Alexandra Jouan, qui est le Collectif Enfantiste 54 dont vous êtes l’une des membres ?

« Le Collectif Enfantiste a été créé en 2022, sous l’impulsion d’une activiste féministe consciente que la question des enfants restait très invisibilisée. Alors même qu’ils sont confrontés à de nombreuses situations problématiques. Et 2024 officiellement (plutôt 2025 en réalité) a été créé le collectif 54, à savoir un rassemblement de citoyens (victimes ou non). »

Quelle est la vocation de l’enfantisme ?

« Dénoncer le fait que la convention censée protéger le bien-être supérieur de l’enfant n’est pas respectée. Soulever la question des droits des enfants et des violences de tous types qu’ils peuvent subir. À commencer par les violences sexuelles et sexistes, certes, mais pas seulement. D’autres, nombreuses, sont beaucoup plus insidieuses. »

Vous pouvez nous en dire plus ?

« La violence éducative ordinaire que les parents peuvent exercer, par exemple. Dont la fameuse fessée. Dans les procédures judiciaires, aussi, où la victime est un enfant, sans pour autant que sa parole soit entendue. Souvent considérée comme illégitime. Dans le cadre de l’ASE, l’aide sociale à l’enfance, on peut parler de maltraitance institutionnelle et éducative, tant les fonds alloués y sont insuffisants. Et ce ne sont là que quelques exemples. Les enfants sont au cœur de plusieurs luttes, celles menées contre le patriarcat, les discriminations de toutes natures, la LGBTQUIA + phobies, les rapports de dominations, etc. »

Et que proposez-vous alors ?

« De réfléchir la société à hauteur d’enfants, de sorte de les protéger et faire reconnaître leurs droits. L’actualité ne cesse de nous signifier qu’il y a urgence, à commencer par l’affaire Bétharram ou Le Scouarnec. Et il est temps de faire pression auprès des politiques pour qu’il y ait, par exemple, un vrai ministère de l’Enfance. »

Comment défendez-vous votre cause ?

« Sur les réseaux sociaux, en expliquant ce qu’est l’enfantisme, en faisant état des diverses violences, en donnant du vocabulaire, en sensibilisant à l’éducation non violente, à la façon de recueillir la parole de l’enfant, etc. Et bien sûr en organisant des événements comme celui de samedi 15 novembre. »

À savoir ?

« Un rendez-vous donné en écho à la signature de la Convention des droits de l’enfant signée le 20 novembre 1989. L’an passé en France, 7 villes y ont participé. Cette année, elles seront 32. Et à Nancy, au parc de la Pépinière entre 14 h et 15 h, on ouvrira un espace de visibilité des enfants, de sorte qu’ils occupent l’espace public, avec différents moyens pour eux de s’exprimer via des ateliers. Y figurera notre collectif, mais aussi d’autres organisations invitées (Les Apoïdes, Pour la mémoire d’Amandine Florès, Equinoxe, Quartier Libre Nancy, etc.). Les adultes pourront s’y associer bien sûr. Après tout, on a tous été enfants. Cela étant dit, on doit bien être conscients qu’on ne l’est pas aujourd’hui. Or la société a bougé. Et cette réalité-là – être enfant aujourd’hui – il n’y a qu’eux qui peuvent la porter. »