Réputé pour son caractère sauvage, le plus long fleuve de France serait en réalité aussi pollué que la Seine, révèle une étude portée depuis 2022 par collectif de chercheurs. En cause: des stations d’épuration inadaptées.

Rien de moins qu’«une contamination généralisée» de la Loire. Le dernier fleuve dit «sauvage» de France serait largement pollué par les microplastiques, à un niveau comparable à celui de la Seine, pointe le rapport public publié cet automne par le collectif de recherche Loire Sentinelle. «Les microplastiques sont omniprésents en Loire. On les retrouve sur tous nos sites d’échantillonnage, des sources à l’estuaire, dans l’eau comme dans les sédiments», indique le rapport, fruit de trois années d’études menées depuis 2022 en long et large du fleuve, sur la base de 140 échantillons prélevés en 20 points de la Loire.

D’après le rapport, cette pollution plastique serait plurielle, mais composée à «une écrasante majorité» – plus de 90% – de microfibres textiles issues du lavage de vêtements synthétiques en machine. Celles-ci se retrouvent dans la Loire en passant entre les mailles des stations d’épuration des eaux usées. Dans le détail, le polyéthylène et le polypropylène représentent respectivement 60% et 26% des plastiques dénombrés au sein des échantillons collectés pour cette étude.


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Un fleuve complexe

La pollution en microplastiques augmente en nombre et en diversité au passage des villes signalent également les auteurs de l’étude. D’après les chiffres publiés, un pic de pollution dans l’eau est observé à Nantes, avec 1245 microplastiques par m3 d’eau – contre 0,233 en amont de Tours ou encore une moyenne d’environ 0,050 entre Saint-Étienne et Orléans. «Ces résultats rendent visibles les liens qui existent entre une mauvaise gestion des déchets, un traitement insuffisant des eaux usées et de ruissellement, et la contamination de la Loire en microplastiques», indique le rapport.

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«Le fleuve est encore plus complexe que ce que nous pensions. Nous avons par exemple observé que les microplastiques ne se fragmentent pas en majorité dans l’océan, mais bien avant, à même le fleuve. On ne s’attendait pas à ce que le processus soit aussi rapide», commente Julien Chapuis, biologiste basé à Angers, co-pilote – avec sa collègue Barbara Réthoré – du projet Loire Sentinelle. «Des prototypes de stations susceptibles de filtrer cette pollution des eaux par les micro et les nanoplastiques sont à l’essai dans le monde. Mais d’ici à ce que ces nouveaux systèmes soient généralisés, il conviendrait de réduire notre consommation de plastique», ajoute Julien Chapuis. Avec le reste du collectif Loire Sentinelle, le biologiste s’exprime notamment en faveur de l’interdiction des plastiques à usage unique et du développement de systèmes de réemploi.

Les travaux du projet Loire Sentinelle ont été réalisés en collaboration avec l’unité de recherche Biologie des Organismes, Stress, Santé, Environnement (BIOSSE) de l’université catholique de l’Ouest, le laboratoire Eau et Environnement (EE) de l’université Gustave Eiffel, et le laboratoire SPYGEN, spécialisé dans l’analyse d’ADN environnemental. Porté par la structure Natexplorers de Julien Chapuis et Barbara Réthoré, ce projet a notamment bénéficié du soutien de l’État et de la préfète coordinatrice du bassin Loire-Bretagne, dans le cadre d’un contrat de plan interrégional État-Régions. La Fondation François Bel et la Mission Val de Loire ont aussi participé à son financement.