REPORTAGE – Quelques heures après l’annonce de sa libération, le comité de soutien de Boualem Sansal – autour de Noëlle Lenoir, Arnaud Benedetti et la fille de l’écrivain franco-algérien – s’est réuni à l’ESJ Paris pour transformer l’hommage prévu en célébration émue.
En début d’après-midi, l’Algérie annonçait la grâce et le transfert vers Berlin de l’écrivain franco-algérien, détenu depuis près d’un an. Ce qui devait être un hommage grave – en baptisant la salle de conférences du nom de Boualem Sansal – s’est mué en célébration émue à l’ESJ Paris. «C’est une soirée de fête, même si elle avait été pensée comme un moment solennel», confie le directeur de l’école, Emmanuel Ostian.
Sur scène, les intervenants partagent le même soulagement. L’ambassadeur Xavier Driencourt, retenu sur les plateaux télé en raison de l’actualité, n’avait pu se déplacer, mais Arnaud Benedetti, fondateur du comité de soutien à Boualem Sansal et rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire, était bien là, aux côtés de Noëlle Lenoir, ancienne ministre et présidente du comité, et de la fille de l’écrivain, Sabeha Sansal, présente en visioconférence depuis Prague. «Il y a un mois et demi, nous n’imaginions pas un dénouement aussi rapide», explique Arnaud Benedetti, rappelant que le comité de soutien «n’a jamais été découragé» malgré une année d’incertitude. Selon lui, c’est «un effort collectif» qui a permis ce tournant : la mobilisation des médias, de la diplomatie allemande et de nombreuses personnalités françaises, en faisant fi des colorations politiques, à l’unisson autour d’une même cause. Ce dernier précise toutefois que l’auteur, âgé de 80 ans et atteint d’un cancer, «sera normalement pris en charge à l’hôpital de la Charité de Berlin pour des examens médicaux».
Boualem Sansal libéré : l’histoire secrète d’un an de laborieuses tentatives de Macron et de la diplomatie française
Noëlle Lenoir, émue, salue «une journée historique». Pour elle, la libération de Boualem Sansal résonne bien au-delà du cas individuel. «Il incarne cette idée essentielle : l’extrémisme est un poison. La religion ne doit pas être une loi qui s’impose à tous, mais un dialogue intime et personnel», déclare-t-elle, avant de rappeler le rôle déterminant joué par la presse dans cette issue heureuse. «Cette mobilisation a transcendé les clivages politiques. C’est assez rare pour être souligné», ajoute-t-elle, évoquant un sursaut collectif au nom de la liberté. En visioconférence, la fille de l’écrivain, Sabeha Sansal, la voix serrée, remercie le comité de soutien : «Je suis très heureuse, car j’étais pessimiste. C’est un moment magnifique.» Elle confie cependant ne pas encore avoir pu entrer en contact avec son père : «Son numéro ne fonctionne pas, j’attends un message officiel pour savoir quand je pourrai le voir.»
Sabeha Sansal, la fille de l’auteur franco-algérien, fait part de son émotion suite à la libération de son père.
ESJ Paris
L’émotion, elle, traverse la salle. «Boualem Sansal n’est pas seulement un écrivain, c’est une conscience», a résumé Emmanuel Ostian. La plus ancienne école de journalisme au monde possède désormais une salle de conférences au nom de Boualem Sansal, symbole d’une liberté de parole, chèrement défendue par le comité de soutien à l’écrivain franco-algérien.