C’est une première mondiale avec des résultats plus qu’encourageants pour les patients souffrant de pertes d’audition sévère à profonde.

Le 16 juin 2025, le professeur Alexandre Karkas, chef du service ORL du CHU de Saint-Etienne, avec à ses côtés des équipes du bloc, a procédé à une intervention extrêmement délicate : la première implantation cochléaire robot-assistée au monde, guidée par navigation scanner peropératoire.

Un patient âgé de 76 ans, présentant une surdité profonde bilatérale, a été le premier à en bénéficier. « Sa surdité avait évolué progressivement, surtout cette dernière décennie, à tel point que ses appareils auditifs étaient devenus insuffisants », explique le chirurgien.

Le nerf auditif du patient est stimulé directement

Cette opération historique a duré trois heures, avec un temps opératoire prolongé d’une heure en raison de l’installation du matériel (robot-navigation) et de la recherche de l’axe optimal d’insertion des électrodes.

Une insertion entièrement automatisée sous contrôle scannographique en temps réel, à une vitesse très lente (0,1 mm/s), assurant une pose précise et sécurisée à un endroit déterminé de la cochlée (oreille interne), tout en préservant les structures internes de l’oreille.

Avec ces électrodes, le nerf auditif du patient est ainsi stimulé directement. Autrement dit, « on « court-circuite » l’oreille interne », vulgarise le professeur Alexandre Karkas.

Quelques essais avaient déjà été réalisés, par le passé, au CHU de Brest et au CHU La Pitié-Salpêtrière à Paris, mais seulement avec le bras passif du robot (ancienne génération, semi-automatisée). « Le couplage de l’inserteur actif au capteur du système de navigation a eu lieu pour la première fois au CHU de Saint-Étienne », se félicite le chef du service ORL.

Plusieurs années de recherche pour cette technique

Depuis ce 16 juin 2025, six autres patients ont déjà été opérés avec succès et trois autres sont prévus avant la fin de l’année.

Sans cette technique innovante issue de plusieurs années de recherche, rendue possible grâce à un partenariat étroit entre les équipes médicales de l’hôpital et les ingénieurs de la société française Collin, ces patients auraient été traités par une implantation cochléaire classique.

Le chirurgien serait alors intervenu avec une insertion manuelle des électrodes dans la cochlée, ou par une insertion robot assistée, mais sans navigation peropératoire. Cinq mois après l’opération, le sexagénaire bénéficie toujours de séances de réglage d’implant et de rééducation orthophonique, afin d’améliorer l’intelligibilité vocale.