Lorsque nous vieillissons, notre cerveau, comme tous les autres organes, se transforme : la vitesse de traitement des informations ralentit, notre mémoire flanche et la plasticité neuronale est moins efficace. Le déclin cérébral est un processus naturel et inéluctable, mais il est fortement influencé par nos habitudes de vie.

Certaines ont un effet négatif (consommation excessive de toxiques, manque de sommeil, mauvaise alimentation ou stress chronique, par exemple), mais d’autres, au contraire, ont des vertus protectrices. Si l’on peut citer la pratique régulière d’une activité physique ou la stimulation intellectuelle, c’est aussi le cas de la musique, un stimulus sensoriel et émotionnel qui active simultanément plusieurs de nos réseaux cérébraux. Une vaste étude australienne, publiée le 3 octobre dans la revue International Journal of Geriatric Psychiatry, vient d’apporter de solides données quant à ce potentiel protecteur.

Votre cerveau est un mélomane

Quand notre cerveau vieillit, certaines de ses régions s’atrophient (hippocampe et cortex associatif, notamment) et les voies cérébrales qui assurent nos fonctions cognitives deviennent moins performantes avec le temps. Une lente érosion, que la musique semble ralentir, si l’on en croit les conclusions de cette étude.

Pendant trois ans, les chercheurs ont suivi 10 893 participants, âgés de 70 ans et plus, tous sans diagnostic de démence au début de l’étude. Les personnes qui ont déclaré écouter de la musique régulièrement présentaient une probabilité 39 % plus faible de voir apparaître une démence. Ce, en comparaison avec les participants n’en écoutant jamais ou rarement. Même constat pour les atteintes cognitives plus légères : leur survenue était réduite de 17 % chez les auditeurs réguliers.

Les chercheurs ont également noté que les personnes écoutant plus fréquemment de la musique se montraient plus performantes aux tests de cognition générale et de mémoire épisodique (la capacité à se rappeler d’événements précis du quotidien).

Comment expliquer cet effet ? Pour la neuropsychiatre épidémiologiste Joanne Ryan, co autrice de l’étude, cela tient au fait que l’écoute musicale active simultanément un grand nombre de régions cérébrales. Une synergie qui renforce la plasticité cérébrale, ce qui est particulièrement bénéfique lorsque l’on vieillit.

L’équipe n’affirme pas pour autant qu’un lien causal strict est démontré, car une étude observationnelle ne permet pas d’établir si la musique protège réellement le cerveau. Des biais peuvent exister, comme par exemple le fait que les personnes jouissant d’une meilleure santé cognitive puissent avoir tendance à écouter davantage de musique. « La musique pourrait ainsi contribuer à préserver certaines fonctions cognitives avec l’âge, sans que l’on puisse affirmer qu’elle soit, à elle seule, à l’origine de cette protection », explique Emma Jaffa, autrice principale de l’étude.

La pratique régulière d’un instrument est tout aussi positive pour le cerveau, puisque les personnes concernées étaient beaucoup moins susceptibles de voir apparaître une démence, avec une baisse de 35 % par rapport aux autres participants.

Lorsque l’on cumule à la fois l’écoute et la pratique, le tableau est encore plus favorable : les diagnostics de démence diminuent de 33 %, et les autres altérations cognitives (non liées à la démence) de 22 %.

En aucun cas la preuve n’a été démontrée que la musique (écoutée ou jouée) serait une espèce de « vaccin contre la démence », mais il est certain qu’elle est un environnement hautement stimulant pour le cerveau. Très franchement, si une habitude aussi agréable peut faire du bien à nos neurones, nous aurions tort de nous en priver. C’est le moment de sortir vos playlists Spotify ou Deezer, votre lecteur CD ou vos vinyles : vous ne ralentirez pas le temps, mais vous offrirez à votre cerveau un bain musical dont il est friand !

  • Une vaste cohorte australienne montre que l’exposition régulière à la musique est associée à une moindre apparition de démence et de troubles cognitifs chez les seniors.
  • L’écoute et la pratique mobilisent simultanément de nombreux réseaux cérébraux, ce qui pourrait soutenir la plasticité neuronale et certaines fonctions de mémoire.
  • L’étude ne prouve pas un rôle causal, mais suggère que la musique fait partie des habitudes simples pouvant accompagner un vieillissement cérébral plus stable.

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