Tout le monde n’est pas d’accord avec la décision des États-Unis de couler par le fond des bateaux et leurs occupants dans les eaux internationales des Caraïbes. L’opération, illégale sur le plan du droit international du point de vue de la plupart des experts interrogés, avait déjà provoqué le départ de l’amiral Alvin Holsey, qui était en charge de la région chez les Marines. Ce sont désormais des pays étrangers, pour certains amis, qui se désolidarisent du comportement américain.
Le Royaume-Uni aurait en effet décidé, depuis plus d’un mois, de ne plus partager de renseignements avec les États-Unis concernant les navires soupçonnés de trafic de drogue dans les Caraïbes, selon des informations de CNN. Londres ne souhaiterait en effet pas être complice des frappes militaires américaines et estimerait ces attaques illégales, croit savoir le média américain.
Hier, le président colombien Gustavo Petro a également annoncé pareille mesure pour son pays. « L’ordre est donné à tous les niveaux des renseignements des forces de l’ordre de suspendre l’envoi de communications et autres opérations aux agences de sécurité américaines », a annoncé Gustavo Petro sur le réseau social X, ajoutant que cette décision « sera maintenue tant que les attaques par missile contre des bateaux se poursuivront ».
Si la décision colombienne était attendue, le changement de pied du Royaume-Uni est en revanche plus surprenant et marque la forte désapprobation, dans le monde occidental, concernant ces frappes qui agissent en dehors de tout cadre légal.
En effet, les États-Unis ont prétendu être en guerre, une guerre contre des narcotrafiquants, pour justifier ces attaques. Mais le droit international est très clair : il n’y a rien qui justifie que le gouvernement américain se déclare en guerre dans ce cadre-là. Il devrait, comme il le faisait auparavant, arraisonner les bateaux, interpeller les suspects et éventuellement les juger après enquête. Pas les tuer sans autre forme de procès.
Tension à son comble avec le Venezuela
D’autant plus que ces frappes empêchent toute vérification. Des doutes sont apparus sur la nature des cargaisons. Ainsi que sur les identités des occupants des appareils, certaines familles de victimes clamant que des pêcheurs se trouvaient également dans ces bateaux.
Une analyse partagée par de nombreux pays et donc le Royaume-Uni. Selon des sources qui ont confié leurs doutes à CNN, les responsables britanniques estiment que les frappes militaires américaines, qui ont fait 76 morts, violent le droit international. Cette suspension des échanges de renseignements remonte à plus d’un mois, ont-elles précisé.
C’est aussi l’avis du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, qui a déclaré le mois dernier que ces frappes constituaient des « exécutions extrajudiciaires ».
En marge de ces inquiétudes, la tension monte aussi avec le Venezuela. Un porte-avions américain est arrivé mardi au large de l’Amérique latine, marquant une montée en puissance considérable des moyens militaires déployés par les États-Unis dans la région et accentuant les tensions avec le Venezuela qui parle de menace « impérialiste ».
L’arrivée du Gerald R. Ford, le plus grand porte-avions du monde, pour renforcer ce que Washington assure être une opération anti-drogue, coïncide avec des exercices militaires vénézuéliens de défense et intervient alors que la Russie, alliée de Caracas, a condamné les frappes aériennes américaines contre les embarcations de narcotrafiquants présumés.