Deux mois et demi après avoir pourtant prétendu le contraire, le ministère de l’Environnement n’a toujours pas mandaté le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) dans le dossier de l’homme d’affaires Glenn Chamandy, dans les Cantons-de-l’Est.

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Le Journal a appris en effet que, loin d’avoir progressé dans ce dossier, le DPCP était dans les faits toujours dans l’attente d’une demande officielle du cabinet du ministre de l’Environnement du Québec afin de procéder dans cette affaire.

Vue aérienne d’une partie des travaux d’aménagement d’un terrain de golf entrepris sans autorisation apparente sur la propriété de l’homme d’affaires Glenn Chamandy, à Austin, en Estrie.

Vue aérienne d’une partie des travaux d’aménagement d’un terrain de golf entrepris sans autorisation apparente sur la propriété de l’homme d’affaires Glenn Chamandy, à Austin, en Estrie.

Photo Marco Bergeron – Le Reflet du Lac – Magog

«Malgré ce qu’on vous dit, je vous assure que ce dossier n’existe pas au DPCP. Non seulement il n’existe pas aujourd’hui, il n’a même jamais existé chez nous», nous a confirmé, après maintes vérifications, Patricia Johnson, porte-parole du DPCP.

Des hectares de forêt décimés

Le PDG de la multinationale Gildan, Glenn Chamandy, et son épouse, Amel Murad Chamandy, font l’objet d’attention particulière depuis qu’il a été révélé, l’été dernier, que d’importants travaux d’aménagement d’un terrain de golf avaient été entrepris sans autorisation sur leur domaine privé d’Austin, dans les Cantons-de-l’Est.

Glenn J. Chamandy, président et chef de la direction de Gildan.

Glenn J. Chamandy, président et chef de la direction de Gildan.

Photo d’archives

Ces travaux auraient entraîné le déboisement ou l’abattage de plusieurs hectares de forêts centenaires et protégées, dont certaines «en milieu humide et hydrique». Une situation qui a rapidement soulevé l’ire de la petite communauté riveraine du lac Memphrémagog et de l’organisme environnemental Memphrémagog Conservation inc (MCI).

Après des dénonciations, la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) et le ministère de l’Environnement du Québec ont fait enquête au cours de l’été et ont chacun conclu à l’illégalité des gestes commis. Des ordonnances et des avis de non-conformité ont depuis été présentés aux propriétaires des lieux pour faire cesser les travaux.

«Une erreur de bonne foi»

Mais, il appert que Québec n’a toujours pas confié le dossier au DPCP, contrairement à l’information que le personnel du cabinet de l’ex-ministre de l’Environnement Benoit Charette avait pourtant communiquée à la presse au mois d’août dernier.

Le nouveau ministre de l’Environnement, Bernard Drainville, a refusé de nous accorder une entrevue à ce sujet. Son attaché de presse, Maxime Tremblay, a défendu pour sa part le cabinet d’avoir tenté d’induire la population en erreur pour laisser croire qu’il avait les choses en main.

Il s’agit plutôt, écrit l’attaché de presse, «d’une erreur commise de bonne foi». «Le ministère continue de demander le rétablissement des milieux naturels et l’enquête pénale se poursuit au niveau du ministère en parallèle.»

Ci-haut, le témoignage d’un travailleur ayant pris part aux travaux de déboisement qui ont eu lieu sur la propriété de l’homme d’affaires Glenn Chamandy à Austin.

Ci-haut, le témoignage d’un travailleur ayant pris part aux travaux de déboisement qui ont eu lieu sur la propriété de l’homme d’affaires Glenn Chamandy à Austin.

Tirée de Facebook

Surprise, la présidente du MCI Johanne Lavoie a qualifié de «désolante» la manière dont le ministère a prétendu avoir saisi le DPCP de cette affaire sans l’avoir véritablement fait. Rappelant la gravité des gestes commis, elle affirme «continuer de compter sur les autorités compétentes pour faire le travail de surveillance et de suivi jusqu’au bout. »

Aucun autre détail ne nous a été communiqué par le cabinet quant à l’avancement de l’enquête et à ses intentions de transmettre le dossier au DPCP. Le cas échéant, il appartiendrait à ce dernier de signifier les constats d’infraction en vue de l’imposition des amendes prévues par la Loi sur la qualité de l’environnement.

Nos questions concernant le plan correcteur proposé par les Chamandy sont demeurées lettre morte. Il en va de même, mardi, de notre demande d’entrevue avec la direction régionale du contrôle environnemental de l’Estrie.

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