Alors que son président Kassym-Jomart Tokaïev était en visite à Moscou, le Parlement kazakh a adopté une série de textes interdisant la diffusion d’informations liées aux orientations sexuelles. Une mesure directement inspirée de la législation russe.
Le Kazakhstan a franchi ce mercredi 12 novembre une nouvelle étape dans le durcissement de sa législation contre les minorités sexuelles. La chambre basse du Parlement, le Mäjilis, a adopté un projet de loi visant à interdire la « diffusion d’informations contenant de la propagande de la pédophilie et/ou des orientations sexuelles non traditionnelles » dans les espaces publics, les médias et sur internet.
Officiellement, cette mesure doit « protéger les enfants de contenus nuisibles à leur santé et à leur développement », selon le communiqué du Mäjilis. Le texte doit encore être approuvé par le Sénat avant d’entrer en vigueur, mais son adoption ne fait guère de doute : le parti présidentiel contrôlant les deux chambres.
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Ce vote intervient au moment où le président Kassym-Jomart Tokaïev rencontrait Vladimir Poutine au Kremlin. Le Kazakhstan, allié de Moscou en Asie centrale, s’aligne ainsi sur la Russie, qui a adopté en 2022 une loi élargissant la notion de « propagande LGBTQ ». Celle-ci interdit toute présentation des relations homosexuelles comme « normales » ou « acceptables », y compris auprès des adultes, prolongeant un texte de 2013 ciblant initialement les mineurs.
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Les ONG vent debout
Les défenseurs des droits humains dénoncent une offensive politique inspirée du modèle russe. « Sommes-nous une république souveraine ou une colonie de la Fédération de Russie ? », s’est indignée la militante Zhanar Sekerbayeva lors d’une conférence de presse. Elle accuse les parlementaires kazakhs de « violer la Constitution » et de « bafouer les droits fondamentaux ».
Plusieurs ONG internationales ont également condamné le projet. Dans un communiqué commun, Human Rights Watch et six autres organisations ont estimé que ces mesures « violent ouvertement les engagements internationaux du Kazakhstan en matière de droits humains, y compris le droit des enfants à l’éducation, à la santé et à l’information ».
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Pour Marie Struthers, directrice d’Amnesty International pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, ce texte vise avant tout à « institutionnaliser la peur, la censure et la stigmatisation ». « S’ils veulent réellement protéger les jeunes, les dirigeants kazakhs devraient rejeter cette initiative et réaffirmer leur engagement en faveur des droits humains », a-t-elle ajouté.