«Des pages sur Facebook et des activistes annoncent qu’un avion spécial venu d’Allemagne a atterri à Alger pour récupérer le poète Mohamed Tadjadit.» C’est avec une ironie amère que le réalisateur algérien Bachir Derrais a réagi à la mesure de grâce présidentielle annoncée mercredi en faveur de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Après près d’un an derrière les barreaux, le romancier est désormais libre et bientôt en route vers l’Allemagne. Mais, en Algérie, l’octogénaire demeure pour beaucoup sous les feux des critiques.

Pour Bachir Derrais, le contraste est saisissant. D’un côté la libération de Sansal, obtenue grâce à une médiation allemande de haut niveau pour des raisons humanitaires, et de l’autre la condamnation du jeune poète du Hirak, Mohamed Tadjadit, à cinq ans de prison, mardi. «Imaginez les quelques détenus d’opinion, leur morceau de pain à la main gauche et une portion de Vache qui rit à la main droite, découvrant sur le 20 heures de l’ENTV [chaîne de la télévision publique algérienne, ndlr] la version officielle de l’actualité. Un contraste violent entre deux réalités du même pays», tance-t-il.