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Rédaction Fiches du cinéma

Publié le

13 nov. 2025 à 18h18

Mikhaël Hers poursuit son exploration délicate de la persistance du deuil et du chagrin nécessaire à le voir s’évanouir peu à peu dans ce film dense et complexe, parfois un peu bavard, mais fondu en un alliage éminemment touchant d’irréalité et de trivialité.

Le résumé

David, 24 ans, élagueur à Paris, vit aussi d’autres petits boulots. Très proche de sa sœur, Sandrine, mère célibataire qui élève seule Amanda, sa fille, il la garde parfois, mais brille par ses retards et son immaturité. Il rencontre Lena, une jeune fille venue à Paris pour donner des cours de piano, avec qui il entame une relation.

Ce qu’on en pense

Comme Ce sentiment de l’été, le précédent film de Mikhaël Hers, Amanda cherche à réconcilier un espace géographique doux (Paris y est ici croqué en un patchwork d’images au granulé à la fois étranger et familier, loin des cartes postales) et un paysage affreux et intermittent : celui du deuil, “cette région atroce où l’on n’a plus peur” comme la définissait Roland Barthes.

Stacy Martin dans Amanda, de Mikhaël Hers.
Stacy Martin dans Amanda, de Mikhaël Hers. (©Nord-Ouest Films)

Si le terrorisme (et le spectre du 13-Novembre) intervient dans la fiction, il reste cependant réduit à une sorte de déflagration, dont il faudra, pas à pas, cautériser les plaies. Amanda dissèque ensuite avec délicatesse la douleur que suscitent les traînées de vie discontinues que la mort a laissé derrière elle (une brosse à dents, un vide-poches, un pass Navigo que personne ne viendra plus prendre, tout ces objets triviaux devenant des icônes, des reliques), et tout ce que le deuil nécessite de recul, de repli, pour que puissent un jour se faire sentir les marques d’une évolution.

Hers traduit brillamment en images cet état transitoire et brumeux, aidé en cela par l’étonnante présence d’Isaure Multrier, mais surtout par Vincent Lacoste, dont le jeu, perméable au réel plus que tout, est éblouissant de puissance et de gaucherie mêlées.

Vincent Lacoste et Isaure Multrier dans Amanda, de Mikhaël Hers.
Vincent Lacoste et Isaure Multrier dans Amanda, de Mikhaël Hers. (©Nord-Ouest Films)

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Il est alors un peu dommageable de voir cette grande peinture du reflux de vie se perdre quelque peu, dans sa deuxième partie, sur des pentes mélodramatiques où la délicatesse affectée prend parfois le pas sur le tact sincère. Heureusement, la scène de fin, grandiose et flamboyante, confirme que la beauté élégiaque du film réside plus que tout dans sa douce littéralité : avoir l’air heureux, sans ressentir le besoin d’y ajouter les paroles. / Clément Deleschaud

Infos pratiques :
Amanda (2018), de Mikhaël Hers. Avec Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martin et Ophelia Kolb.

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