D’immenses échafaudages ont été dressés face à la basilique Saint-Pierre, sur lesquels des dizaines de caméras ont pris place. Observatoire rêvé pour scruter l’incroyable ballet qui se joue sur la célèbre place du Vatican : des milliers de fidèles et de touristes qui se pressent le long des barrières installées la veille, des cardinaux en tenue se frayant un chemin au milieu de journalistes qui patientent pour obtenir leur sacro-sainte accréditation au « 54 de la Via Della Conciliazione » – la salle de presse du Saint-Siège.

Partout, des policiers et des milliers de volontaires renseignent, barrent la route, régulent. En bruit de fond, entre deux Ave Maria scandés par les fidèles : le vrombissement des hélicoptères qui survolent le micro-État en émoi. Ce samedi, le monde a les yeux rivés sur Rome, à l’occasion des funérailles du pape François, décédé lundi à 88 ans d’un AVC.

Une messe à la basilique Saint-Pierre

La cérémonie débutera avec une messe à 10 heures, sur le parvis de la basilique. C’est le cardinal Giovanni Battista Re, doyen des 252 cardinaux, qui va officier. Ces collègues cardinaux ont afflué en Italie depuis le monde entier, ces dernières heures, hébergés en urgence dans les congrégations religieuses – les hôtels de la ville étant complets. Au centre du parvis : le cercueil du pape, en bois bardé de zinc, Jorge Bergoglio ayant refusé le triple catafalque pour simplifier le rituel.

Messes, chants, prières : tout sera retransmis sur d’immenses écrans géants, que la ville de Rome s’affairait encore à installer ce vendredi soir, jusque dans les rues adjacentes à l’enclave. Point final de la célébration, qui pourrait durer plusieurs heures : un « triple adieu », celui de l’Église de Rome, celui des Églises orientales, et celui de toute l’Église catholique.

Avant cette messe, la foule s’est pressée pour apercevoir la dépouille, exposée dans la basilique depuis mercredi. Au moins 250 000 personnes se sont recueillies, selon le dernier comptage du Saint-Siège, engendrant jusqu’à… quatre heures d’attente – parfois tendues. Parmi eux, Emmanuel Macron et son épouse Brigitte, venus vendredi dès 18 heures pour se recueillir devant la dépouille du pape. Signe de la proximité affichée entre le président français et le chef de l’Église catholique, qui se sont vus à six reprises depuis 2017.

Le cercueil a été fermé dans la foulée, lors d’une cérémonie privée, présidée par le camerlingue, l’Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu’au conclave.

Inhumation à la basilique Sainte-Marie Majeure

À l’issue de la cérémonie, le cercueil sera transporté (en voiture) à la basilique Sainte-Marie Majeure, dans le centre de Rome. « Le trajet devrait durer entre 30 et 40 minutes », estime Matteo Bruni, directeur de la salle de presse du Vatican, et le véhicule transportant le corps du pape roulera à une vitesse d’environ 10 km/h… en fonction du monde massé sur la route.

Parmi eux, Ernesto et Diego, venus d’Espagne et croisés sur la place Saint-Pierre. « Je n’ai pas pu entrer pour voir son corps. Il y aura trop de monde ici pour la messe, alors je préfère tenter ma chance sur la route ! Même si je ne vois que la voiture, c’est juste pour lui dire au revoir. »

Pourquoi cette église plutôt que la crypte située sous la basilique Saint-Pierre, où reposent la plupart des prédécesseurs de Jorge Bergoglio, à commencer par Jean-Paul II et Benoît XVI ? « Je souhaite que mon dernier voyage terrestre se termine dans ce très ancien sanctuaire marial, où j’avais l’habitude de me rendre pour prier », avait-il écrit dans ses dernières volontés.

Une église, considérée comme l’un des quatre édifices majeurs de Rome, que François avait également pris l’habitude de visiter avant et après chacun des 47 voyages apostoliques effectués en douze ans de pontificat. Selon un prélat que nous avons rencontré sur place, François serait venu ici « plus de cent fois ».

Ainsi, selon son testament rendu public lundi, il sera donc inhumé dans une tombe « en terre, simple, sans décoration particulière », sur un côté de la nef, avec pour seule inscription son nom en latin : « Franciscus ». L’endroit, déjà touristique, devrait devenir un haut lieu de pèlerinage, anticipent plusieurs vaticanistes. Le Saint-Siège a d’ailleurs insisté : dimanche, dès la fin des « opérations liées à l’inhumation », Sainte-Marie Majeure – déjà assaillie de visiteurs jusqu’à sa fermeture juste avant l’événement – rouvrira au public.

Les invités : cinquante chefs d’État, dix monarques

Outre les quelque 200 000 fidèles attendus, selon la Protection civile italienne, 50 chefs d’État élus et dix souverains ont confirmé leur présence. « À ce stade, 130 délégations (étrangères) sont confirmées pour les funérailles du pape François », a aussi précisé le Vatican. À titre de comparaison, les funérailles de Jean-Paul II, l’autre « pape star » de l’époque récente, avaient attiré quinze rois et reines, 44 présidents et 25 Premiers ministres, tandis qu’un million de personnes s’étaient massées autour de la basilique pour tenter de participer à la cérémonie.

Parmi ceux qui seront présents pour François : le président américain Donald Trump et sa femme Melania, les premiers à avoir prévenu de leur présence, dès lundi soir, le Républicain se disant même « impatient » d’y assister, sur son réseau social Truth. Son homologue français Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte sont déjà sur place, tandis que le dirigeant brésilien Lula ou l’argentin Javier Milei, tout comme le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, seront de la partie. Quant au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, il a finalement annoncé vendredi soir qu’il n’était pas certain d’« avoir le temps » de se rendre à Rome.

Au rayon des têtes couronnées : le roi Felipe VI et la reine Letizia d’Espagne, le prince William, qui représentera son père, le roi Charles III d’Angleterre, ainsi qu’Albert II de Monaco et son épouse Charlène.