Quatre redressements judiciaires en onze ans, une aciérie sur le site d’Hagondange en Moselle à l’arrêt depuis la mi-juillet. Gazy Hildiz, délégué central CGT, comprend le sentiment de ras-le-bol exprimé par des métallos pendant que les deux repreneurs potentiels du groupe Novasco défendent à huis clos leur projet devant la chambre commerciale : « les salariés en ont marre de ne pas savoir s’ils seront licenciés ou pas ».
En ce 12 novembre, après une première audience qui s’est tenue le 31 octobre , les trois juges strasbourgeois qui attendaient notamment des précisions sur les garanties financières ont pu entendre les argumentaires du consortium d’investisseurs réunis autour de l’Ardennais Métal Blanc de Julien Baillon d’une part et de l’industriel français Europlasma d’autre part. La chambre commerciale a mis sa décision en délibéré au 17 novembre.
Si un projet de reprise devait être retenu, le groupe spécialisé dans l’acier de haute technologie échapperait à la liquidation judiciaire. Mais « il y a aura beaucoup de casse sociale parmi les 697 employés », prévient Gazy Hildiz. Métal Blanc propose dans une offre « améliorée » de reprendre le seul site dunkerquois. Dans cette hypothèse, 144 emplois seraient préservés sur le site des Dunes à Leffrinkoucke et 553 salariés recevraient leur lettre de licenciement, calcule le syndicaliste CGT : « un avis favorable pour ce projet a été exprimé par la majorité des personnes présentes à l’audience ».
Intérêt partagé pour le site de Dunkerque
La seconde offre présentée par Europlasma soulève toujours de « grandes interrogations » sur les garanties financières, indique le syndicaliste. Le groupe français propose de reprendre les sites de Saint-Étienne dans la Loire, de Custines en Meurthe-et-Moselle, de Dunkerque et d’Hagondange en Moselle, un site est doté d’une aciérie électrique décarbonée. Mais au prix du licenciement de 350 des 430 salariés d’Hagondange et de la fermeture de la dernière aciérie de Moselle. « L’acier serait importé de Suède, les sites seraient des sites de finition », explique Gazy Hildiz.
La fin de l’aciérie d’Hagondange, qui a souffert d’un manque d’investissement, était écrite. « Au lieu que remettre les machines à niveau, elles ont continué à pourrir malgré tous nos efforts », se désole ce groupe de salariés. Pourtant l’État avait mis sur la table 75 millions d’euros lors de reprise de Novasco en 2024 par le fonds britannique Greybull qui a, pour sa part, investi 1,5 million sur les 90 millions attendus, dénoncent les métallos. Une intersyndicale a rendez-vous jeudi 13 novembre à Bercy avec le ministre délégué à l’Industrie, Sébastien Martin, qui, la semaine dernière sur RMC, écartait plutôt la solution d’une nationalisation en considérant que le sujet de fond était « l’acier européen ».