Par

Adrien Filoche

Publié le

13 nov. 2025 à 18h56

« Devenir les pionniers du transport scolaire. » Voilà l’un des objectifs que s’est fixés la startup Human-Mob, dont les locaux sont installés à Canteleu (Seine-Maritime), près de Rouen. Depuis 2022, cette jeune pousse normande s’est attelée à développer son propre vélo collectif à pédales et assistance électrique, notamment dédié pour le ramassage scolaire… mais pas que ! Parallèlement, les équipes ont également développé un second prototype pour le transport de marchandises. En plein essor, la startup multiplie les apparitions, notamment lors de Vivatech 2025, un salon consacré à l’innovation technologique. Le 15 novembre prochain, Human-Mob sera reçue à l’Élysée pour présenter son projet. Ce même mois, l’entreprise a lancé une levée de fonds afin de récolter 2,5 millions pour commencer la production industrielle de ses vélos innovants. Une production qui sera faite en Normandie.

Un vélo collectif à pédales et assistance électrique

Human-Mob s’inscrit dans la continuité du projet S’Cool Bus, ce vélo collectif utilisé pour le transport scolaire dans l’agglo Seine-Eure et notamment porté par Amaury Piquiot, associé de l’entreprise. Entre 2014 et 2020, ce véhicule a permis le transport de près de 40 000 enfants sur 23 000 km. « S’Cool Bus, c’était un vélo importé des Pays-Bas. On a voulu développer notre propre vélo collectif, français », explique Morgan Dauguet, l’un des associés chez Human-Mob.

Une longue phase de recherche et développement a été menée dès 2022 et a permis d’aboutir aujourd’hui sur deux prototypes quasiment finaux : le Walybus, un vélo collectif de 9 places à pédales et assistance électrique pour le transport de personnes et le Walypro, son équivalent équipé d’un conteneur pour le transport de marchandises. « On a fait le choix de développer un seul châssis pour deux usages différents », précise Morgan Dauguet.

Le fonctionnement du Walybus est simple : les passagers se positionnent sur les sièges équipés de pédaliers. À l’avant, un conducteur dirige le véhicule. « En pédalant, on permet de recharger la batterie du vélo, mais ce n’est nécessaire pour le faire avancer. Il est autonome », souligne l’associé. À noter que le Walybus peut également accueillir une place PMR (personne à mobilité réduite), en retirant deux de ses sièges.

Le vélo, qui fait 4,2 mètres de long, 1,15 de large et 2,3 de haut, est dimensionné pour rouler sur les pistes cyclables. Bridé à 25 km/h, il dispose d’une autonomie de 100 km et est équipé d’une bâche amovible en cas de pluie. Plutôt pratique en Normandie.

Développer les mobilités douces

Présenté comme un moyen de lutter contre la pollution, les embouteillages en ville, mais aussi la sédentarité, « ce projet répond à une volonté de développer la mobilité active et décarbonée en France », insiste Morgan Dauguet. Et d’ajouter : « Pour les enfants, il y a un trois en un : on propose une activité physique, on fait de la pédagogie routière et il y a un côté ludique. »

En plus du transport scolaire, Human-Mob souhaite multiplier les usagers. « Le vélo peut aussi être utilisé en multimodalité, pour connecter les gares par exemple. On pense aussi à de l’événementiel ou de  l’écotourisme, sur le même schéma que le petit train à Rouen, mais également pour le transport privé », liste Morgan Dauguet.

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Le Walypro, la version « transport de marchandises » du Walybus, est quant à lui équipé d’un conteneur permettant l’acheminement de marchandises. « Il peut emporter six mètres cubes de fret et dispose d’une capacité de 650 kg de charge », détaille l’associé.

Concernant les usages, cette seconde version du vélo collectif vise un marché large, « autant les collectivités que les logisticiens privés », que ce soit pour le ramassage de déchets, la livraison des restaurateurs ou des commerces en ville, ou encore le transport de médicament pour les hôpitaux.

Une levée de fonds

Depuis la phase de développement de leur vélo collectif, les associés ont travaillé d’arrache-pied pour pouvoir produire leur véhicule dans la région. « Notre souhait, c’était de sécuriser le projet industriel en Normandie. On veut faire vivre notre territoire et on répond à un objectif de souveraineté industrielle », poursuit Morgan Dauguet.

Pour y parvenir, Human-Mob s’est rapproché de l’entreprise Technomap basée à Dieppe. En 2025, son président a ainsi rejoint le capital de la startup. C’est donc sur ce site industriel normand que seront conçus les futurs Walybus et Walypro.

La suite pour Human-Mob, c’est finaliser les prototypes et de lancer la production dès 2026. L’objectif est de produire 50 vélos en 2026, avec le premier sorti d’usine dès juin, puis 100 en 2027. Concernant les tarifs, le prix de vente d’un Walybus est fixé à 50 000 euros, contre 35 000 pour un Walypro. « À partir de 2028, notre hausse de production permettra de réduire les prix », note Morgan Dauguet.

Pourquoi aller chercher ailleurs ce qu’on peut produire sur notre territoire ?

Morgan Dauguet,
associé chez Human-Mob.

Afin de commencer la phase d’industrialisation, la startup a lancé une levée de fonds à 2,5 millions d’euros. L’enveloppe totale pour la production des 150 véhicules est fixée à 8 millions d’euros.

L’avenir s’annonce radieux pour cette jeune pousse rouennaise, qui note avoir déjà cumulé de nombreuses lettres d’intérêt de la part de collectivités en Normandie, mais aussi dans toute la France. « La Métropole d’Orléans a d’ores et déjà annoncé son souhait de tester nos véhicules pour le ramassage scolaire », précise à ce propos Morgan Dauguet. Du côté de la Métropole de Rouen, « ils nous suivent pour nos phases expérimentales », mais rien n’est signé pour le moment.

Samedi 15 novembre, les associés seront reçus à l’Élysée à l’occasion de la Grande Exposition du Fabriqué afin de faire mieux connaître leur projet de mobilité écoresponsable et innovante. « Dès les prochains jours, on enchaîne avec le salon des maires. On y présentera nos deux véhicules », poursuit Morgan Dauguet.

Les ambitions de la startup normande sont grandes. Dès 2028, Human-Mob espère obtenir des homologations européennes afin de s’étendre sur ces nouveaux marchés.

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