La semaine dernière, Sanae Takaichi avait déclaré devant le Parlement japonais que des attaques armées de la Chine contre Taïwan pourraient justifier l’envoi de troupes japonaises pour défendre l’île.

La Chine a indiqué vendredi avoir convoqué l’ambassadeur du Japon après des déclarations de la première ministre japonaise Sanae Takaichi laissant entrevoir une potentielle intervention militaire nippone pour défendre Taïwan, île revendiquée par Pékin. Ces propos ont causé de nouvelles tensions bilatérales ces derniers jours. Les deux pays entretiennent de longue date des liens tumultueux, notamment en raison des atrocités commises par l’armée japonaise durant l’occupation partielle de la Chine (1931-1945).

Connue pour être une fervente critique de Pékin, Sanae Takaichi a déclaré le 7 novembre devant le Parlement que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l’envoi de troupes japonaises pour défendre l’île, au titre de la «légitime défense collective» prévue par une loi japonaise adoptée en 2015. Si une situation d’urgence à Taïwan implique «le déploiement de navires de guerre et le recours à la force, cela pourrait constituer une menace pour la survie du Japon, quelle que soit la manière dont on envisage les choses», avait affirmé la très conservatrice première ministre japonaise, arrivée au pouvoir le 21 octobre.


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Elle n’avait pas cité nommément la Chine. Mais cette dernière considère Taïwan comme l’une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à unifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Pékin n’exclut pas le recours à la force pour en prendre le contrôle et a accentué sa pression militaire sur l’île.

«Déclarations extrêmement graves»

«Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Sun Weidong, a convoqué jeudi l’ambassadeur du Japon en Chine, Kenji Kanasugi, afin de protester fermement contre les propos et les agissements erronés de la Première ministre japonaise», a indiqué vendredi dans un communiqué le ministère chinois des Affaires étrangères.

«La nature et l’impact de ces déclarations sont extrêmement graves», a souligné Sun Weidong auprès de son interlocuteur, fustigeant des propos «ouvertement provocateurs» que Sanae Takaichi a «refusé de retirer» malgré les protestations chinoises, rapporte son ministère.

La première ministre japonaise avait indiqué lundi au Parlement qu’elle n’avait aucune intention de revenir sur ses propos et a insisté sur le fait qu’ils étaient, selon elle, conformes à la position antérieure de Tokyo. Elle a toutefois ajouté qu’elle s’abstiendrait désormais de faire explicitement référence à des scénarios précis.

«Couper cette sale tête sans la moindre hésitation»

En réponse aux déclarations de Sanae Takaichi, le consul général de Chine à Osaka, Xue Jian, avait menacé samedi sur la plateforme X de «couper cette sale tête sans la moindre hésitation», sans préciser qui il visait exactement. Dans ce message désormais supprimé, il n’avait pas mentionné nommément la première ministre japonaise, mais avait réagi à un article de presse rapportant ses propos. La publication du diplomate chinois était «extrêmement inappropriée», avait ensuite estimé Minoru Kihara, porte-parole du gouvernement japonais.


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La question de Taïwan est hautement sensible pour Pékin, pour qui elle touche à sa souveraineté. Elle l’est d’autant plus dans la relation avec Tokyo que le Japon avait pris le contrôle de l’île en 1895 au détriment de l’Empire chinois, avant de la rétrocéder en 1945 au gouvernement chinois de l’époque.

«Aujourd’hui, 80 ans plus tard, quiconque osera entraver la grande cause de l’unification de la Chine, sous quelque forme que ce soit, se heurtera à une riposte cinglante de la part de la Chine!», a indiqué le vice-ministre chinois des Affaires étrangères à l’ambassadeur japonais, selon Pékin.