L’Europe devient peu à peu un terrain stratégique pour les géants de la technologie.
Alors que la Commission européenne multiplie les initiatives pour renforcer la souveraineté numérique du continent, Google et Microsoft annoncent, chacun de leur côté, des investissements records dans leurs infrastructures de données et d’intelligence artificielle.
Ces annonces traduisent une volonté claire : rapprocher la puissance de calcul et les capacités cloud des marchés européens…
Microsoft mise 10 milliards de dollars sur le Portugal
Dans un rapport de Reuters, on apprend que Microsoft prévoit un plan d’investissement colossal de 10 milliards de dollars au Portugal, centré sur la construction d’un méga centre de données à Sines, dans le sud du pays.
En partenariat avec la société britannique Nscale et la start-up locale Start Campus, Microsoft prévoit d’y installer plus de 12 000 puces Nvidia de dernière génération, destinées à soutenir le développement de ses services d’intelligence artificielle.
Pour Brad Smith, président de Microsoft, le Portugal s’impose comme un « point névralgique » pour les infrastructures technologiques en Europe. Le pays bénéficie à la fois de ressources énergétiques renouvelables et d’une position géographique stratégique, connectée à plusieurs câbles sous-marins reliant l’Amérique à l’Europe.
« La demande dans le domaine de l’IA, ces derniers mois, est devenue folle« , reconnaît Daniel Bathurst, directeur produit de Nscale, évoquant une véritable « course à la puissance de calcul » entre les grands acteurs du secteur.
Google injecte 5,5 milliards d’euros en Allemagne
De son côté, on apprend dans un autre communiqué de Reuters que Google prévoit un investissement de 5,5 milliards d’euros sur quatre ans pour renforcer ses capacités en Allemagne. Le projet prévoit notamment la construction de deux nouveaux centres de données dans la région de Francfort, destinés à soutenir les activités cloud et d’IA du groupe.
Notons qu’il s’agit du plus grand plan d’investissement de Google dans le pays, présenté à Berlin aux côtés du ministre allemand des Finances, Lars Klingbeil. L’entreprise entend ainsi participer à la transformation numérique du pays, encore en retard face aux États-Unis et à la Chine dans le domaine de l’IA.
Philipp Justus, directeur général de Google Allemagne, a insisté sur la dimension stratégique de ce plan : « Nous investissons dans l’avenir numérique de l’Allemagne et dans la croissance économique européenne« .
L’Europe, nouvel épicentre des infrastructures IA ?
Ces annonces s’inscrivent dans une dynamique d’investissements technologiques sans précédent sur le continent. Nvidia et Deutsche Telekom prévoient déjà un centre de données d’un milliard d’euros à Munich, tandis que d’autres acteurs envisagent des projets similaires en France et aux Pays-Bas.
Face à la montée des besoins en puissance de calcul, l’Europe apparaît de plus en plus comme un espace de déploiement prioritaire pour les géants américains de la tech, désireux de se rapprocher des marchés locaux et des régulations européennes en matière de données.
En moins d’un an, l’Europe est ainsi en passe de devenir l’un des pôles mondiaux les plus attractifs pour l’infrastructure IA, un mouvement qui pourrait redessiner l’équilibre technologique mondial…