C’est un adolescent décrit comme dépressif, mais dont les agissements ont plongé la France dans la stupeur. Au lendemain de l’attaque au couteau dans un collège-lycée privé de Nantes qui a fait un mort et trois blessés, les enquêteurs tentent ce vendredi de cerner les motivations de l’auteur présumé. Mais qui est Justin P. ? 20 Minutes s’est penché sur son profil.
Quel est le profil psychiatrique du suspect ?
Justin P. est décrit comme dépressif et, après un examen psychiatrique, il a été hospitalisé jeudi soir. « Le psychiatre ayant procédé à l’examen du mis en cause a conclu à l’incompatibilité de son état de santé avec la mesure de garde à vue en cours », a expliqué le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy à la presse dans la soirée.
Cet élève du collège-lycée privé Notre-Dame de Toutes-Aides, interpellé peu après les faits, a poignardé mortellement une de ses camarades jeudi en milieu de journée, avant de s’attaquer à trois autres élèves, dont un était encore entre la vie et la mort jeudi soir.
C’est quoi cet étrange manifeste ?
Peu avant d’attaquer ses camarades au couteau, l’adolescent de 15 ans a envoyé aux élèves un courriel sombre et confus de 13 pages intitulé « L’action immunitaire ». Il y évoque notamment « la mondialisation [qui] a transformé notre système en une machine à décomposer l’humain », revendiquant une « révolte biologique » afin que « l’équilibre naturel, même cruel » reprenne « sa place » contre « l’écocide globalisé ». Il s’interroge : « pourquoi continuer à vivre soumis à un système qui détruit notre essence même ? »
Au milieu de ce long texte, Justin P. introduit une image de la peinture du Misanthrope, tableau réalisé par Pieter Brueghel l’Ancien en 1568 et livre une étrange analyse d’œuvre. « Même si le monde est un piège, même s’il gagne toujours, le fait de lutter, de crier, de résister, même seul, est une forme d’absolu. La seule solution, ce serait peut-être d’agir, de refuser, de saboter et de protéger », écrit l’adolescent. Dans son introduction, il fait d’ailleurs une précision glaçante : « ce document ne justifie aucun acte ». Une phrase qui laisse à penser que l’attaque dont il est soupçonné a été anticipée.
Idées « nazies » et 11-septembre
Justin P. était connu pour son comportement singulier. « Le lycéen, les gens le connaissaient comme dépressif, il disait qu’il adorait Hitler », a témoigné une collégienne auprès de l’AFP. « Il n’était normal », confie aussi l’un de ses anciens camarades de classe interrogé par Le Figaro. « Il partageait des idées bizarres, des idées nazies. Il rigolait de ça mais moi je ne pense pas qu’il rigolait tant que ça », ajoute cet élève de 3e.
Un ami du lycéen, rencontré par BFMTV devant l’établissement, explique qu’il lui a fait ses adieux « sur Snapchat ». « Il me disait : « Longue vie à toi », « Que du bonheur », « Prends soin de ta famille » », explique le jeune homme de 18 ans qui explique que Justin P. avait des intérêts surprenants, des nazis en passant par le djihadisme.
« Ce qui m’a fait le plus peur, c’est quand il m’a parlé du 11-Septembre. Il nous disait : « Ça a l’air incroyable de détourner un avion. De conduire un avion sans savoir le conduire… » », se souvient le témoin. Le jeune homme avait d’ailleurs des tendances « suicidaires », d’après Le Parisien. D’après le quotidien, il aurait demandé à un policier de lui « tirer une balle dans la tête » lors de son interpellation. La justice devra trancher si son discernement était plein et entier lors de la tuerie.