Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a exprimé son « soulagement » après l’annonce de la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. L’ex-ministre des Armées a vanté la  méthode faite de respect et de calme  qui a prévalu au détriment de la ligne dure, et contestée, défendue sur ce dossier par l’ancien ministre de l’Intérieur et patron de la droite Bruno Retailleau.

Est-ce à dire que se dessine une ébauche d’apaisement entre Alger et Paris ? Lundi, sur France Inter, le patron des services de renseignements extérieurs français (la DGSE), Nicolas Lerner, a évoqué des  signaux  venant d’Algérie en faveur d’une  reprise du dialogue  avec la France, après plus d’un an d’une profonde crise diplomatique entre les deux pays.

 Aujourd’hui, nous avons des signaux qui viennent de la partie algérienne sur une volonté de reprise du dialogue , a-t-il affirmé, évoquant des  signaux à la fois publics et non publics ». Il a rappelé ce que sont les exigences françaises  et notamment la libération de nos deux compatriotes  : l’écrivain Boualem Sansal (désormais libre) et le journaliste Christophe Gleizes, condamné en première instance à sept ans de prison ferme pour  apologie du terrorisme  et qui attend son procès en appel le 3 décembre.

Pourtant, les crispations franco-algériennes persistent. Début novembre, l’adoption par l’Assemblée nationale d’une résolution visant à dénoncer l’accord de 1968 a exacerbé l’agacement d’Alger qui a peu goûté que les députés français approuvent un texte, même non contraignant, du Rassemblement national (RN). Cet accord, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie alors que la France avait besoin de bras pour son économie, crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens, qui n’ont pas besoin de visa spécifique pour rester plus de trois mois dans l’Hexagone et accèdent plus rapidement que les autres étrangers aux titres de séjour pour 10 ans, y compris dans le cadre du regroupement familial. Sébastien Lecornu a tempéré les ardeurs, se disant plutôt favorable à une  renégociation  de l’accord de 1968  le plus vite possible .

Bas contentieux

Avant cette récente tension, les sources de contentieux étaient déjà nombreuses. L’Algérie juge restrictive la politique française en matière de visas. Elle met en cause la procrastination de la France sur les demandes de dédommagement liées aux essais nucléaires au Sahara. Elle dénonce la complaisance de Paris à l’égard d’Israël et ses prises de position en faveur du Maroc dans la question du Sahara occidental.

Les raidissements autoritaires du régime d’Alger n’ont pas incité la France à la mansuétude. Paris a ainsi regretté l’enlèvement d’un influenceur algérien exilé en France et déplore le refus d’Alger d’accueillir ses ressortissants sous le coup d’une OQTF française.

Au final, l’engrenage des mesures et contre-mesures n’a pu conduire qu’à une impasse et une contestation encore plus vive de la place de la France en Algérie et dans sa sphère africaine d’influence.