

Aujourd’hui, 4,1 millions de personnes sont traitées pour un diabète en France, et près de 600 000 autres ignorent qu’elles vivent déjà avec la maladie. Une progression constante qui annonce déjà 520 000 cas supplémentaires d’ici 2027 selon la Fédération Française des Diabétiques.
“C’est un fardeau sociétal majeur”, rappelle sans détour Jean-François Thébaut, vice-président de la Fédération Française des Diabétiques. Non seulement parce que le diabète coûte plusieurs milliards à l’Assurance maladie, mais surtout parce qu’il impose une vigilance permanente, une discipline qui façonne la vie de celles et ceux qui en souffrent. Une maladie dont, selon lui, “on ne guérit jamais vraiment car il revient avec les mauvaises habitudes”.
Et pourtant, malgré ce poids médical, logistique et économique, un autre fardeau, celui de la santé mentale, est largement ignoré. Car à force de surveiller la glycémie, on en oublie parfois l’émotionnel. Hypoglycémies, hyperglycémies, complications, injonctions de réussite, peur de “mal faire”… Le diabète puise dans les réserves psychologiques autant que dans les ressources physiques.
Diabète : une maladie du corps mais aussi de l’esprit Santé mentale : le choc du diagnostic
“Gérer la maladie provoque une charge mentale qui conduit à la détresse”, rappelle la psychologue Sarah Clément, spécialisée dans l’accompagnement des maladies chroniques. Et cette charge mentale se construit dès l’annonce.
Car l’annonce peut être brutale, expédiée entre deux portes, ou au contraire bien accompagnée, expliquée, contextualisée. Et selon Sarah Clément, tout commence là : “La manière dont on vit son diabète dépend beaucoup de la façon dont on a vécu son diagnostic. L’âge, l’entourage et l’état émotionnel dans lequel on se trouve au moment de l’annonce influencent profondément la suite.”
Un adulte en pleine vie professionnelle ne réagira pas comme un adolescent qui voit son avenir bousculé. De même qu’une annonce faite dans un climat familial rassurant n’aura rien à voir avec un contexte de solitude. Certains vont s’accrocher aux explications du soignant comme à une bouée, d’autres vont être traversés par un mélange de peur, de honte ou de colère.
Ce premier contact avec la maladie colore ensuite tout le rapport que l’on aura avec elle. Pour certains, le diabète devient un défi. Pour d’autres, il reste une menace permanente, un rappel que le corps peut lâcher à tout moment.
Et pourtant, la santé mentale relégué au second plan
On parle volontiers de glycémie, rarement de l’impact psychologique. Pourtant, selon la Fédération Française des Diabétiques, 77 % des personnes vivant avec un diabète déclarent avoir souffert d’un trouble de santé mentale lié à la maladie.
Le baromètre DiaMind, lui, enfonce le clou :
- Près de 79 % des personnes interrogées évoquent un épuisement émotionnel,
- 48,5 % présentent une véritable détresse liée au diabète.
Un constat lié à l’usure provoquée par les exigences incessantes de la maladie. Anticiper chaque repas, surveiller la moindre variation, absorber l’inquiétude face aux complications, gérer la culpabilité d’un écart… Tout cela finit par peser lourd, très lourd. Les femmes, par ailleurs, semblent particulièrement touchées par les symptômes dépressifs.
Santé mentale : comment les personnes diabétiques vivent-elles vraiment la maladie ?
Sur le papier, beaucoup de patients assurent mener une vie “normale”. Et, dans les faits, c’est souvent vrai. Ils travaillent, conduisent, voyagent, s’adaptent. Mais cette normalité est un équilibre fragile, obtenu au prix d’une vigilance quasi permanente. Rien à voir avec de la simplicité.
Les études de la Fédération Française des Diabétiques montrent d’ailleurs que la majorité des personnes se disent globalement satisfaites de leur qualité de vie. Ce bien-être relatif tient beaucoup à trois éléments : un suivi médical solide, une bonne compréhension de la maladie et, surtout, un entourage présent, qui ne minimise ni les contraintes ni la fatigue mentale.
Mais cette apparente stabilité n’efface pas l’autre versant du vécu. Car, en parallèle, les troubles psychiques restent nettement plus fréquents chez les personnes diabétiques que dans la population générale :
La peur de l’hypoglycémie, elle, est souvent citée comme l’un des poids les plus lourds. Et pour certains, cette pression insidieuse finit par glisser vers la dépression.
Dépistage : comment savoir si on a du diabète ?
Détecter un diabète ne demande qu’une prise de sang :
- une glycémie à jeun répétée si elle dépasse 1,26 g/L,
- ou une HbA1c supérieure à 6,5 %.
Mais beaucoup passent entre les mailles du filet, notamment dans les zones sous-médicalisées. Or, dépister tôt, c’est aussi éviter la détresse liée à des complications mal anticipées. Certains médecins plaident même pour intégrer un repérage psychologique systématique, en même temps que le dépistage métabolique. Les pays nordiques l’ont déjà fait. La France réfléchit encore.
Et cette question sera au cœur du colloque du 14 novembre 2025, journée mondiale du diabète, organisé par la Fédération Française des Diabétiques à la Maison de la Chimie.
À SAVOIR
Si les types 1 et 2 sont les plus connus, d’autres formes existent :
Le diabète gestationnel, survenant pendant la grossesse.
Le diabète MODY, d’origine génétique, rare et souvent méconnu.
Le diabète LADA, une forme auto-immune lente, diagnostiquée parfois très tard.
Les diabètes secondaires, liés à certaines maladies (pancréatites, maladies endocriniennes) ou à certains traitements.


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