Une centaine de drones FPV occupait le ciel. Le 1er juin 2025, l’armée ukrainienne a mené une opération d’ampleur contre les bombardiers russes. Quatre régions ont été frappées simultanément afin de détruire le plus d’avions possible. Les forces ukrainiennes ont appelé cette mission : Opération Spiderweb.
Selon le média The Insider, cinq mois après l’attaque, ses conséquences seraient désormais visibles. S’il est difficile de savoir précisément combien d’avions bombardiers russes ont été détruits le 1er juin – l’armée ukrainienne avance le nombre de 41 mais les observateurs indépendants estiment une perte de 12 à 14 appareils – on sait quel type d’avions a été touché. Des Tu-95MS et des Tu-22M3, deux sortes de bombardiers supersoniques capables de transporter des missiles nucléaires, ont été visés.
La Russie a pris une direction stratégique surprenante après l’opération Spiderweb
La Russie n’a pas communiqué sur les pertes réelles subies le 1er juin. Mais elle n’a pas tardé à riposter. Les frappes de missiles sur l’Ukraine se sont intensifiées. Pire : les attaques les plus intenses depuis le début de la guerre ont toutes eu lieu entre le 1er juin et le 31 août 2025. Tout porte à croire que la Russie souhaite mettre une pression supplémentaire sur l’Ukraine après cette opération adverse. Mais le Kremlin a aussi changé de stratégie concernant ses bombardiers.
Pour éviter de nouvelles attaques de drones similaires sur ses bases aériennes, semble-t-il, les Russes ont décidé de rapatrier tous les avions bombardiers dans l’extrême-Orient, sur la base d’Ukrainka, près de la frontière chinoise. Certains sont même encore plus loin : à Anadyr, près de l’Alaska, et à Yelizovo, dans la province du Kamtchatka. Ukrainka est devenue la base arrière de tous les bombardiers Tu-95MS. Et cela demande une nouvelle organisation pour les déployer.
Les avions russes tiendront-ils le coup ?
Les zones de lancement des missiles, elles, n’ont pas changé. Les avions bombardiers russes doivent donc parcourir des distances bien plus grandes pour effectuer leur mission. En comptant les réapprovisionnements en kérosène, toute sortie de Tu-95MS demanderait désormais 23 heures de vol et un aller-retour de 12 000 km. Cela ne semble pas empêcher les Russes de faire de plus en plus appel aux bombardiers.
Mais les conséquences de cette distance seront peut-être fatales. Les avions datent, pour les plus récents, des années 1990 et les moteurs ne sont pas habilités à voler pour toujours. Ceux des Tu-95MS sont opérationnels pour 5 000 heures, à raison de 200 heures par an. Si chaque sortie équivaut désormais à 23 heures de vol, il en faudrait moins de dix pour les clouer au sol. Une nouvelle réalité qui pourrait, à terme, être préjudiciable pour la Russie.
Article initialement publié le 18 septembre.