Le Parlement européen a approuvé ce jeudi 13 novembre l’objectif climatique de l’Union européenne en 2040, reprenant les grandes lignes d’un compromis arraché dans la douleur entre les 27 Etats membres au début du mois, après une vingtaine d’heures de négociations. Les eurodéputés ont soutenu par 379 voix contre 248 l’ambition de réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre en 2040 (par rapport au niveau de 1990), au prix d’une série de flexibilités. L’UE est le quatrième émetteur de gaz à effet de serre dans le monde, loin derrière la Chine, les Etats-Unis et l’Inde.
Selon le texte entériné, les Européens devront baisser de 85 % leurs émissions domestiques d’ici quinze ans, et acquérir 5 % de crédits carbone internationaux, destinés à financer des projets de décarbonation en dehors de l’Union européenne. Ce dispositif agace les associations environnementales, qui y voient une «délocalisation» de l’effort climatique et redoutent qu’il n’ait pas d’impact réel sur la baisse des émissions.
Le compromis européen ouvre d’ailleurs la voie à des crédits carbone internationaux supplémentaires lors d’une future révision de cette loi climat. Ce jeudi, le Parlement a précisé ce volet qui restait flou dans l’accord scellé entre les Etats le 5 novembre : ces éventuels crédits internationaux supplémentaires ne pourront représenter que 5 % de la trajectoire nationale des Vingt-Sept dans des domaines tels que les bâtiments, l’agriculture, la petite industrie, les déchets et les transports, hors aviation. Les eurodéputés ont aussi insisté sur la «qualité» de ces crédits internationaux, pour qu’ils contribuent effectivement à la lutte contre le changement climatique et bénéficient à des pays du Sud qui en ont le plus besoin.
Comme les Etats membres, le Parlement a, en outre, soutenu le report d’un an de l’extension du marché du carbone au transport routier et au chauffage des bâtiments, une revendication régulière de la Hongrie ou de la Pologne. Cette extension, prévue pour 2027, ne sera finalement déployée qu’en 2028. Un coup dur pour les pays les plus engagés en faveur du climat, comme les Scandinaves.
Ce vote, qui intervient au moment même où se déroule la COP30 à Belém, au Brésil, depuis lundi 10 novembre. Et maintenant ? Place aux négociations entre États membres en vue d’une adoption définitive.