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Rédaction Normandie

Publié le

13 nov. 2025 à 17h10

Le 13 novembre 2015, l’innommable s’est produit. À 22 heures, lors du concert du groupe de rock américain Eagles of Death Metal, au Bataclan, à Paris, des terroristes attaquaient la salle de spectacle, faisant 130 morts et 413 blessés. Cette tragédie a profondément marqué la France et le monde entier. Au fil des années, les survivants, les protagonistes et les familles ont témoigné de l’horreur. Dix ans plus tard, la douleur reste vive. Le public souhaite comprendre, et la culture constitue un moyen privilégié d’aborder ce sujet sensible.

Vous n’aurez pas ma haine, un hommage aux victimes du 13 novembre

C’est le choix qu’a fait le comédien Frédéric Seaux pour sa deuxième création, et la première de sa compagnie Cogito. Samedi 29 novembre, à 20 h 30, à l’espace culturel Bourvil de Franqueville-Saint-Pierre, près de Rouen, sous la direction de Patrick Luciani, et seul en scène, il incarnera le personnage d’Antoine Leiris dans Vous n’aurez pas ma haine.

Résidant à Saint-Jacques-sur-Darnétal, âgé de 51 ans, Frédéric Seaux est professeur de français, histoire et géographie au lycée Élisa Lemonnier, au Petit-Quevilly. Passionné par les mots, il a été correspondant de presse pour Le journal d’Elbeuf, La Terre, l’Humanité dimanche et l’Humanité, ainsi que chroniqueur pour plusieurs radios locales.

En 2011, après avoir lui-même écrit quelques livres sur l’Histoire locale, il a aussi fondé la maison Cogito, au sein de laquelle durant huit ans, il a édité 54 romans, des livres jeunesse, des autographies, des recueils de poésies, etc. « Avec les auteurs, nous avons obtenu 15 prix locaux et régionaux. C’était une passion, un plaisir, mais j’ai dû arrêter pour des raisons très personnelles et aussi à cause d’une usure auprès de quelques auteurs et libraires », explique Frédéric Seaux.

Découverte du théâtre il y a une dizaine d’années

Il faut dire qu’entre-temps, il y a une dizaine d’années, le prof a découvert le théâtre : « J’ai toujours voulu en faire. J’ai consacré mon mémoire de maîtrise d’histoire à la politique théâtrale de la municipalité communiste d’Aubervilliers, entre 1945 et 1985, où mes parents habitaient. En plus, sans prétention, je l’enseignais à mes élèves ».

Frédéric Seaux est donc monté sur scène la première fois en septembre 2013, lorsqu’il a rejoint le Théâtre d’en haut, à Rouen, et fait la connaissance de son mentor, Patrick Luciani : « Je suis resté dans son atelier pendant cinq ans. Je lui dois tout. Ensuite, j’ai commencé à jouer dans leurs pièces ».

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C’est, comme pour beaucoup de personnes, la crise du Covid qui a tout bouleversé. « Je m’ennuyais et je découvre alors Raphaël Personnaz dans Vous n’aurez pas ma haine. C’est un choc culturel, artistique. Je suis estomaqué. J’ai voulu ce texte. Mais, alors que je commence à l’apprendre, encore sous l’émotion, je l’ai mis de côté », se souvient Frédéric Seaux, qui s’est donc attaqué à une autre œuvre, L’instant précis où Monet rentre dans l’atelier. Un seul en scène qu’il a déjà joué plus d’une vingtaine de fois et qui l’a fait connaître du grand public, notamment lors du festival Normandie Impressionniste. « Un spectacle qui m’a surtout permis d’apprendre les codes du seul en scène », confie le comédien.

Comme un forgeron, le comédien se forme lors de chaque représentation. Il fonde ainsi la Compagnie Cogito « pour être libre du choix de mes pièces. J’en ai deux à moi pour le moment, plus une que je produis. J’ai voulu prendre mon envol. C’est là aussi que je me suis senti capable de reprendre les répétitions du texte d’Antoine Leiris. J’ai obtenu les droits et j’ai trouvé un metteur en scène. Patrick Luciani, installé aujourd’hui en Touraine a immédiatement accepté », explique Frédéric Seaux.

Représentation à quelques jours des dix ans des attentats

Depuis, une fois par mois, les répétitions ont lieu de façon intensive. La première a eu lieu le 15 novembre aux Mots Éphémères, à Rouen, puis le 29 novembre, ce sera donc à l’espace culturel Bourvil de Franqueville-Saint-Pierre.

« Nous serons à quelques jours du dixième anniversaire des attentats », constate Frédéric Seaux, qui souligne que la pièce est directement accrochée à ce massacre : « Sur les planches, je suis dans la peau d’Antoine Leiris, à l’époque journaliste à Radio France, qui pendant qu’il garde son fils de 17 mois, apprend par des messages et en regardant la télévision que sa femme a été tuée lors du concert au Bataclan. À partir de là, il faut supporter l’insupportable. Comment l’annoncer à son enfant ? Comment vivre à deux alors que c’était prévu à trois ? Comment continuer à vivre sans la haine pour les assassins, car ce serait leur donner trop d’importance ? Non, il veut continuer à vivre sans haine pour rendre son fils heureux. Ce soir, vous avez tué son amour, mais vous n’aurez pas sa haine ! ».

Le Saint-Jacquais indique que ce n’est pas un texte sur la vengeance, mais sur la résilience, « d’une douce violence. Un texte puissant et profondément positif. Avec Patrick Luciani, nous l’avons voulu en toute sobriété et douceur. C’est notre parti pris », conclut-il.

Vous n’aurez pas ma haine, d’après le récit d’Antoine Leiris, avec Frédéric Seaux, sur une mise en scène de Patrick Luciani, le samedi 29 novembre à 20 h 30 à l’espace culturel Bourvil, à Franqueville-Saint-Pierre. Tarif réduit : 6 euros / tarif plein : 12 euros. Réservation : billets en vente à l’accueil de la mairie, au 02 35 80 20 39 ou par mail à [email protected]Suivez l’actualité de Rouen sur notre chaîne WhatsApp et sur notre compte TikTok

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