Par

Clémence Pays

Publié le

12 nov. 2025 à 17h17

Mercredi 19 novembre 2025, La Nuit du bien commun fera étape à Rennes, pour « une soirée de levée de dons au service des associations de Bretagne », annoncent les organisateurs. Un événement loin d’être au goût de tout le monde puisque plusieurs associations et collectifs appellent à se mobiliser contre celui-ci.

Sur les réseaux sociaux par exemple, Nous Toutes 35 a diffusé sur Instagram – en collaboration avec le Comité rennais des Soulèvements de la terre, le syndicat Solidaires 35 et l’Union communiste libertaire – un appel à manifester le jour de La Nuit du bien commun.

Nous nous opposons fermement à cet événement qui n’a de « commun » que le nom et appelons à une mobilisation féministe, antifasciste et antiraciste large !

Nous toutes 35

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Des tags sur des vitrines

Dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 novembre, certaines vitrines de Rennes ont été taguées. « Nous revendiquons les messages apparus », ont annoncé « des Rennais·es contre les Nuits du bien commun », dans un mail adressé à la rédaction d’actu Rennes.

Le but de ces inscriptions : « rendre visible les financeurs des Nuits du bien commun à Rennes ».

Cet argent qui circule a une odeur, nauséabonde. Mécènes et donateurs des Nuits du bien commun, ceci est un avertissement. Vous avez toujours la possibilité de décliner votre participation financière à tout ce cirque. Il y a quelques années, le doute pouvait encore subsister. Mais aujourd’hui, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.

Des Rennais·es contre les Nuits du bien commun
Mail adressé à la rédaction d’actu Rennes

La Nuit du bien commun, c’est quoi ?

La Nuit du bien commun est un fonds de dotation qui organise dans plusieurs villes de France des soirées dans le but de collecter des dons auprès d’entreprises et de particuliers, pour les reverser à des associations. Ces événements sont « ouvert au grand public et pour tout le monde », explique Thomas Tixier, directeur de la communication.
Concrètement, les associations doivent déposer un dossier de candidature étudié par un comité de soutien. Pour chaque soirée, dix associations sont sélectionnées et invitées à monter sur scène pour présenter leur projet, « cela peut être du développement, de la rénovation, l’achat de matériel… » et demander un soutien financier.
« Les dons se font à main levée dans la salle. »
Interrogé sur le mode de sélection des dossiers, Thomas Tixier indique que l’organisation s’appuie sur différents critères :
– le projet doit répondre à des thématiques (culture et patrimoine ; vulnérabilité et précarité ; éducation et formation ; écologie ; santé et handicap) ;
– le projet doit être en phase de développement avec un budget annuel inférieur à 5 millions d’euros ;
– la localisation (dans le cas de Rennes, cela concerne l’Ille-et-Vilaine et la Bretagne) ;
– l’association doit être opératrice du projet ;
– l’association doit répondre à un intérêt général.

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Pourquoi tant d’opposition ?

Si les voix se lèvent contre cet événement dit « de la philanthropie », c’est qu’il est jugé proche de l’extrême droite par ces collectifs. Pour Solidaires 35, La Nuit du bien commun « rentre dans le cadre du projet PERICLES », acronyme de Patriotes, enracinés, résistants, identitaires, chrétiens, libéraux, européens, souverainistes. Un projet créé par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin pour faire progresser les idées d’ultradroite en France.

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En plus d’être le fondateur des Smartbox et de PERICLES, l’homme d’affaires français est aussi connu pour être le co-fondateur de La Nuit du bien commun – aux côtés de Stanislas Billot de Lochner et de Thibault Farrenq – et exilé fiscal en Belgique.

Mais pour le fonds de dotation La Nuit du bien commun, dire que l’événement est porté par l’extrême droite est faux. « Pierre-Édouard Stérin n’est plus à bord. À Rennes, comme dans les autres villes où se tient La Nuit du bien commun, le comité de soutien [en charge de sélectionner les dossiers de candidatures, N.D.L.R.] est indépendant », martèle Thomas Tixier, directeur de la communication de La Nuit du bien commun.

Tous les styles, tous les bords politiques, toutes les origines sont représentés. Le but de cette soirée est de regarder dans la même direction, pour le bien commun.

Thomas Tixier
Directeur de la communication La Nuit du bien commun

Pour les organisateurs, ceux qui critiquent l’événement « n’ont jamais voulu venir voir ce que c’était, ils sont là juste pour casser ».

Des financeurs et un lieu tenu secret

En 2024, La Nuit du bien commun à Rennes s’était déroulée à Rennes avec « 500 participants » et « 273 000 euros ont été collectés » annonce Thomas Tixier.

Cette année, le lieu est tenu secret et sera annoncé aux participants en temps voulu. L’identité des financeurs est aussi « protégée » pour les « préserver d’attaques abjectes, comme c’est le cas avec les vitrines taguées », déclare le directeur de la communication de La Nuit du bien commun.

En juin 2025, La Nuit du bien commun avait été organisée à Nantes. Elle avait provoqué la colère des syndicats et des partis de gauche de la mairie. Le préfet de Loire-Atlantique était allé jusqu’à prendre un arrêté interdisant toute manifestation autour de la Cité des congrès, où se tenait l’événement.

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