Politique

En réponse à une demande écrite formulée par l’élu niçois Philippe Vardon, la préfecture méditerranéenne a reconnu l’existence de onze structures fréristes, notamment à Nice. 

Publié le 13 novembre 2025 à 20h32

L'élu d'opposition à Nice Philippe Vardon présente la lettre de réponse de la préfecture des Alpes-Maritimes à sa question relative à l'implantation des Frères musulmans dans le département. Photo©DR

L’élu d’opposition à Nice Philippe Vardon présente la lettre de réponse de la préfecture des Alpes-Maritimes à sa question relative à l’implantation des Frères musulmans dans le département. Photo©DR

À Nice, les dates s’alignent comme un mauvais calendrier commémoratif : dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, cinq ans après l’attaque de la basilique Notre-Dame, bientôt le dixième anniversaire du carnage de la Promenade des Anglais.

On se prend à rêver de tourner la page. Raté : l’islamisme revient sans cesse, et cette fois, ce n’est plus un élu de l’opposition qui alerte, mais l’État lui-même.

Dans un courrier daté du 19 août 2025, le préfet des Alpes-Maritimes reconnaît noir sur blanc l’existence d’une implantation structurée de la mouvance des Frères musulmans dans le département méditerranéen. 

Cette réponse est adressée à Philippe Vardon, président du groupe d’opposition « Retrouver Nice », également délégué général d’Identité-Libertés, le mouvement fondé et présidé par Marion Maréchal.

Onze mosquées fréristes et une école hors-contrat

Dans une lettre du 22 mai 2025, l’élu demandait formellement au préfet si des organisations liées à ce courant islamiste étaient implantées dans le département. 

On aurait pu lui répondre par une pirouette. Le représentant de l’État, cette fois, joue franc-jeu. « Je peux vous indiquer que la déclinaison locale de la mouvance frériste baptisée “Musulmans de France” est représentée par l’Union des Musulmans des Alpes-Maritimes (UMAM) et la Fédération Azuréenne des Mosquées et Institutions Islamiques Indépendantes (FAMIII). »

Les sigles s’empilent, le maillage se précise. Le préfet détaille : l’UMAM fédère six lieux de culte à Nice et un à Menton. Des associations affiliées à la FAMIII gèrent quatre lieux supplémentaires dans la seule ville de Nice.

Au total, onze mosquées ou salles de prière – dont dix à Nice – sont ainsi officiellement identifiées comme relevant de cette mouvance frériste. La cartographie se précise.

Le préfet ne s’arrête pas aux lieux de culte. Il évoque aussi un établissement scolaire déjà bien connu des services de l’État : le collège privé hors contrat Avicenne.

L’école a fait l’objet d’une fermeture administrative préfectorale, décision finalement annulée par le tribunal administratif de Nice le 2 juillet 2024. Malgré l’appel porté par l ’État a fait appel, l’annulation a été confirmée par la justice.

Un constat, mais quelles solutions ?

Une fois ce décor posé, le ton change. S’il admet une implantation organisée, le représentant de l’État se montre nettement plus prudent sur la riposte.

Les statuts des associations, assure-t-il, ont fait l’objet de « contrôles appropriés » et d’un « suivi très attentif ». On mentionne la cellule de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR), chargée de coordonner services de l’État et parquets. À chaque menace, son acronyme rassurant.

Pour Philippe Vardon, cette lettre ne se résume pas à une réponse administrative, mais ressemble à un acte de consécration. La confirmation officielle de ce qu’il répète depuis près de vingt ans. « Souvent sous les sarcasmes politiques ou médiatiques, tance-t-il. Dix mosquées liées aux islamistes des Frères musulmans à Nice : ce n’est désormais plus seulement Philippe Vardon qui le dit, c’est le préfet ! »

Le Niçois ne sabre pas le champagne pour autant. Il ne se contente pas du constat, aussi précis soit-il. Fort de ce courrier, il réclame désormais des actes. Pas des circonvolutions. 

« L’expérience l’a démontré : attendre, c’est toujours attendre qu’il soit trop tard »

Ses exigences ? Un contrôle renforcé, permanent et transparent des structures identifiées comme fréristes ; la publication annuelle d’un état des lieux du communautarisme islamique dans les Alpes-Maritimes ; l’application sans états d’âme de la loi de 2021 sur le “séparatisme”, en particulier sur les financements, la gouvernance associative et l’encadrement des mineurs ; enfin, une ligne municipale claire, notamment à propos d’un projet d’école islamique clandestine qui inquiéterait les habitants du quartier du Parc Impérial, à Nice.

En toile de fond, il y a autre chose qu’un bras de fer entre un opposant municipal et la préfecture : la mémoire des morts. Nice, ville frappée à plusieurs reprises, reste l’un des symboles nationaux de la vulnérabilité française face à l’islamisme politique et au séparatisme religieux. 

« L’expérience l’a démontré : attendre, c’est toujours attendre qu’il soit trop tard », prévient Philippe Vardon, en appelant à ne plus se retrancher derrière la seule grille de lecture de l’“ordre public immédiat” pour mesurer la menace.

Et de conclure : « Dix ans après l’horreur, alors que Nice est aussi une ville martyre, notre premier devoir envers les victimes est la vérité et la lucidité. La vérité, la lucidité, et l’action. Rien d’autre. »