Les sports de glace des Jeux olympiques d’hiver de 2030 doivent se tenir à Nice mais les infrastructures manquent et seraient onéreuses, ce qui pose de nouveau question depuis qu’un coût plus précis a été avancé.

Le stade Allianz Riviera couvert par une sorte de bulle et une patinoire toute neuve construite à quelques encablures : voilà le projet pour que Nice (Alpes-Maritimes) accueille les sports de glace lors des Jeux olympiques d’hiver de 2030, ce qui pose encore question au vu du coût estimé pour de telles infrastructures.

Ces deux aménagements se chiffreraient à plus de 200 millions d’euros (environ 80 pour le stade, 130 pour la nouvelle patinoire) selon le député rapporteur Frédéric Maillot (GDR-communiste, 6e circonscription de La Réunion), qui s’est basé sur les données de l’institut général des finances. Un coût qui n’était jusque-là pas connu et qu’a pu se faire confirmer Le Figaro par une source proche du dossier.


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«C’est une folie budgétaire, c’est un caprice de riche que l’on ne peut pas se permettre. À l’évidence, ce choix reflète d’un arbitrage politique et non d’une réflexion financière», a dénoncé l’élu en commission des affaires culturelles lors de l’audition de la ministre des Sports, Marina Ferrari. Ce dernier a annoncé qu’il allait déposer un amendement pour chercher si d’autres solutions existent.

«Peut-on se permettre cette dépense ?»

«Je ne suis pas un ennemi du sport et je suis pour les JO», assure Frédéric Maillot au Figaro. «Mais à l’heure où l’on nous demande de faire des économies, peut-on se permettre cette dépense alors que dans le même temps, on baisse les crédits pour les jeunes et le sport pour tous ? C’est questionnant», résume-t-il en expliquant qu’en étant originaire de l’île de La Réunion, il n’a aucun intérêt à défendre un projet plutôt qu’un autre.

Car il a évoqué les patinoires de Lyon ou encore de Paris pour l’accueil des épreuves olympiques de hockey plutôt que Nice, et alors que ces deux villes recevront le mondial de la discipline en 2028. Celle de Pralognan-la-Vanoise, utilisée pour Jeux de 1992, est aussi fonctionnelle, a-t-il rappelé.

Pour les JO d’hiver de 2030 dans les Alpes françaises, il est prévu que le pôle «glace» se trouve dans la capitale azuréenne, qui ne possède pourtant pas les infrastructures nécessaires. L’actuelle patinoire Jean-Bouin est jugée obsolète, seuls le palais Nikaïa et celui des expositions peuvent être aménagés pour certaines épreuves. Celle de patinage de vitesse sera finalement délocalisée à l’étranger (Italie ou Pays-Bas) faute d’un grand anneau de glace existant et constructible dans l’Hexagone.

Pour le hockey, l’idée de couvrir le stade Allianz Riviera, antre de l’OGC Nice dans l’ouest de la ville, a été avancée afin de disposer de deux grandes patinoires. Un aménagement démentiel, «qui va marquer l’histoire olympique» soutient-on, grâce à l’accueil de 17.000 spectateurs là où les autres sites ne possèdent que 5000 places. Il n’empêche que la réalisation se révèle complexe et onéreuse, d’autant plus que le club de football devra se trouver un nouveau rectangle vert pour plusieurs mois.

Deux patinoires seraient aménagées dans le stade Allianz Riviera de Nice.
Visuel candidature Alpes françaises 2030


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«C’est un aménagement lourd, un équipement qui n’a pas été du tout conçu pour être une salle omnisports», a critiqué le député Frédéric Maillot. «Si un impératif économique est censé guider la préparation des Jeux, alors il faut le dire, il est à géométrie variable», a-t-il encore raillé. «C’est un scandale écologique et budgétaire», a renchéri Juliette Chesnel-Le Roux, chef de file des écologistes à Nice et opposée dès le départ aux JO d’hiver.

«Pertinent»

Mais la ministre des Sports, Marina Ferrari, a réaffirmé lors de son audition à l’Assemblée nationale que le projet niçois était «pertinent». Lors d’une visite des lieux en mars dernier, Edgar Grospiron, le président du comité d’organisation (Cojop) avait déjà essayé d’éteindre la polémique naissante autour du choix de Nice. «Aucune remise en cause», assurait-il, puisque la ville constitue «une pièce essentielle de notre dispositif». «J’ai pu personnellement constater la légitimité de ce site», indiquait-il.

JO 2030 : risque de dérapage budgétaire, défi environnemental, sites à définir… Les 5 dossiers brûlants d’Edgar Grospiron

Sollicité, le Cojop n’a pas souhaité faire de commentaire supplémentaire sur le sujet niçois et rappelle seulement que le «schéma préférentiel», qui comprend les différents sites de la candidature, dont Nice, a été validé le 21 juillet dernier. Lors d’un récent conseil d’administration du Cojop, un premier budget de 2,130 milliards d’euros a été avancé.

Ce budget ne concerne que l’aspect organisationnel mais pas le volet structurel : cette mission de construction d’équipement revient à la Solideo, la société publique de livraison des ouvrages olympiques, qui est présidée dans le cadre des JO d’hiver 2030 par Renaud Muselier, président de la région Paca. Sollicitée, la Solideo n’a pas non plus souhaité réagir.

Seule construction en héritage

La nouvelle patinoire niçoise, imaginée dans la plaine du Var avec près de 4000 places, serait la seule construction en «héritage», rappelle un défenseur du sujet. Un équipement qui serait utile à la cinquième ville de France, «une terre historique de glace», soutient-il encore en référence au club de hockey de première division, qui pourrait profiter ensuite de cette nouvelle enceinte. Avec ce pôle glace niçois et les recettes de la billetterie, la ville table sur des retombées de 400 millions d’euros avec la création de 5700 emplois.


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Même si la loi olympique qui consacre le budget de l’État à ces futurs Jeux n’est pas encore adoptée, des appels d’offres ont été lancés. Pour les infrastructures niçoises, trois candidats sont encore en course et doivent présenter leurs maquettes. Le début des travaux est espéré en 2027 pour une livraison espérée en septembre 2029 en ce qui concerne la nouvelle patinoire et le village olympique, également prévu dans l’ouest de la ville.