« La société n’était pas prête à découvrir ce qu’il y avait dans le fond des écoles. » Sur BFMTV, Hélène Perlant, la fille du Premier ministre François Bayrou, a détaillé vendredi 25 avril les raisons qui l’ont récemment poussée à parler des violences qu’elle a vécues lorsqu’elle fréquentait l’institution Notre-Dame de Bétharram dans les années 1980.

Après avoir gardé le silence pendant plus de 30 ans, elle a eu un déclic « il y a quatre ans ». « Ce sont des changements, une réflexion personnelle qui aboutissait, qui ont fait que cela ne me pesait plus. Je pouvais en faire quelque chose », raconte-t-elle, expliquant en avoir parlé d’abord à des proches.

La femme de 53 ans est l’une des victimes des violences commises des années 1950 à 2010 dans l’établissement. Elle témoigne des sévices subies dans l’ouvrage paru jeudi Le silence de Bétharram, co-écrit par Alain Esquerre, fondateur du collectif des victimes de Bétharram, et la journaliste Clémence Badault.

Elle dit notamment avoir été « rouée de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps » par le père Lartiguet, mort en 2000, et prise à partie par une religieuse lors d’un camp d’été dans les Pyrénées, alors qu’elle était âgée de 14 ans, comme elle l’a raconté mardi à Paris-Match.

Pas d' »élite protégée »

« Je viens rejoindre Alain (Esquerre, l’auteur NDLR) parce que c’est mon lycée et ce qu’il est en train de découvrir me stupéfait : il découvre ce que j’avais à côté de moi, sans que je ne bouge », poursuit la fille du Premier ministre sur BFMTV.

Ce qui l’a poussée à s’engager dans une telle démarche, c’est de voir « la colère des victimes qui croient que tous les notables de la classe étaient protégés, qu’ils n’ont rien subi », souligne-t-elle. « Je représente plusieurs personnes qui me disent : ‘Dis-leur qu’on y est aussi, aussi bien fracassés que violés' ».

Pour Hélène Perlant, témoigner est une manière de « faire tomber cette dimension du problème »: « Qu’au moins, (les victimes) n’aient pas la douleur supplémentaire de se dire qu’il y avait une espèce d’élite protégée ».

Elle n’aurait jamais parlé à son père de cet épisode. Selon elle, François Bayrou n’était d’ailleurs pas au courant d’autres rumeurs ou informations que l’affaire de viol impliquant un religieux de Bétharram, le père Carricart, en 1998.

« On peut continuer à enquêter des années, (…) C’est vertigineux, c’est la plus grande affaire de pédocriminalité jamais révélée en France », assure de son côté Clémence Badault, co-auteure de l’ouvrage.

Au total, quelque 200 plaintes ont d’ores et déjà été déposées par d’anciens élèves de l’établissement, dont seules deux ne tombent pas sous le coup de la prescription. Selon Alain Esquerre, qui évoque « au moins une cinquantaine de témoignages en plus », 90 plaintes portent sur des faits à caractère sexuel.

Le Premier ministre doit être entendu sous serment, le 14 mai, par la commission d’enquête parlementaire née du scandale.

Article original publié sur BFMTV.com