A la fin du printemps, l’union totale de la gauche semblait encore possible. Mais cette perspective pour le 1er tour des Municipales à Saint-Etienne a définitivement été éclipsée en septembre, n’ouvrant la possibilité qu’à une union partielle. Ce jeudi, on apprenait qu’après consultation de ses adhérents, le groupe communiste rejoignait le PS et sa tête de liste, Régis Juanico. De leur côté, les écologistes trancheront demain, tandis que Sainté Populaire donnera le résultat de ses consultations dans le week-end.

La mairie de Saint-Etienne. ©If Saint-Etienne / Xavier AlixL’Hôtel de ville de Saint-Etienne. ©If Saint-Etienne / Xavier Alix

Tous voulaient l’union. Des espoirs douchés lorsque l’on apprend à la mi-septembre qu’elle n’aura assurément et sans retour pas lieu au 1er tour des Municipales à Saint-Etienne, faute d’entente possible entre LFI et le PS. A l’époque, à l’issue, d’une ICE (instance consultative élargie) créée par le collectif Sainté Populaire, devenue association, pour discuter et tenter d’accoucher d’une union complète de la gauche entre les mouvements militants (associations, syndicats, citoyens seuls encartés ou non) qu’il fédère et EELV, LFI, le PC et le PS, les discussions avaient tourné sur la prise d’acte de cet échec.

Les Insoumis avaient alors posé une ligne rouge inamovible : pas de tête de liste PS – qui a désigné Régis Juanico, secondé par Isabelle Dumestre – dans une union à laquelle il accepterait de participer. De leur côté, les socialistes estimaient, sondage* à l’appui, que Régis Juanico était le plus à même de conduire une union. Tout en se défendant de vouloir la confisquer dans son ensemble, puisqu’enclins à renoncer à la tête de liste, à condition qu’on leur « démontre qu’un autre candidat pouvait davantage fédérer et l’emporter ». Une fois ce divorce acté, restait aux écologistes, aux communistes et à Sainté Populaire à choisir leur camp…

Une union au second tour ?

Ce jeudi 13 novembre, on apprenait via communiqué de presse que les adhérents communistes de Saint-Etienne avaient été appelés à se prononcer sur le choix de rejoindre la liste LFI ou du PS. « 75,86 % des votants ont plébiscité une union avec Saint-Etienne Demain, nous explique Valérie Atif, pour la section stéphanoise du PCF. Nous avons été à l’initiative des discussions dès novembre 2024 pour unir toutes les forces de gauche. Nous avons été très contrariés par l’impossibilité d’union entre LFI et le PS, mais nous en avons pris acte. On a continué les échanges avec les écologistes et Sainté Populaire, le but étant d’avoir une union la plus large possible ». C’est d’ailleurs pourquoi elle explique qu’ils ont choisi de ne pas créer une troisième liste de gauche à Saint-Etienne.

La mairie semble être gagnable par la gauche et trois listes ça n’était pas un bon message. Régis Juanico est quand même une locomotive qui peut faire gagner 

Valérie Atif, section stéphanoise du PCF

« La mairie semble être gagnable par la gauche et trois listes ça n’était pas un bon message. Régis Juanico est quand même une locomotive qui peut faire gagner ». Cette probabilité est-elle justement celle à l’origine de la scission LFI/PS ? « Saint-Etienne est la plus grande ville de France gagnable à gauche donc chacun a voulu y mettre son étiquette », estime Valérie Atif. Mais l’espoir d’une union n’est pas exclu pour les communistes qui espèrent qu’elle sera possible au second tour. Dès demain, ce sont les adhérents Le Temps de l’Ecologie qui devront se prononcer sur l’union partielle qu’ils souhaitent voir se réaliser.

Et maintenant ?

Nous avons contacté Julie Tokhi, cheffe de file des écologistes avec Olivier Longeon, pour connaître la position des écologistes. « Nous avons lancé la concertation de nos adhérents ce matin, et elle se terminera demain à 18 heures. Ce sont les adhérents qui sont souverains. Le PC a prôné l’union totale, tout comme nous, mais elle n’a malheureusement pas pu se faire ». Seule nuance, nous explique l’élue, il ne sera pas demandé aux adhérents quelle tête de liste ils souhaitent rejoindre, mais également avec quelles conditions.

« Nous serons moins généralistes sur les formulations avec les équilibres que nous avons négociés. Il y a une volonté pour nous d’être hyper transparents, et de donner un degré maximal de précisions. Nous avons déjà rencontré nos militants pour leur expliquer où en étaient les discussions avec chacun et répondre à leurs questions sur le sujet. On s’en remet désormais à leur décision ». Quant à savoir quel scenario les chefs de file verts préfèrerait… silence radio pour ne pas influencer les votes. Verdict demain soir.

Et Sainté Populaire ?

Quant à Sainté Populaire, nous l’avons contacté également. Une de ses porte-paroles, Fanny Vincent, nous indique la tenue d’une assemblée populaire ce jeudi soir. Trancher définitivement sur la stratégie d’union, d’association ou non à une alliance, une liste commune n’est pas son seul thème. Cependant, à son issue, ses 300 adhérents recevront un mail avec un lien web pour exprimer leurs préférences jusqu’à samedi. « Ce sera sur le mode du jugement majoritaire dont nous avons l’habitude, précise Fanny Vincent. Quatre options seront soumises à la possibilité de les considérer comme « très satisfaisant, satisfaisant, peu satisfaisant, à rejeter. » Les options en question ? Rejoindre les uns ou les autres déjà assurément en lice, potentiellement en lice, avec cette difficulté de ne pas savoir ce que vont décider les écologistes, voire s’engager sur les différentes pour s’assurer de faire passer les idées issues de ses travaux… Il n’y aura en tout cas pas de liste Sainté Populaire en soi. Une inconnue de moins à ces persistantes équations à gauche depuis le printemps mais sur le point de présenter ses résultats. Du moins pour le premier tour avant un probable retour express pour le second..

* Sondage IFOP commandé par le PS début 2025, réalisé en février auprès de 599 Stéphanois inscrits sur les listes électorales. Prenant le parti que le maire de Saint-Etienne pourrait se présenter et se présenterait, au 1er tour, il donnait encore 17 % d’intentions de vote pour Gaël Perdriau contre 22 % pour une liste de droite conduite par Dino Cinieri (l’union de partis de droite et gauche n’était pas encore connue) et 31 % pour une « liste » conduite par Régis Juanico associant PS, EELV, PC et Place Publique contre 13 % pour LFI, isolée. Une gauche totalement unie, avec LFI donc, donnerait plus de 39 % au 1er tour tout en faisant « progresser », la droite de 2 % et G. Perdriau d’1 %. Dans les deux scenarios, l’extrême droite y est créditée de 17 % des voix, beaucoup plus qu’en 2020, nettement moins qu’aux Européennes. Et dans les deux scenarios, les 4 ou 5 formations en lice seraient qualifiées…