Par
Julien Sournies
Publié le
13 nov. 2025 à 17h02
À leur grand dam, ce type d’intervention est devenu plus que monnaie courante pour les secouristes de la CRS Alpes depuis plusieurs semaines. Influencées par des contenus vidéos relayés sur les réseaux sociaux, nombre de personnes se prêtent désormais à la randonnée en montagne. Si la pratique peut paraître simple au premier abord, celle-ci comporte de nombreux risques, notamment en cette période de l’automne, où les variations de températures entre le jour et la nuit sont les plus marquées en altitude.
Benjamin Valla, chef de service à la CRS Alpes, revient auprès d’actu Grenoble sur des « comportements dangereux » qui ont connu une croissance exponentielle en l’espace de seulement quelques mois.
L’une de leurs dernières interventions en date illustre parfaitement ce fléau pour les secouristes en montagne : après avoir été inspirés par une vidéo TikTok vantant la beauté des paysages alpins, cinq jeunes randonneurs originaires de l’Hérault ont décidé de bivouaquer à proximité du lac Blanc dans la nuit de samedi 8 à dimanche 9 novembre.
Seulement, le groupe de jeunes, mal équipé et néophyte en matière de randonnée en altitude, s’est vite retrouvé frigorifié. Désireux de gagner quelques degrés en tentant de descendre la vallée, ils se sont rapidement heurtés à plusieurs sentiers gelés, avant de se retrouver coincés sur des barres rocheuses recouvertes de glace surplombant des dizaines de mètres de vide.
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« On a clairement passé un cap depuis cet été »
Si les cinq randonneurs ont finalement pu être secourus, Benjamin Valla et ses collègues ne cachent pas leur inquiétude face à un phénomène en constante hausse. « Avant, ça ne se produisait pas, mais maintenant ça a explosé. On a clairement passé un cap depuis cet été, avec une recrudescence qui touche une tranche d’âge particulièrement jeune », observe-t-il.
L’influence des réseaux sociaux est puissante : on y trouve des jolies cascades, de jolis paysages et des beaux couchers de soleil. D’un côté, c’est bien, car ils se lancent dans l’aventure, mais pour ça il ne faut pas le faire de manière naïve sans faire d’études du secteur au préalable et sans le matériel adéquat.
Benjamin Valla
Chef de service à la CRS Alpes
Alors que ce type de contenu existe pourtant depuis presque toujours sur les réseaux sociaux, comment expliquer cette « explosion » du nombre d’interventions depuis cet été ? « Je pense que les gros épisodes de canicules ont clairement motivé les gens à rechercher un peu de fraîcheur en montagne. On s’est dit que l’été passé, le phénomène allait se marginaliser, mais toutes les semaines encore, il se passe des choses avec des gens qui font n’importe quoi et qui n’ont aucune solution de repli », explique Benjamin Valla.
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»On fait énormément de régulation à distance »
Si ce type d’intervention a considérablement augmenté, le secouriste ne compte pas tout le travail de prévention effectué en parallèle. « Il faut savoir qu’on ne part pas systématiquement en intervention, on fait énormément de régulation à distance. On a souvent des gens très angoissés que l’on doit rassurer », précise-t-il.
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Pour éviter que ce phénomène de « mimétisme » avec les réseaux sociaux ne prenne encore plus d’ampleur, Benjamin Valla livre quelques conseils : « Ce qu’il faut impérativement faire, c’est de se renseigner sur les conditions météo, surtout en montagne et en automne, où l’on peut se retrouver en limite pluie-neige rapidement. Si on ne fait pas ça, on peut vite se retrouver sur des sentiers piégés particulièrement dangereux comme ces jeunes le week-end dernier. »
L’idéal, c’est aussi de prendre renseignement avec des professionnels, notamment sur le matériel à prendre, surtout lorsqu’on veut bivouaquer. Il ne faut pas non plus hésiter à effectuer des sorties avec des professionnels avant de se lancer en solo.
Benjamin Valla
Chef de service à la CRS Alpes
Bien que ce phénomène donne davantage de fil à retordre à la CRS Alpes ces derniers temps, le secouriste assure néanmoins que « dans la plupart des cas, ça se passe bien ». Reste à savoir si ces comportements influencés par les réseaux sociaux vont être amenés à diminuer, au regard des fortes chutes des températures annoncées la semaine prochaine dans les Alpes et partout en France.
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