Par
Julien Sournies
Publié le
12 nov. 2025 à 17h33
Elle s’est imaginée pouvoir redonner vie à La Bobine, occupée illégalement par des personnes issues du mouvement « Bloquons tout » depuis le 18 septembre, mais ce rêve n’a duré qu’un (court) temps. Désignée fin septembre par le tribunal de commerce de Grenoble (Isère) pour reprendre les rênes de la salle, le groupe « L’Autre Asso » annonce que ce projet ne verra finalement pas le jour, n’ayant « pas réussi à inspirer la confiance autour de nous ».
Pour l’association annécienne, cette décision de rétropédaler s’avère très « difficile, mais nécessaire ». Explications.
« Nous n’avons pas su fédérer les personnes qui auraient pu s’impliquer à nos côtés », regrette encore le collectif dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux en fin de semaine dernière. Mais pourquoi a-t-on droit à ce désistement soudain ?
« Nous refusons cette récupération »
Alors qu’elle se disait intéressée pour les intégrer dans son programme social et politique, l’association a posté, la veille, un sondage sur les réseaux sociaux, lequel évoquait la possibilité de déloger les squatteurs en faisant notamment appel aux forces de l’ordre. Forcément, cette consultation auprès de leur communauté n’a pas manqué de provoquer la colère noire de l’association « La Bobine Occupée ».
Cette dernière dénonce dans un communiqué « une logique de rentabilité et de gentrification incompatible avec l’esprit d’un lieu libre et populaire ». En plus d’une communication « inclusive qui s’approprie les codes de nos luttes sans en assumer les valeurs », l’association déplore par ailleurs « une tentative de transformer un espace de résistances en vitrine bien propre du capitalisme responsable ».
Nous refusons cette récupération. Nous refusons que la lutte, la culture et la solidarité soient instrumentalisées pour du marketing social.
La Bobine Occupée
« Ce débat est légitime, mais nous l’avons mal présenté »
De son côté, « L’autre Asso » reconnait avoir été auteur d’un post « maladroit ». « Notre intention était de questionner deux visions : celle d’une occupation militante, ancrée dans la lutte sociale, et celle d’un projet de relance pérenne, ouvert et structuré dans le temps long. Ce débat est légitime, mais nous l’avons mal présenté », explique le collectif.
Nous comprenons que cela ait pu blesser et nous en assumons l’entière responsabilité. Aujourd’hui, nous faisons le choix de la cohérence. Nous préférons renoncer plutôt que d’agir à l’encontre de nos convictions.
L’Autre Asso
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Pour mener à bien son projet de reprise, l’association avait, pour rappel, sollicité des dons afin de reprendre le fonds de commerce et réalisé quelques travaux intérieurs. « Toutes les personnes ayant donné ou prêté de l’argent viennent d’être remboursées », assure-t-elle.
Avec ce retour à la case départ, l’avenir des lieux est donc plus que jamais fragilisé. Reste ainsi à savoir si le tribunal de commerce de Grenoble désignera un nouveau repreneur. Sinon, La Bobine sera inexorablement placée en liquidation judiciaire, après 27 ans d’activité dans le Parc Paul-Mistral.
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