(Actualisé tout du long avec texte promulgué par Trump,
éléments supplémentaires)
par David Morgan et Nolan D. McCaskill
Le président
américain Donald Trump a promulgué mercredi soir un projet de
loi mettant fin à la paralysie des opérations de
l’administration fédérale, environ deux heures après que le
Congrès a voté un accord en ce sens, ouvrant la voie à la
reprise des aides alimentaires apportées à des millions
d’Américains et au versement des salaires des employés fédéraux.
Deux jours après le Sénat, où le Parti républicain dispose
d’une majorité étroite, la Chambre des représentants – également
contrôlée par les pairs républicains de Donald Trump – a voté à
222 voix contre 209 en faveur d’un texte prévoyant le
financement temporaire de l’administration fédérale.
Avec la signature du texte apposée dans la foulée par le
chef de la Maison blanche, des centaines de milliers d’employés
fédéraux mis au chômage technique devraient revenir en poste dès
jeudi, même si un doute plane sur la vitesse avec laquelle
l’ensemble des opérations de l’administration vont reprendre.
Le texte prévoit le financement des opérations de
l’administration fédérale jusqu’au 30 janvier prochain et, en
l’état, laisse entrevoir que la dette publique américaine
(actuellement de 38.000 milliards de dollars) va s’alourdir de
1.800 milliards de dollars par an.
La fin du « shutdown » alimente l’espoir d’un retour à la
normale rapide de certains services cruciaux, comme le transport
aérien, jusqu’alors très perturbé, avec la perspective de la
fête de Thanksgiving dans deux semaines qui donne
traditionnellement lieu à de nombreux déplacements.
La reprise des aides alimentaires apportées à des
millions de familles américaines pourrait aussi favoriser les
achats en vue des fêtes de fin d’année.
Par ailleurs, la fin du « shutdown » signifie que les
agences fédérales vont recommencer à compiler des données
économiques clé, dont l’absence a laissé investisseurs,
décideurs politiques et ménages américains dans le brouillard à
propos de la santé du marché du travail, de la trajectoire de
l’inflation et de la croissance économique dans son ensemble.
Il est toutefois possible que certains « trous » ne soient
pas comblés. La Maison blanche a indiqué que le rapport mensuel
sur l’emploi et l’indice des prix à la consommation qui étaient
prévus en octobre pourraient ne jamais être publiés.
D’après les estimations de nombreux économistes, le
produit intérieur brut (PIB) a perdu un dixième de point de
pourcentage lors de chacune des six semaines du « shutdown ». Une
grande partie de ces pertes devrait cependant être rattrapée au
cours des prochains mois.
PAS DE PROMESSES SUR LES REMBOURSEMENTS DE SOINS DE
SANTÉ
Les républicains ont affiché mercredi leur unité à la
Chambre des représentants, alors que Donald Trump avait apporté
son soutien à l’accord scellé plus tôt cette semaine au Sénat.
Une telle unité était d’autant plus indispensable face à
la colère des démocrates de la Chambre, mécontents que le bras
de fer engagé par leurs pairs du Sénat ait pris fin sans obtenir
ce qu’ils réclamaient depuis des semaines: la garantie que des
remboursements de soins de santé pour des millions d’Américains
seront prolongés au-delà de la fin décembre.
Huit sénateurs démocrates ont fait fi lundi des consignes
des chefs de file du parti au Congrès, décidant de voter en
faveur du texte, avec comme seule contrepartie la tenue d’un
vote en décembre sur la question des remboursements des soins de
santé – sans garantie sur l’issue de ce vote.
Cette décision a d’autant plus surpris après les succès
électoraux de premier plan obtenus une semaine plus tôt par le
Parti démocrate, dans ce qui constituait les premiers scrutins
organisés depuis le début du second mandat de Donald Trump, à un
an des élections de mi-mandat au Congrès (« midterms »).
Contrairement aux républicains du Sénat, le ‘speaker’ de la
Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, n’a
effectué aucune promesse sur un quelconque vote à la chambre
basse concernant les remboursements des soins de santé.
Ni les républicains, ni les démocrates ne semblent sortir
victorieux de la longue impasse sur le « shutdown ». Un sondage
Reuters/Ipsos publié mercredi montre que 50% des Américains
interrogés disent blâmer les républicains, tandis que 47% des
sondés rejettent la faute sur les démocrates.
Il s’agissait de la première séance à la Chambre des
représentants depuis la mi-septembre, une longue pause décidée
par les républicains avec l’objectif d’accentuer la pression sur
les démocrates dans les négociations bipartites.
(David Morgan et Nolan D. McCaskill, avec la contribution de Bo
Erickson, Jason Lange et David Shepardson; version française
Jean Terzian)