Bien. Je suis bien entouré : j’ai l’habitude de rester en famille. Je ne change rien et je fais en sorte justement que ça reste ainsi pour que je puisse continuer à évoluer dans la même direction.
Identifiez-vous un déclic dans votre parcours ?
Non. Je me sens de plus en plus à l’aise au sein du collectif. Il faut savoir que l’année dernière n’était que ma première pleine à XV : avant, je faisais les allers et retours [NDLR : avec l’équipe de France à 7]. J’étais déjà content de performer pour une première saison. Désormais, j’ai un rôle un peu plus important, j’ai des responsabilités sur la touche : j&rsquo…
Bien. Je suis bien entouré : j’ai l’habitude de rester en famille. Je ne change rien et je fais en sorte justement que ça reste ainsi pour que je puisse continuer à évoluer dans la même direction.
Identifiez-vous un déclic dans votre parcours ?
Non. Je me sens de plus en plus à l’aise au sein du collectif. Il faut savoir que l’année dernière n’était que ma première pleine à XV : avant, je faisais les allers et retours [NDLR : avec l’équipe de France à 7]. J’étais déjà content de performer pour une première saison. Désormais, j’ai un rôle un peu plus important, j’ai des responsabilités sur la touche : j’aime me sentir utile. Mais la saison est loin d’être finie, je dois confirmer ces belles prestations.
Fabien Galthié a salué le travail que vous avez réalisé sur « la partie émotionnelle de votre jeu ». Qu’avez-vous mis en place ?
Je me suis entouré de bonnes personnes pour travailler là-dessus. La saison dernière, je faisais trop de fautes grossières. Je débordais d’énergie. J’ai aussi joué de malchance en prenant des cartons pour accumulation de fautes : bien sûr, il n’y a pas de hasard, mais ça tombait un peu systématiquement sur moi. Je me suis remis en question pour travailler sur moi pour essayer de me canaliser. Ce n’est pas grave s’il ne se passe pas toujours quelque chose dans mes actions : je peux en réaliser des neutres, l’important reste la prestation collective. Pour l’instant, mon niveau d’indiscipline est presque nulle.
« Il faut se mettre en tête que je ne changerai pas le cours d’un match en une action »
L’indiscipline est également rédhibitoire au niveau international…
Oui. Et c’est important qu’on ne me place pas dans cette catégorie. Il fallait que je montre que ce n’est pas quelque chose de récurrent, un défaut ancré en moi.
Très concrètement, comment travaillez-vous sur cet aspect de votre jeu ?
Je travaille avec un préparateur mental avec lequel j’ai beaucoup échangé. Ce qu’on a détecté, c’est que ces fautes étaient liées à cette envie de bien faire. La démarche était bienveillante : ce n’était pas une manière de faire le « capricieux ». Je les commettais souvent quand l’équipe était dans le dur et lorsque je voulais aider le collectif. Je voulais inverser la pression qu’on subissait, mais c’était contre-productif. Il faut se mettre en tête que je ne changerai pas le cours d’un match en une action. Je dois construire mon match individuellement pour ensuite contribuer à la prestation collective. J’aime bien tout maîtriser dans ma vie personnelle, mais c’est impossible sur le terrain.
Tout cela est-il le résultat d’une démarche individuelle ou ce sont vos coachs qui vous ont orienté dans cette direction ?
Greg [NDLR : Patat] m’en avait parlé, mais sans forcément me conseiller de m’adresser à quelqu’un. C’est mon oncle, Benjamin Capilla [NDLR : ancien joueur du Biarritz Olympique], qui m’a poussé à travailler là-dessus. C’est pourtant quelque chose que je niais dans ma tête : au fond de moi, je sais que je ne suis pas un joueur indiscipliné. Mon oncle a été accélérateur dans ce processus de remise à plat. J’ai beaucoup analysé mes actions à ses côtés : on a débattu de mes décisions. À mes yeux, son rôle est tout aussi important que celui du préparateur mental avec lequel je travaille. Il m’aide sur la performance, mais aussi sur la nécessité de rester propre. C’est important, parce qu’il y a toujours beaucoup de monde qui veut t’aider quand ça va bien, mais beaucoup moins dans le cas inverse. Que ce soit un membre de sa famille, qui connaît bien le rugby, c’est encore mieux. Je savais qu’à partir du moment où je me sentirais mieux dans ma tête, tout irait beaucoup mieux.
Votre oncle vous sentait en difficulté ?
Non, c’était pour m’aider à franchir un palier. Il me suit depuis tout petit, il sait très bien que je ne suis pas comme ça. Mais force est de constater que ça devenait récurrent. Et si j’avais des ambitions internationales, ça ne pouvait pas le faire. Il connaissait mon potentiel, les actions que je pouvais débloquer, mais il observait aussi ces fautes un peu bêtes.
Pensez-vous avoir trouvé l’équilibre parfait aujourd’hui ?
Sur l’aspect émotionnel, oui. Je parviens à ne pas basculer dans le rouge mentalement lorsqu’on vit des actions négatives collectivement. Je prends du recul et je me concentre sur mes tâches : je n’essaie pas de sauver la patrie. Je me sens vraiment stable dans ma tête. Dans mon jeu, en revanche, j’ai encore plein de choses à optimiser : je veux être encore meilleur sur plein d’aspects.
Quand on vous voit taper un petit coup de pied à suivre avec Bayonne contre Clermont, on voit un joueur en pleine confiance. Est-ce ce que vous ressentez ?
Non, tout ne me réussit pas. Chaque match a sa propre histoire. Ce jour-là, j’avais réalisé plusieurs actions positives qui m’avaient mis dans un « momentum » de confiance. J’ai scanné l’action, j’ai tenté : c’était instinctif, je ne sais même pas pourquoi je l’ai tenté. J’ai tendance à beaucoup me remettre en question. Deux ou trois mauvaises actions peuvent me polluer alors que j’en ai réalisé plein d’autres positives.
Fabien Galthié a déclaré que vous aviez « ouvert une fenêtre » en juin dernier. Avec ces nouvelles convocations parmi les 42, vous espérez qu’elle débouche sur quoi ?
C’est un peu une question rhétorique : tout joueur montant à Marcoussis a envie de jouer ! Le rêve, c’est d’être international, de jouer avec le maillot bleu. Il n’y a rien qui se fait de mieux.
« Greg est très bienveillant avec moi : il veut m’amener au haut niveau progressivement »
Être convoqué pour cette tournée de novembre, était-ce un objectif clair à vos yeux ?
En toute transparence, oui : le but était d’y être. Le but est désormais d’y rester. Beaucoup font les allers et retours, mais peu y restent : ce sont souvent les internationaux à 20 ou 30 capes, des joueurs qui ont un niveau assez extraordinaire. Chaque année, ils parviennent à maintenir leurs standards très élevés pour prétendre à jouer à ce niveau-là. C’est là qu’apparaît la différence entre les bons et les grands joueurs.
Votre manager Grégory Patat vous présente comme « un joueur qui veut grandir vite ». Que veut-il dire selon vous ?