raconte Mauricio Hoyos.
Mais, contrairement à d’autres spécimens qu’il avait déjà marqués, l’animal a eu une réaction inattendue. « Elle s’est retournée et m’a fixé du regard », décrit le biologiste. Quelques secondes plus tard, il a senti la mâchoire du requin se refermer sur sa tête. « J’ai baissé la tête, et j’ai senti sa mâchoire inférieure s’enfoncer dans ma joue et sa mâchoire supérieure dans mon crâne. J’étais là, j’imagine, une seconde, pas plus, à l’intérieur de sa mâchoire, puis il l’a simplement rouverte. »
Le sang baignant autour de lui et son tuyau d’oxygène ayant été broyé par l’animal, Mauricio Hoyos a dû rapidement remonter à la surface. « Comme je ne voyais rien, j’ai cherché la lumière que je savais être celle de la surface. J’ai commencé à nager vers le haut, de manière très coordonnée, car je voulais éviter les mouvements erratiques qui auraient attiré le requin », décrit-il.
Une fois à la surface, il a été hissé à bord du bateau avant d’être évacué vers le port, où des secours l’attendaient. Malgré les plaies profondes sur son visage, aucune n’a été infectée. « Les médecins m’ont dit que c’était incroyable », a-t-il confié. Désormais, Mauricio Hoyos voit dans cette expérience une raison supplémentaire de poursuivre son travail. Il dit ressentir un respect encore plus grand pour les requins, qu’il étudie depuis plus de trente ans.